La ''cité perdue des apôtres de Jésus'' aurait été découverte

Les archéologues auraient-ils découvert le foyer de Pierre et André, deux disciples bibliques ?

De Kristin Romey
Ruines de Massada
Hérode le Grand doit une grande partie de la prospérité de son règne à ses relations conciliantes avec les Romains. 70 ans après sa mort, les rebelles de Judée défient ouvertement l'empire romain. Après s'être emparé de Jérusalem en l'an 70, l'armée romaine assiège Massada, l'incroyable forteresse de la mer Morte (illustrée ci-dessus) où près d'un millier de rebelles se sont réfugiés. Environ 15 000 soldats prennent d'assaut la citadelle pendant près de deux ans avant de franchir l'obstacle. Les rebelles, baptisés les « fanatiques », auraient préféré se suicider plutôt que d'être capturés.
PHOTOGRAPHIE DE James L. Stanfield

Selon un article publié dans un journal israélien, la « cité perdue des apôtres de Jésus » aurait été découverte. Bien que cette découverte ne soit en réalité pas aussi sensationnelle que souhaiteraient le faire croire les gros titres, les nouvelles informations alimentent l'éternel débat au sujet de l'emplacement de l'une des villes les plus importantes du Nouveau Testament. Voici ce que nous savons jusqu'à présent :

 

UNE MAISON EN LIEN AVEC LES APÔTRES DE JÉSUS A-T-ELLE RÉELLEMENT ÉTÉ DÉCOUVERTE ?

« Non », affirme un géographe historien qui a travaillé sur les excavations du site d'el-Araj situé sur la rive nord de la mer de Galilée dans le delta du Jourdain.

« Nous n'avons pas écrit ces unes », explique dans un e-mail à National Geographic Steven Notley, professeur émérite spécialisé dans l'étude du Nouveau Testament et des origines chrétiennes à l'université de Nyack, aux États-Unis, et responsable académique des fouilles du site el-Araj.

Les chercheurs qui mènent des fouilles sur ce site depuis 2016 pensent plutôt qu'ils se sont centrés sur la cité de Bethsaïde, décrite dans le Nouveau Testament comme le village des apôtres Pierre, son frère André et Philippe.

Selon les Évangiles, Bethsaïde était le foyer des premiers apôtres ainsi que le lieu où Jésus aurait guéri un homme aveugle.

Alors que l'emplacement de Capharnaüm, un autre village de pêcheurs de l'ancienne province de Galilée qui revient fréquemment dans les Évangiles, a été identifié au début du 20e siècle, l'endroit exact de Bethsaïde reste contesté.

 

EN QUOI CETTE DÉCOUVERTE EST-ELLE SI IMPORTANTE ?

Selon les archéologues, des bains publics de l'époque romaine (entre le 1er et le 3e siècle après J.-C.) auraient été découverts sur le site d'el-Araj, soit la preuve potentielle d'une importante zone de peuplement urbain, vraisemblablement l'ancienne cité de Bethsaïde.

Dans des écrits de la fin du 1er siècle, l'historien juif Josèphe décrit l'évolution du petit village de pêcheurs de Bethsaïde en ville gréco-romaine, ou polis, sous le règne de Philippe le Tétrarque en l'an 30. Philippe, fils d'Hérode le Grand, a donné à la ville le nom de Julias en hommage à la mère de l'empereur romain Tibère et y a été inhumé à sa mort.

« Ces bains publics témoignent de l'existence de la culture urbaine », a déclaré au journal israélien Haaretz le responsable des fouilles du site el-Araj Mordechai Aviam, de l'Institut Kinneret dédié à l'archéologie galiléenne.

N'Y A-T-IL PAS DÉJÀ UN SITE DU NOM DE BETHSAÏDE DANS LA RÉGION ?

Si, en effet. Depuis 1839, le site voisin d'et-Tell a été identifié comme l'emplacement potentiel de l'ancienne cité de Bethsaïde/Julias. Depuis 1987, dans le cadre du projet de fouilles de Bethsaïde, des excavations ont été menées à et-Tell. D'importantes fortifications de l'âge du fer (9e siècle av. J.-C.), plusieurs maisons de la civilisation hellénistique (2e siècle av. J.-C.) et de l'époque romaine abritant du matériel de pêche (dont des ancres de fer et des hameçons), ainsi que les vestiges d'un potentiel temple romain y ont été découverts.

Toutefois, de nombreux archéologues remettent en cause l'identification d'et-Tell à la ville de Bethsaïde dans le Nouveau Testament. Selon eux, le site se trouve trop loin (près de 2,5 kilomètres) de la côte pour avoir été un village de pêcheurs. D'autres archéologues avancent que les vestiges romains qui y ont été découverts au cours de 30 ans de fouilles sont bien trop insignifiants pour avoir appartenu à une grande ville rayonnante à l'époque romaine.

« Si les vestiges de l'âge du fer de Bethsaïde sont monumentaux et incroyables, ceux de l'époque romaine sont très modestes, ce qui nous amène à dire que ce site ne s'apparente pas à un centre urbain », explique Jodi Magness, archéologue et bénéficiaire d'une bourse National Geographic.

Selon Rami Arav, responsable du projet de fouilles de Bethsaïde sur le site d'et-Tell, les preuves permettant d'associer el-Araj à la cité antique sont insuffisantes. Dans un e-mail à National Geographic, il écrit qu'aucun indice ne semble pour l'heure indiquer l'existence d'un ancien village juif de pêcheurs.

 

COMMENT EXPLIQUER QUE LE "FOYER DES APÔTRES" FASSE LES GROS TITRES DES JOURNAUX ?

Au-delà des vestiges de bains publics de la période romaine (un carrelage en mosaïque, des tuiles et des conduits) découverts sur le site d'el-Araj, les archéologues ont également mis au jour des ruines de murs datant du 5siècle ainsi que sur des mosaïques en verre doré. Autant d'éléments qui suggèrent l'existence d'une importante église au cours de la période byzantine tardive. D'après Steven Notley, des mosaïques de ce type n'ont leur place qu'au sein d'« églises richement décorées et importantes ».

Selon lui, il pourrait s'agir de l'église décrite par Willibald, évêque bavarois d'Eichstätt, dans l'un de ses récits au 8e siècle. Ce dernier a voyagé dans la région vers l'an 725 et a raconté qu'une église avait été construite à Bethsaïde sur les vestiges de la maison de l'apôtre Pierre et de son frère André.

Les excavateurs d'el-Araj se demandent s'ils n'ont pas connu une situation similaire sur le site voisin de Capharnaüm, où une église byzantine a été bâtie sur un site traditionnellement associé à l'apôtre Pierre. En 1968, des archéologues ont mis la main sur les traces d'une maison de l'époque romaine sous l'église byzantine ; cette maison était dès la fin du 1er siècle un lieu de culte.

Steven Notley se veut prudent et souligne que seule une petite portion d'el-Araj a été fouillée jusqu'ici. Les prochaines campagnes de fouilles permettront d'en savoir davantage sur l'histoire du site et sur son éventuelle identification avec l'ancienne cité de Bethsaïde, foyer biblique des apôtres.

L'équipe a néanmoins conclu la campagne de fouilles de cette année sur une note optimiste.

« Le récit de Willibard nous apprend que le souvenir du site de Bethsaïde vit encore à l'époque byzantine et est identifié à la tradition évangélique », déclare Steven Notley. « Seul le temps nous dira si 1. notre site abrite l'église byzantine et 2. si elle est située au bon endroit par rapport au site de la cité perdue du 1er siècle. »

« Pour l'instant, je pense que nous avons de très très grandes chances d'obtenir une réponse positive à ces deux hypothèses. »

 

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