La folle aventure de Cole Brauer, qui a fait le tour du monde à la voile... seule et sans assistance

L’an dernier, Cole Brauer a fait le tour du monde en 130 jours. Elle cherche à attirer plus de femmes et de jeunes vers un sport parfois considéré comme ennuyeux.

De Eva Holland
Publication 18 mai 2025, 17:07 CEST
Cole Brauer photographiée par Robin Hammon sur le bateau de course First Light (Première lueur) à ...

Cole Brauer photographiée par Robin Hammon sur le bateau de course First Light (Première lueur) à A Coruña, en Espagne.

Cet article fait partie de la série de portraits National Geographic 33.

Ni Cole Brauer ni ses parents n’ont grandi sur un yacht. Eux s’adonnaient au triathlon, et elle était fan de foot, d’athlétisme et faisait partie des pom-pom girls. Ce n’est qu’à dix-neuf ans, alors qu’elle était loin de ses parents, n’habitait pas sur le campus de son université mais dans un immeuble d’Honolulu et rencontrait des difficultés à se faire des amis, qu’elle a eu cette idée. Son appartement n’était pas loin de l’océan, elle pouvait l’apercevoir depuis sa fenêtre. En observant les voiliers et leurs allées et venues, elle s’est dit qu’il devait y avoir un club qu’elle pourrait rejoindre. « J’ai simplement cherché sur Google “voile, Hawaï” et l’un des résultats renvoyait vers l’équipe de voile de l’université de Hawaï », se rappelle-t-elle.

Grâce à une combinaison d’athlétisme, d’instinct et de bonne volonté, Cole a trouvé sa place au sein de l’équipe de l’université, qui avait un niveau compétitif. Elle était capitaine dès sa troisième année. « J’y allais tout simplement tout le temps, dit Cole à maintenant trente ans, j’ai un peu cette mentalité de foncer dans le tas aussi fort que possible […] je faisais autant de voile que possible, je donnais tout. » Dix ans plus tard, après s’être démenée pour pouvoir poursuivre une carrière dans la voile après l’université, elle est devenue la première femme américaine à faire le tour du monde seule en voile, sans faire de pause et sans assistance.

« Elle est vraiment talentueuse, ce n’est pas donné à tout le monde de faire ce qu’elle a fait », commente Hannah Stowe, voileuse professionnelle et autrice du roman autobiographique à succès Move Like Water, qui n’a pas été traduit en français. Les ressources physiques, mentales et logistiques que demandent l’océan profond peuvent être difficiles à imaginer pour ceux qui ne s’y sont jamais aventurés. « [Au large, les vagues] sont de véritables montagnes d’eau et elles foncent sur vous à toute berzingue, sans moyen de leur échapper », témoigne Hannah Stowe. « C’est une gestion constante qu’il faut appliquer, de soi-même et de son bateau. »

Cole Brauer photographiée par Robin Hammond sur le bateau de course First Light à A Coruña, ...

Cole Brauer photographiée par Robin Hammond sur le bateau de course First Light à A Coruña, en Espagne.

En 2024, Cole a fait le tour du monde en voile dans le cadre d’une compétition annuelle qui fait passer ses participants par les trois grands caps du monde nautique : le cap Horn en Amérique du Sud, le cap de Bonne-Espérance en Afrique et le cap Leeuwin en Australie. Le 29 octobre 2023, elle était au départ de la course sur la côte nord-ouest de l’Espagne, à bord de son voilier de 12 mètres, le First Light, et est revenue juste après le lever du jour au bout de 130 jours passés en mer, le 7 mars 2024. Cette performance lui a offert la deuxième place de la course. Sur seize navigateurs et navigatrices, seuls sept sont allés jusqu’au bout. Cole a également établi un nouveau record de vitesse pour un navire de sa classe. « Je n’ai pas vu un seul autre participant de toute la course », confie-t-elle. « Le terrain de jeu est si vaste. Ce n’est pas comme s’ils étaient juste à côté à faire coucou. » En plus de la solitude, elle a dû faire face à des blessures. La voileuse a eu des côtes cassées après avoir été balancée à l’autre bout de son bateau. « On se panse et on repart », a-t-elle dit. En mer, la vie était souvent humide, froide et monotone. Cole avait accès à Internet via liaison satellite : « J’ai fini Netflix » rit-elle.

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    Ces jours-ci, Cole ne fait pas de courses, elle travaille avec des groupes comme Rocking the Boat, une organisation new-yorkaise basée dans le Bronx qui fait découvrir la voile aux jeunes et les aide à aller au bout du lycée. Elle encourage également plus de femmes à se lancer dans ce sport. Lorsqu’elle s’est rendue en Espagne, Cole comptait 10 000 abonnés sur Instagram et 85 % d’entre eux étaient des hommes. Ce n’est pas choquant pour un milieu dominé par les hommes. À la fin de sa course, elle avait atteint les 500 000 abonnés et la démographie avait été chamboulée. Plus de la moitié des personnes qui suivaient ses aventures étaient des femmes. Inspirer les autres compte beaucoup pour Cole Brauer, qui cherche à prouver que la voile est accessible aux femmes et à tous ceux qui n’ont pas forcément grandi sur des bateaux.

    Cet article a initialement paru dans le magazine National Geographic d'avril 2025. S'abonner au magazine.

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