Pour le roi des oiseaux, la reproduction est avant tout une question de style

Avec son élégant plumage et sa chorégraphie millimétrée, le tragopan de Hastings ne manque pas d'atouts pour s'attirer les faveurs de potentielles partenaires.

De Patricia Edmonds
Photographies de Munmun Dhalaria
Publication 1 déc. 2020, 15:51 CET, Mise à jour 2 déc. 2020, 12:19 CET

Le tragopan de Hastings est un oiseau timide et furtif. La beauté des mâles n'a d'égal que leur rareté. Les locaux surnomment cette espèce jujurana, le roi des oiseaux. Il en existe plus de 3 300 à l'état sauvage dans l'Himalaya occidental, la plupart cantonnés à l'État indien de l'Himachal Pradesh.

Alors que Munmun Dhalaria observait les oiseaux depuis son affût, ce jujurana mâle s'est dressé « sur un rocher à côté de moi pour faire entendre son chant territorial. » Au départ, elle pensait qu'il était simplement venu revendiquer son lopin de terre à qui voulait bien l'entendre, mais une autre raison lui est apparue à la sortie de sa cachette : une femelle jujurana se tenait juste à côté.

PHOTOGRAPHIE DE Munmun Dhalaria

C'est dans cette région que la réalisatrice et exploratrice National Geographic Munmun Dhalaria a passé le plus clair de son temps en 2017 et 2018 pour un documentaire sur le jujurana.

Un jour, alors qu'elle était cachée, un mâle s'est approché, majestueusement vêtu d'un foulard aux nuances orangées surmonté d'une robe noire tachetée de blanc.

Après avoir sondé les environs à la recherche de nourriture, il a bondi sur un rocher et s'est mis à chanter avec la ferme intention d'attirer les femelles tout en décourageant ses rivaux. Dhalaria a observé et filmé l'oiseau pendant 35 minutes, l'une des plus longues captations de l'animal à l'état sauvage.

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    Un mâle adulte tragopan de Hastings en pleine parade territoriale lors de la saison des amours en mai 2018. Ce faisant, il exhibe deux éléments essentiels à sa panoplie de séducteur : la bavette, un ensemble de plumes multicolores allant du cou à la poitrine, et l'extrémité de l'une de ses deux cornes bleues qui jaillissent de sa tête plumée lors de la parade nuptiale.

    PHOTOGRAPHIE DE Munmun Dhalaria

    Avoir la chance d'admirer le chant nuptial du jujurana est une chose, être témoin d'un accouplement en est une autre. Il arrive parfois que les gardiens de l'unique programme d'élevage en captivité dans l'État de l'Himachal Pradesh surprennent ce cousin du faisan en plein acte. Le mâle se glisse alors devant la femelle et abat ses cartes sans plus attendre : sa tête laisse apparaître deux cornes bleues, les plumes de sa queue se déploient et sa bavette s'étale. Au climax de sa parade, il s'éclipse puis revient à la charge et se rue sur la femelle pour s'accoupler pendant 10 secondes environ. Bref, mais efficace.

    Au cours des six à huit semaines qui suivront, la femelle pondra entre trois et cinq œufs et les fera éclore. Les oiseaux élevés en captivité constituent une réserve essentielle pour la population sauvage en déclin. Le programme accueille une trentaine d'oiseaux environ et prévoit d'en libérer quelques-uns dans l'année.

     

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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