Le monde microscopique du plancton comme vous ne l’avez jamais vu

Un nouveau film met en lumière les plantes et animaux minuscules qui produisent l’oxygène que nous respirons.

De Jason Bittel
Publication 22 nov. 2021, 17:54 CET
Licmophora flabellata, une espèce de diatomées (des microalgues unicellulaires), pousse généralement sur des algues plus grandes.

Licmophora flabellata, une espèce de diatomées (des microalgues unicellulaires), pousse généralement sur des algues plus grandes.

PHOTOGRAPHIE DE Jan van IJken

Prélevez un verre d’eau à n’importe quel endroit de la Terre, portez-le au niveau des yeux, et vous observerez une forme de vie étrange et fascinante : le plancton. Qu’il s’agisse de masses sans forme aux couleurs vives ou de monstres miniatures ornés de tentacules et d’yeux disproportionnés, chaque goutte d’H2O (eau de mer comme eau douce) grouille d’une vie microscopique que la majorité d’entre nous n’a jamais vue.

Ces trois dernières années, le photographe et réalisateur néerlandais Jan Van IJken s’est donné pour but de mettre en lumière la beauté de ce monde invisible. Il a traversé les Pays-Bas de long en large en fendant les étendues d’eau avec son épuisette à plancton. Ensuite, il plaçait son minuscule trésor sur des lames de microscope pour en prendre des photos ou des vidéos en time-lapse.

« Le plancton est vraiment incroyablement varié et incroyablement abondant », s’enthousiasme Jan Van IJken, qui vient de sortir un court-métrage artistique, Planktonium. « Chaque fois je lance mon épuisette, j’ai de quoi travailler pendant des semaines avec ce que j’ai ramassé. »

Une puce d’eau du genre Daphnia porte ses embryons.

PHOTOGRAPHIE DE Jan van IJken

Le plancton peut être distingué en deux catégories générales : le phytoplancton, un végétal, et le zooplancton, un animal lilliputien. Dans la seconde catégorie on trouve par exemple les rotifères, qui ont l’air d’avoir des mini-roues à la place de la bouche. (Pour regarder Planktonium dans son intégralité, cliquez ici.)

Dans les faits, tout animal qui se laisse flotter au gré du courant, et qui donc n’est pas capable de maîtriser sa trajectoire, est considéré comme du plancton. Le mot signifie d’ailleurs « vagabond » ou « nomade » en grec ancien. Cela signifie que le plancton peut être un organisme unicellulaire microscopique comme un globule blanc ou bien être aussi gros qu’une méduse à crinière de lion (qui peut mesurer jusqu’à 35 mètres de long).

Il y a une bonne raison de faire de la publicité au plancton : selon les experts, ils sont vitaux pour nos écosystèmes. (Encore plus de photos de plancton.)

Grâce à la photosynthèse, le plancton produit autant d’oxygène que l’ensemble des plantes de la Terre réunies. « Environ 50 % de l’oxygène que nous respirons est produit par le phytoplancton », avise Marianne Wootton, spécialiste du plancton de l’Association de biologie marine, au Royaume-Uni. « Donc une respiration sur deux est une respiration qu’on doit au plancton. »

De plus, le phytoplancton absorbe du dioxyde de carbone et c’est un puits efficace contre ce gaz à effet de serre, principal responsable du dérèglement climatique.

« Il y a réellement des héros cachés, pas seulement dans l’océan mais aussi pour la planète », affirme Marianne Wootton.

 

Le plancton de bas en haut

Le plancton est également à la base de la chaîne alimentaires des océans. En particulier en tant que proie pour des mammifères marins comme les baleines qui, pour certaines comme la baleine bleue, peuvent en ingérer une quinzaine de tonnes par jour. Il suffit de prendre n’importe quel animal marin, la loutre de mer par exemple, pour s’apercevoir que le plancton joue un rôle dans son maintien.

Non seulement les loutres de mer aiment manger des moules (qui elles aussi mangent du plancton) mais celles-ci sont considérées comme du plancton lors des premiers stades leur croissance. « Donc sans plancton, il n’y aurait pas de loutres de mer. C’est aussi simple que ça », déclare Marianna Wootton.

Pour Kelly Robinson, océanographe de l’Université de Louisiane à Lafayette, les amateurs de fruits de mer ont une bonne raison de faire attention au plancton. (Découvrez la chaîne alimentaire marine.)

« Tout le monde aime le thon et le crabe, commence-t-elle. Eh bien, quand ils sont bébés, ils appartiennent à ce groupe microscopique qu’on appelle plancton. »

« Il faut que nous comprenions comment le plancton fonctionne de façon à pouvoir continuer à profiter de toutes les choses que nous aimons pêcher et manger », explique-t-elle. À cette fin, Kelly Robinson étudie les effets du changement climatique à court et à long terme, et notamment ceux des épisodes de type El Niño, sur la naissance du plancton et sur les populations de méduses.

 

Un évangéliste du plancton

Comme le plancton lui fait penser à des créatures extraterrestres, Jan Van Ijken a réalisé son film comme une sorte d’odyssée spatiale, avec une série d’images éthérées qui s’animent sur un fond noir.

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    Cette cyanobactérie du genre Gloeotrichia peut être toxique pour certains organismes d’eau douce.

    PHOTOGRAPHIE DE Jan van IJken

    Il admet également avoir approché le film en tant qu’artiste mais en être ressorti comme un évangéliste du plancton, en quelque sorte.

    « Quand je sors avec mes filets, les gens me voient, et ils me demandent toujours : ‘Qu’est-ce que vous êtes en train de faire ?’ et je réponds que je suis en train de tourner un film sur le plancton. Et ensuite ils me disent : ‘Le plancton ? C’est quoi le plancton ?’ »

    Et bien entendu, il est plus que ravi de le leur expliquer.

     

    « C’est plutôt spécial »

    Le plancton a beau être vital pour la planète, même les spécialistes n’ont pas souvent l’occasion d’en voir avec autant de détails que dans le film de Jan Van IJken. C’est dû au fait que la plupart des chercheurs arrangent leur échantillon pour le conserver, ce qui implique de tuer le plancton.

    À un moment du court-métrage, on peut apercevoir une puce d’eau donner naissance à une portée de petits déjà formés et translucides. (La puce d’eau qui envahit les Grands Lacs.)

    « Ouah ! », s’exclame Marianne Wootton alors qu’elle regarde le film lors d’une visioconférence. « Ces petites bêtes sont bien là dans nos prélèvements mais je n’en ai jamais vu une donner la vie. C’est plutôt spécial. »

    Kelly Robinson indique qu’elle aurait aimé que le film inclue le taxon des espèces ou qu’il ajoute du contexte pour expliquer au spectateur ce qu’il est en train de voir. Mais elle considère que le documentaire est « de belle facture » et ajoute qu’elle pourrait projeter Planktonium dans ses cours.

    Marianne Wootton pense que le film pourrait également susciter de nouvelles vocations.

    « Il est important d’éveiller l’intérêt des gens, déclare-t-elle. Le monde du plancton est un joli monde. Il est captivant. Il est étrange. Et nous n’en comprenons encore qu’une partie infime. »

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