L'æschne des joncs fait la morte pour éviter de s'accoupler

Se faire passer pour morte permet à l'æschne des joncs de se reproduire avec le partenaire de son choix.

De Patricia Edmonds
PHOTOGRAPHIE DE Rassim Khelifa

Pour se reproduire autour des étangs et autres milieux humides qui composent son habitat à travers l'Europe, l'Asie et l'Amérique du Nord, l'æschne des joncs se prête à un rituel que le biologiste Rassim Khelifa qualifie de « copulation acrobatique aérienne. »

En plein vol, la femelle Aeshna juncea exécute un numéro de contorsionniste afin que ses organes génitaux, situés à l'extrémité de son corps, se connectent aux organes du mâle, situés quant à eux au niveau du thorax. Le cœur asymétrique ainsi formé par les deux tourtereaux se pose ensuite pour leur permettre de compléter l'acte sexuel, juste avant que la femelle ne reprenne son envol pour déposer plus loin ses œufs.

Avant ce grand jour, il est possible que d'autres mâles en quête d'une relation sexuelle se présentent à elle. L'évolution la prédispose à résister : elle n'a qu'un nombre limité d'ovules, son tractus génital peut être endommagé par des accouplements répétés et dans l'éventualité où elle a déjà été inséminée par le partenaire de son choix, le pénis des mâles est structuré de façon à retirer toute autre trace de sperme avant d'effectuer un nouveau dépôt. Ainsi, pour éviter un nouvel accouplement, la femelle peut choisir de mourir ou plutôt de feindre la mort en simulant une chute en plein vol qui l'aurait laissée sans vie sur le sol.

À l'université de Zurich, Khelifa a mené une étude autour du comportement de ces femelles et a découvert que, généralement, « leur stratégie fonctionne ». La plupart des mâles survolent brièvement le site du crash, témoigne-t-il, puis repartent, sans plus tarder, pour trouver d'autres partenaires. Une fois le prétendant parti, la femelle qu'il croyait sans vie reprend ses esprits et poursuit son trajet.

 

FAIRE LE MORT, UNE STRATÉGIE PAYANTE

Le fait de simuler un état d'immobilité, de mort apparente, dans le but de décourager ou de piéger un prédateur porte le nom de thanatose, ou simulacre de mort. C'est une technique utilisée par une variété de vertébrés et d'invertébrés.

Serpent à groin : Pour rendre leur simulacre de mort aussi convaincant que possible, les serpents à groin du genre nord-américain Heterodon sécrètent un fluide à l'odeur nauséabonde et vont même jusqu'à cracher du sang.

Opossum de Virginie : Face à la menace, l'opossum a pour habitude de s'évanouir pour simuler sa mort : il s'allonge sur le ventre, sécrète un filet de bave et fait même la grimace en laissant pendre sa langue. En anglais, ce comportement a d'ailleurs donné l'expression « playing possum » (littéralement, jouer l'opossum) qui signifie « faire le mort ».

Cichlidé prédateur : Au moins deux espèces de ce poisson pourraient appâter leurs proies en se laissant couler au fond d'une rivière ou d'un lac, aussi immobiles qu'un cadavre. Si un petit poisson a la mauvaise idée d'approcher pour charogner, le cichlidé bondit et en fait son repas.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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