Découverte insolite de minuscules « gobelins des forêts » aux faux airs de Yoda

Selon les experts, ces deux nouvelles espèces vivent sur l'île de Sulawesi, où les forêts sont en train de disparaître à vitesse grand V.

De Carrie Arnold
Publication 9 nov. 2017, 01:59 CET
tarsier
PHOTOGRAPHIE DE Myron Shekelle

Au fur et à mesure que la lune se lève sur l'île de Sulawesi en Indonésie, des primates aux yeux en forme de soucoupe et aux faux airs de Yoda pointent leur nez à la recherche de nourriture. Dans un duo cacophonique, les mâles chantent pour les femelles et vice-versa, tissant ainsi des liens forts et marquant leur territoire.

Selon une étude publiée le 4 mai, journée dédiée à Star Wars, ces mélodies ont permis aux chercheurs d'identifier deux nouvelles espèces parmi ces minuscules habitants des arbres répondant au nom de tarsiers.

Les créatures récemment désignées sous le nom de Tarsius spectrumgurskyae et T. supriatnai portent à 11 le nombre total d'espèces de tarsiers.

Découverts dans les forêts du nord-est de l'île, les animaux doivent leur nom à la biologiste spécialiste de la conservation Jatna Supriatna ainsi qu'à l'experte en tarsiers Sharon Gursky, primatologue à l'Université A&M du Texas.

« S’ils se ressemblent presque comme deux gouttes d’eau, leurs cris sont très différents », explique le directeur d'étude Myron Shekelle, primatologue à l'Université Western Washington et dont l'équipe a confirmé la découverte au moyen d'une analyse ADN réalisée sur 10 échantillons, collectés par ses soins et ceux d'autres primatologues.

 

Ils attirent tous les regards

L'ancêtre des tarsiers était une espèce diurne (qui vit le jour) qui s'est distinguée des autres singes et anthropoïdes à l'époque de la disparition des dinosaures, il y a environ 64,2 à 58,4 millions d'années. Autrefois aperçue en Asie et en Afrique du Nord, environ 18 espèces de tarsier connues sont de nos jours dispersées dans les îles de l'Asie du sud-est.

Les tarsiers ont des caractéristiques physiques pour le moins peu communes. Leur ancêtre diurne avait perdu son « tapis clair », une couche réfléchissante cellulaire située au fond de l’œil qui permet d'amplifier la lumière. Afin de compenser, les tarsiers ont développé d'énormes yeux (chaque œil fait la taille de leur cerveau) grâce auxquels les créatures voient la nuit. Avec ses mirettes trop grandes pour tourner dans leurs orbites, le tarsier n'a d'autre choix que de pivoter complètement sa tête à la manière du hibou : il est ainsi le seul primate capable de faire pivoter sa tête à 360 degrés.

Ces nouveaux tarsiers (Tarsius spectrumgurskyae sur la photo) sont des mammifères nocturnes qui vivent dans les forêts du nord-est de l'île de Sulawesi en Indonésie.
PHOTOGRAPHIE DE Myron Shekelle

Un petit prédateur des plus mignons

« Ils me surprennent tout le temps dans la jungle », affirme Rafe Brown, herpétologiste à l'Université du Kansas qui n'a pas participé à l'étude. « On devine les yeux brillants des chats sauvages même dans le noir, mais pas ceux des tarsiers. Ils sont comme des petits gobelins poilus. »

La vie dans les arbres les a également rendus très agiles : les adultes ne pèsent qu'environ 110 grammes et ce sont d'habiles acrobates.

« Personne ne s'attend à ce qu'un animal de la taille d'une plaquette de beurre soit en mesure de sauter trois mètres depuis sa cachette », explique Myron Shekelle, qui a bénéficié de financements de la National Geographic Society pour ses recherches.

 

Une course contre la montre

Les tarsiers se ressemblent entre eux ainsi qu'à leurs ancêtres. « J'ai vu des fossiles datant d'il y a 50 millions d'années qui sont presque identiques aux tarsiers contemporains », déclare Sharon Gursky, dont l'étude récente a été publiée dans la revue Primate Conservation. 

Cependant, leurs similitudes physiques ont entravé les efforts d'identification de nouvelles espèces, y compris sur l'île de Sulawesi.

Cette île est le résultat de plusieurs îles différentes qui se sont fondues en une seule masse terrestre il y a environ un million d'années. Des traces géologiques attestent de l'évolution d'une espèce de tarsier sur chacune de ces îles avant qu'elles ne fusionnent.

Il s'agit d'une course contre la montre afin de les identifier avant qu'ils ne disparaissent à cause de la déforestation.

« C'est probablement d'ores et déjà le cas pour certains d'entre eux », explique-t-elle.

 

Retrouvez Carrie Arnold sur Twitter.

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