Des scientifiques auraient repéré des tunnels de lave souterrains sur la Lune

Un réseau souterrain de tunnels de lave vides se cache sous la surface de la Lune.

De Nadia Drake
N/A
Cette tache sombre pourrait être une ouverture vers un tunnel de lave souterrain sur la Lune.
PHOTOGRAPHIE DE NASA, Gsfc, Université d'Etat d'Arizona

THE WOODLANDS, Texas – Un réseau souterrain de tunnels de lave vides se cache sous la surface de la Lune, vestige d’un âge révolu où l’activité volcanique de notre satellite le faisait cracher des jets de flammes dans l’espace.

Du moins, c’est ce que les scientifiques pensent.

Des années durant, des équipes ont cherché ces tunnels sous-lunaires inaccessibles, et pourtant suffisamment grands et résistants pour abriter des villes entières. Finalement, ces tunnels de lave pourraient s’avérer être un emplacement idéal pour établir une base lunaire, avec leurs épais plafonds pour protéger l’Homme des radiations dangereuses et de l’impact de petites météorites. Mais jusqu’à présent, l’existence des tunnels n’a pu être établie que par l’observation de quelques caractéristiques visibles en surface, telles que des lucarnes et des rilles – sortes de dépressions à la chaîne qui se forment lorsque les tunnels s’effondrent.

En mars, les scientifiques ont annoncé que les marqueurs d’au moins dix tunnels de lave souterrains pourraient figurer sur la carte gravitationnelle de la Lune.

Il s’agit de « la preuve la plus solide venant corroborer cette hypothèse sur la présence de tunnels de lave vides sous la surface de la Lune », déclare Rohan Sood de l’Université Purdue (Indiana, Etats-Unis), chargé de présenter les observations des chercheurs lors de la conférence scientifique du Lunar and Planetary Institute.

Sood et ses collègues ont débuté leurs recherches dans la région de Marius Hills, où ils soupçonnaient une lucarne lunaire de s’être ouverte au niveau d’un des tunnels souterrains. Cette ouverture, découverte en 2009 par l’engin spatial japonais Kaguya, alors en orbite autour de la Lune, mesure environ 65 mètres de large pour 80 mètres de profondeur. À ses côtés, les chercheurs ont constaté la présence de deux rilles auxquelles ils ont donné deux noms originaux : A et B. En d’autres termes, il s’agit là de plusieurs signes attestant d’un écoulement de lave sous Marius Hills.

« On observe une lucarne le long de cette rille, mais n’avons pas encore la preuve que cela constitue bien un accès à un tunnel de lave », explique Sood. « Les données gravitationnelles pourraient-elles nous fournir plus d’indications ? »

La réponse est oui, très probablement.

Images du puits de Marius Hills observé sous diverses conditions de lumière solaire par la caméra terrain et l’imageur multi-bande SELENE/Kaguya (JAXA/SELENE).
PHOTOGRAPHIE DE (JAXA/SELENE).

Sood et son équipe ont procédé aux recherches à l’aide des sondes jumelles GRAIL de la NASA, qui volent en tandem au-dessus de la surface lunaire, mesurant et cartographiant son champ gravitationnel (en 2012, on a fait s’écraser volontairement les engins sur un site aujourd’hui nommé en hommage à l’astronaute Sally Ride). Le champ gravitationnel de la Lune est affecté par les masses présentes sous sa surface, à l’instar de la Terre. Pour faire simple, de gros morceaux de masse augmenteront la gravité mais survoler un tunnel de lave induira une baisse de cette gravité.

L’équipe a ainsi repéré un marqueur gravitationnel qui pourrait indiquer la présence d’un tunnel de lave près de la lucarne et s’est demandé s’il serait possible de détecter des marqueurs similaires à d’autres endroits ne présentant pas nécessairement de traces de rilles ou de lucarnes. Résultats des comptes : les données GRAIL présentent au moins dix anomalies témoins pouvant indiquer la présence de tunnels zigzagant sous la surface de la Lune. Tous sur la face lunaire la plus proche de nous, ils sont situés près de taches noires laissées par d’anciennes mers volcaniques et certains font plus de 100 kilomètres de long et plusieurs de large – des dimensions suffisantes pour supporter une petite ville.

Bien sûr, nous n’avons pas la certitude que les tunnels sont bel et bien là. Les données GRAIL fournissent un maximum d’indicateurs mais pour le prouver définitivement, il faudrait envoyer en orbite autour de la Lune une sonde dotée d’un radar de pénétration de sol pour étudier attentivement les profondeurs de notre satellite naturel. Or Sood et son équipe ont justement proposé d’utiliser un tel engin spatial, appelé LAROSS.

« Le radar en question pourra non seulement permettre de vérifier nos découvertes, mais il nous donnera aussi l’opportunité de détecter de plus petits tunnels de lave, impossibles à cartographier avec les données gravitationnelles GRAIL », déclare Sood.

Peut-être qu’un jour, après avoir cherché de la lave aux bons endroits, les voyageurs de l’espace que nous sommes non seulement résoudront les mystères du plus proche compagnon céleste de la Terre mais sauront aussi comment s’en servir de bouclier géant face aux dangers de l’espace.

Citation complète : Détection de tunnels de lave lunaires souterrains vides à partir de données gravitationnelles GRAIL. R. Sood, L. Chappaz, H. J. Melosh, K. C. Howell, et C. Milbury. Résumé LPSC ici.

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