70% des manchots royaux pourraient disparaître d'ici 2100

Avec le réchauffement climatique, les manchots royaux voient leurs réserves de nourriture diminuer, les obligeant à partir de plus en plus loin et laissant leurs poussins livrés à eux-mêmes.

De Juliette Heuzebroc
PHOTOGRAPHIE DE Andrew Evans, National Geographic Traveler

Selon une étude menée par une équipe du CNRS, de l'université de Strasbourg et du centre scientifique de Monaco parue le 26 février dans la revue Nature Climate Change, 70 % des 1,6 million de couples reproducteurs de manchots royaux pourraient avoir disparu d'ici la fin du siècle si le réchauffement climatique se poursuit au même rythme.

Le manchot royal, Eudyptes schlegeli, vit dans les zones insulaires du front polaire antarctique. Larges bancs de sable ou galets et océan à portée de palme sont les environnements nécessaires à la bonne reproduction de ces oiseaux maritimes. Une fois la période de couvaison passée, les manchots adultes s’occupent de leurs poussins pendant près d’un an. Année pendant laquelle ils partent régulièrement à la recherche de nourriture, principalement des poissons et des poulpes, et la ramènent à leurs petits.

La distance parcourue est en moyenne de 300 à 500km pour rejoindre une zone d’alimentation, principalement à la croisée des eaux froides de l'Antarctique et des eaux plus chaudes subantarctiques où la biodiversité est très active. Seulement, avec le réchauffement climatique, ces stocks alimentaires se déplacent et s’éloignent.

Ces déplacements obligent les parents à parcourir des distances toujours plus grandes et à laisser leurs poussins seuls sur de plus longues périodes. Durant ces périodes, les poussins se retrouvent en jeûne forcé et sont particulièrement vulnérables. Les experts estiment qu’ils ne peuvent survivre plus de 10 jours sans leurs parents. D’après Céline Le Bohec, responsable du département de biologie polaire au centre scientifique de Monaco, la moitié de la population de manchots royaux pourrait avoir disparue d’ici 2050 à 2060.

PHOTOGRAPHIE DE Stefano Unterthiner

La solution pour ces larges colonies serait alors de migrer. Les manchots royaux sont connus pour leurs capacités migratoires et d’adaptation. Dans l’histoire de l’espèce, cela leur est déjà arrivé pour justement faire face à des évolutions climatiques. Mais aujourd’hui, le problème réside dans la rapidité du réchauffement face auquel ils n’ont pas la capacité de s’adapter.

Lors des épisodes précédents, les populations avaient eu bien plus de temps pour migrer. Céline Le Bohec explique que « quelques juvéniles pourraient réussir à migrer, mais les adultes le feront moins facilement. »

Autre obstacle : avec la montée des eaux, les zones insulaires sont de plus en plus inondées, laissant peu de place pour accueillir des colonies aussi importantes que celles des manchots royaux. Et à tous ces freins à la migration s’ajoute la concurrence avec les autres espèces polaires, également en recherche d’habitats plus stables.

Une disparition si massive de la population de manchots royaux représenterait également un problème de taille pour la région antarctique : les colonies de manchots représentent une biomasse très conséquente et leur disparition causerait un grand déséquilibre de l’écosystème global.

 

Retrouvez Juliette Heuzebroc sur Twitter.

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