Comment mesurer l'intelligence animale ?

La mesure de l'intelligence est un processus si complexe qu'il est impossible de comparer l'intelligence d'un animal à celle d'un autre.

De Natasha Daly
Publication 10 sept. 2019, 17:38 CEST

Les corbeaux se préparent pour l'avenir. Les pieuvres fabriquent des armures en noix de coco. Les orangs-outans peuvent « parler » du passé.

La recherche scientifique ne cesse de révéler de nouveaux aspects des capacités cognitives animales. Cependant, l'intelligence, un processus complexe qui englobe une vaste palette de capacités d'adaptation, reste incroyablement difficile à mesurer.

« L'un de nos plus grands défis est notre incapacité à saisir la façon dont les autres espèces traitent l'information, » déclare Kristina Horback, professeure adjointe au département des sciences animales de l'université de Californie à Davis qui étudie les aptitudes cognitives des animaux d'élevage.

Certains animaux ont des sens que nous ne pouvons même pas comprendre, comme les requins, extrêmement sensibles aux courants électriques, ou certains insectes capables de voir la lumière ultraviolette.

Nos propres sens déforment notre perception de l'intelligence chez les animaux. Le « test du miroir » qui évalue la capacité d'un animal à se reconnaître dans un miroir est couramment utilisé pour estimer la perception de soi. Les tursiops, les pies et les raies Manta font partie des quelques espèces à avoir réussi ce test.

Puisque la vue est un sens essentiel chez l'Homme, « il est logique que la perception visuelle de soi fasse partie de nos capacités, » explique Horback. « Mais qu'en est-il des espèces dont l'identification repose sur l'odorat, comme les porcs ? L'information visuelle n'est pas importante pour ces espèces. » Étant donné que le test du miroir favorise les espèces qui se fient à la vue plutôt qu'à l'odorat, il ne permet pas de mesurer efficacement la perception de soi.

Il n'est pas possible de comparer sérieusement l'intelligence des espèces animales. Une espèce peut très bien exceller dans un domaine mais se révéler médiocre dans un autre et vice versa. De plus, la réussite d'un animal à un test cognitif est presque entièrement conditionnée par ses capacités sensorielles. L'utilisation des capacités humaines comme référence comparative constitue l'un des points faibles de nos tentatives de mesurer l'intelligence des espèces de façon transversale.

« Notre vue est bonne, mais pas autant que celle des faucons. Notre ouïe est bonne, mais pas autant que celle des rats, » illustre Edward Wasserman, professeur de psychologie à l'université de l'Iowa qui s'intéresse à la comparaison des capacités cognitives entre différentes espèces. Notre sens de l'odorat, ajoute-t-il, est plutôt mauvais, « et il est largement surclassé par celui des chiens. »

Comme l'énonce Wasserman, « la façon dont nous concevons les tests d'intelligence aurait plutôt tendance à nous renseigner sur les capacités sensorielles des animaux que sur leurs capacités intellectuelles. »

Et il faut ajouter à cela notre tendance à considérer les capacités cognitives semblables aux nôtres comme une preuve d'intelligence supérieure. « De nombreuses personnes disent, "J'ai entendu que les cochons étaient intelligents et les moutons stupides", » témoigne Horback. « C'est complètement faux. » Les cochons, comme l'Homme, sont des omnivores opportunistes, ils mangent tout ce qu'ils trouvent. Ils ont développé une compétence, celle de se souvenir des endroits où il y a de la nourriture et d'utiliser la tromperie pour tenir éloignés leurs compères de leur réserve de nourriture. D'un autre côté, les moutons sont des ruminants. Ils ont des compétences différentes, comme celle de détecter les subtils mouvements du troupeau. « Ils n'ont pas besoin de résoudre des labyrinthes à aliments complexes ou de tromper leurs semblables pour les éloigner de la source de nourriture, » explique Horback. « Il n'y a aucune raison pour les moutons de développer ce type de capacité cognitive. »

Chaque espèce est adaptée à son propre environnement. Les animaux disposent généralement des capacités cognitives nécessaires à leur épanouissement. « Il existe des espèces qui n'ont tout simplement pas besoin d'être capables de résoudre des problèmes complexes ou d'utiliser des outils, » poursuit Horback, en insistant sur le fait qu'avoir plus de capacités cognitives que nécessaire « serait inutile pour la survie de l'animal. »

« Les bernacles ne bougent pas. La nourriture vient à eux, » reprend Wasserman. « Pour quelle raison devraient-ils s'obliger à réaliser des exploits d'apprentissage et de raisonnement ? »

Bien que les scientifiques rejettent la notion de mesures absolue ou comparative de l'intelligence chez les animaux, les avancées technologiques pourraient bien déboucher sur de nouvelles perspectives.

Plus particulièrement, les écrans tactiles « se montrent tout à fait révolutionnaires, » précise Wasserman. « À partir du moment où les animaux sont capables d'appuyer sur l'écran avec leurs doigts, leur nez ou leur bec, nous pouvons élaborer des tests astucieux pour mesurer leur intelligence. »

Voici 14 espèces du royaume animal qui ont su nous impressionner par leurs remarquables capacités cognitives.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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