Brooklyn, le nouveau New York ?

Pendant une semaine, nos reporters ont arpenté la Big Apple. Première étape : Brooklyn, le quartier le plus branché de New York.

De Camille Griffoulières
Installée sur une friche industrielle, la North Brooklyn Farm cumule les fonctions : marché fermier, potager, ...
Installée sur une friche industrielle, la North Brooklyn Farm cumule les fonctions : marché fermier, potager, spot de pique-nique, de yoga en plein air et de concerts hype...
PHOTOGRAPHIE DE Athena Iluz

Pour trouver le nouveau New York, pas d’hésitation : direction Brooklyn, « The » quartier tendance, patrie des hipsters. D’après les magazines, le borough est un laboratoire de la hype internationale, peuplé de filles à chemises à carreaux et d’hommes, à la barbe taillée en rectangle, qui se déplacent en vélo fixies hors de prix. Nous décidons d’aller vérifier sur place la véracité du cliché. Et nous ne sommes pas déçues !

Dans les rues, les murs sont recouverts de graffitis (pardon : du « street art »). Les boutiques, restaurants et bars où l’on boit de la bière locale et des jus détox sont peuplés de jeunes au look cool très étudié. L’accessoire en vogue ? Le chien au bout d’une laisse. Labrador, bouledogue ou bâtard, peu importe. Un vrai défilé de mode, ponctué par l’apparition détonante de juifs orthodoxes, costumes, chapeaux noirs et papillotes, nombreux à Brooklyn.

Sous le pont de Williamsburg, qui relie le borough à Manhattan, nous découvrons l’épicerie Marlow & Daughter (95 Broadway). Visiblement très prisée, pleine à craquer. À l’extérieur, quelques fruits et légumes de saison devant une devanture rétro. À l’intérieur, deux vitrines à l’ancienne, minuscules, les étiquettes écrites à la main. Du fromage, de la viande et quelques plats préparés. On se croirait dans une épicerie française des années 1970 ! C’est justement l’objectif : un retour aux racines estampillées bio, locales, saisonnières et produites avec amour. Mais pas de vieille dame en tablier derrière la caisse, plutôt des jeunes Brooklyniens beaux, décontractés, tout sourire. « La viande a le goût d’antan. Les animaux sont nourris à l’herbe de pâturage, sans antibiotique ni hormone de croissance, heureux et en bonne santé toute leur vie, assure sans rire l’épicière. Quant aux fruits et légumes, nous nous fournissons dans une ferme de Brooklyn. » La note est salée : 40 dollars pour quatre petits plats. Le vintage se paye. En sortant, nous sommes encore en train de penser à ce que nous a dit l’épicière. Une ferme en plein milieu de New York ? Nous nous regardons sans trop y croire.

À Brooklyn, les épicerie de quartier — et les restaurants branchés —, s'approvisionnent dans les fermes urbaines. Au programme : look vintage... et note salées.
PHOTOGRAPHIE DE Marley White, NYC & Company

Mais, une demi-heure plus tard, nous déambulons entre les pieds de tomates et les tournesols, avec une vue imprenable sur la skyline de Manhattan. La Brooklyn Grange Farm (63 Flushing Avenue) déploie ses 65 000 m2 de cultures sur le toit d’un bâtiment abandonné de onze étages, ancienne base de l’US Navy. Et ce n’est pas la seule ferme urbaine du coin : ces dernières années, elles ont envahi les toits et terrains en friche de l’arrondissement, donnant une nouvelle vie à son passé industriel. À quelques blocs de là, la North Brooklyn Farm (320 Kent Avenue), spot de pique-nique et de yoga en plein air, ouverte à tous en journée et tenue par des bénévoles, s’est installée dans la raffinerie de sucre Domino Sugar, abandonnée depuis 150 ans, et une ferme hydroponique vient juste d’ouvrir dans l’usine désaffectée de Pfizer. On y élève des poissons dans de l’eau où pousse du basilic. Un marché local doit bientôt être inauguré au premier étage.

« Nous avons transformé un rêve de militants écolos en réalité économique », explique Anastasia Cole Plakias, cofondatrice de la Brooklyn Grange Farm, qui compte douze employés à plein temps et trente saisonniers. L’endroit organise même des visites guidées... payantes. Nous y apprenons que le toit a été renforcé de béton armé pour supporter le poids des cultures, qu’une membrane étanche fait barrière aux racines, et que le drainage est assuré par un compost de champignons et de nutriments organiques. « Nous faisons pousser plus de quarante variétés de légumes, dont du chou kale, de la chicorée, des aubergines… sans fertilisant, insecticide ou herbicide chimique. Au total, 23 t de fruits et légumes par an, que nous distribuons directement aux consommateurs et à quarante-et-un restos new-yorkais », résume Anastasia.

Redescendues sur la terre ferme, nous découvrons des boutiques de vêtements vegan, où le cuir a été remplacé par des textiles végétaux, des cosmétiques vegan aussi, qui, outre l’interdiction des tests sur les animaux, garantissent des compositions 100 % végétales.

Nous finissons la journée dans la peau de Brooklyniennes pur jus. Chez Olmsted, une adresse « Farm to Table », très en vue. Le restaurant se fournit en direct auprès de producteurs locaux. Son jardin fait office de salle d’apéro : entre les semis, nos talons vernis plantés dans la terre, nous sirotons un cocktail sophistiqué servi à la bougie. Oui, très sophistiqué, comme Brooklyn, le borough garanti 100 % trendy.

 

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    Dans National Geographic Traveler n° 8, paru le 11 octobre 2017, notre reportage complet sur le nouveau New York, une immersion dans les cinq boroughs de la ville – Brooklyn, Queens, le Bronx, Staten Island et Manhattan.

     

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