Taïwan interdit la consommation de chien : une première en Asie

Abattre, vendre et consommer du chien (et chat) est désormais illégal à Taïwan. La Corée du Sud et la Chine sont-elles prêtes à suivre l’exemple ?

De Natasha Daly
Publication 9 nov. 2017, 01:59 CET
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Ces chiens sont à vendre dans le cadre du festival annuel de viande de chien de Yulin, en Chine. Bien que la consommation de chien soit désormais interdite à Taïwan, elle reste légale dans le reste de la Chine.
PHOTOGRAPHIE DE Andy Wong, Ap

Taïwan, dans une décision audacieuse qui marque un tournant historique en matière de protection animalière, vient d’interdire la consommation de viande de chien et de chat, première pour un pays asiatique.

Toute personne qui achèterait ou mangerait ladite viande se verrait condamnée à une amende pouvant s’élever jusqu’à 8 200 $ (7 718 €). Bien que Taïwan ait déjà statué le massacre et la vente de la viande de chien et de chat comme illégaux en 1998, les activités commerciales d’un marché clandestin s’étaient maintenues. Aujourd’hui, Taïwan impose une double-peine : quiconque fera preuve de cruauté envers un chat ou un chien pourra être passible d’une amende maximale de 65 000 $ (61 181 €) et purger une peine d’emprisonnement de deux ans. Cette peine jusqu’ici n’était que d’un an.

Ces dernières années, la consommation de viande de chien dans les pays d’Asie orientale a suscité de fortes réactions de la part du public et des défenseurs de la cause animale du monde entier, notamment avec le tristement célèbre festival chinois de viande de chien de Yulin, point d’ignition de la lutte. Le festival, qui a lieu au mois de juin chaque année à Yulin, dans le sud de la Chine, consiste en un massacre de 10 000 chiens sur une période de dix jours. Des millions de personnes ont signé des pétitions appelant à la fin de cet événement annuel.

L’initiative de Taïwan marque une étape importante en matière de lutte contre le massacre des chiens et des chats pour la consommation, une tradition ancestrale d’Asie orientale qui est encore légale en Chine, en Corée du Sud, ainsi qu’aux Philippines. Adam Parascandola, directeur de la protection animale et du traitement des crises pour la Humane Society International (HSI), estime que la décision de Taïwan est la preuve qu’une pratique culturelle établie de longue date ne doit pas nécessairement faire obstacle à la fin d’une habitude alimentaire cruelle et archaïque.

Alors que la grande attention suscitée autour de la viande de chien semblerait indiquer une pratique culturelle répandue et profondément enracinée – la Humane Society International estime que 30 millions de chiens sont tués chaque année en Asie – en réalité, la plupart des Chinois ne mangent pas de viande de chien. Selon une étude conduite par Animal Asia en 2015, moins d’un quart de la population chinoise issue des grandes métropoles telles que Pékin et Shanghai aurait consommé de la viande de chien au cours des deux dernières années.  

La Corée du Sud fait preuve de la même volonté envers l’abandon de la consommation de chien, en particulier chez les jeunes. Toutefois, l’Animal Welfare Institute, une association de protection animalière à but non lucratif basée à Washington, rapporte que deux millions de chiens sont tués dans le pays chaque année. Alors que les Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang  approchent, la Corée fait face à une pression grandissante visant à réprimer l’industrie. En décembre 2016, les autorités ont appelé à la fin progressive des pratiques d’abattage au marché de Moran à Séoul – le plus grand du pays – qui vend près de 80 000 chiens par an. Les marchands, jusqu’ici, s’y sont opposés et sont les cibles des militants et des autorités qui souhaitent la fin de leur activité.

Parascandola estime que la décision de Taïwan exerce une pression supplémentaire sur la Chine et la Corée du Sud : « Les militants basés en Chine continentale diront que si Taïwan peut le faire, alors le reste de la Chine n’a aucune raison de ne pas le faire. »

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