Reportage : Jeux d'enfants dans les immeubles insalubres de Manille

Un photographe saisit la vitalité des habitants d'un immeuble insalubre de la capitale des Philippines.

De Jeremy Berlin
Publication 9 nov. 2017, 02:23 CET
PHOTOGRAPHIE DE Mariusz Janiszewski

La peinture s’écaille. Les sols sont crasseux. Les filets de basket effilochés. Personne ne semble s’en soucier. Les enfants rient et jouent. Les hommes font la sieste. Des coqs se pavanent dans l’entrée. Dans cet immeuble du district de Tondo, à Manille, l’une des villes les plus densément peuplées du monde, la vie dévoile ses richesses à tous les étages.

C’est ce qu’a découvert le photographe polonais Mariusz Janiszewski, lorsqu’il a visité l’an dernier l’ensemble de logements sociaux de la section Barangay 128. Construit dans les années 1990, près de Smokey Mountain, une décharge naguère célèbre dans le monde entier avec ses plus de 2 millions de tonnes d’ordures, il accueille encore nombre d’anciens travailleurs du dépotoir géant.

Mariusz Janiszewski avait déjà photographié les Philippines, mais toujours dans un style « typiquement documentaire », dit-il. Cette fois-ci, il voulait « montrer à quoi ressemble la vie de tous les jours dans un endroit surpeuplé tel que Manille, et comment elle se tient aussi dans des espaces semi-ouverts et des cages d’escalier ». Pour cela, il a choisi « de ne pas prendre de photos selon des angles multiples », mais de « rester à un endroit et d’attendre la surprise et l’imprévisible ».

Chaque étage «ressemblait à un décor de théâtre conçu à l’identique », mais qui révélait un environnement particulier : femmes en train de cuisiner, hommes qui pariaient, enfants jouant aux cartes. Janiszewski y retournait tous les week-ends pour capturer des scènes de la communauté formée par les familles, les amis et le voisinage.

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    Ce sens de la communauté est essentiel dans un endroit tel que Tondo, souligne Mary Racelis, socioanthropologue à l’université Ateneo de Manille. De nombreux résidents sont des habitants informels, naguère appelés « squatteurs » et considérés comme des citoyens de seconde zone. On leur refusait souvent l’accès au travail, au logement et aux services de base. « Avec le temps, précise Mary Racelis, ces gens ont fini par constituer des réseaux qui leur ont permis de survivre. » Avec l’aide d’ONG et de groupes politiques de gauche, ils ont pu s’organiser, hausser le ton et exiger de meilleures conditions de vie.

    Ici comme partout ailleurs, le plus important est « la localisation, la localisation, la localisation, ajoute l’anthropologue. C’est en ville qu’il y a du travail. Ceux qui ont été relogés dans des endroits éloignés se sont rendu compte qu’ils ne pouvaient pas y subsister. » Beaucoup de monde travaille pour le secteur informel (y compris dans les cartels de la drogue). Pour les autres emplois, il est crucial de terminer le lycée ou l’université. Ce que ses images dégagent d’essentiel, estime Janiszewski, est que, « malgré les obstacles, ces gens peuvent profiter de la vie et sont souvent en train de sourire. J’ai toujours admiré cela. »

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