Gabon : découverte de crocodiles oranges uniques au monde

Dans des grottes au sud du Gabon, des géoarchéologues ont découvert des crocodiles oranges, mutation génétique jamais observée auparavant.

De Juliette Heuzebroc
Un crocodile orange au Gabon.
PHOTOGRAPHIE DE AFP, Archives, Olivier TESTA

Les grottes d’Abanda sont un véritable trésor naturel pour l’étude de sédiments archéologiques. C’est la raison pour laquelle le géoarchéologue français Richard Oslisly et son équipe s’attèlent à les étudier depuis plus de dix ans. Et ces travaux ont été l’occasion d’une découverte pour le moins inattendue : des crocodiles oranges, carnation inédite chez l’animal.

D’après les observations des scientifiques, l’animal pourrait atteindre 1m70 de long et se nourrirait principalement de chauve-souris, de criquets et de grillons présents dans les grottes. L’alimentation a d’ailleurs été une des causes possibles soulevées par l’équipe de Richard Oslisly pour expliquer la couleur de ces crocodiles puisqu’ils se nourrissent de chauve-souris elles-mêmes oranges. Mais d’autres hypothèses ont été avancées et préférées à celle-ci : la première serait que cet orange serait dû à une dépigmentation du cuir lié au manque de lumière dans le fond des grottes.

La seconde explication proposée serait la nocivité du « guano ». Le guano est une substance qui se forme dans les grottes à base d’excréments de chauve-souris et dans laquelle les crocodiles trempent tout au long de leur vie.

Ce crocodile cavernicole n’a, en tout cas, été observé que dans ces grottes gabonaises. Après étude de leur ADN, cette caractéristique si particulière ne permet pas d’identifier ces spécimens comme une nouvelle espèce ; la similitude avec les crocodiles nains de surface, les Osteolaemus tetraspis, étant trop forte. Cependant, un groupe de gênes unique qui se transmet de génération en génération a été détecté. On leur reconnait ainsi leur propre signature génétique, indépendante de l’espèce.

Afin de mieux comprendre le développement de ces crocodiles, les scientifiques ont cartographié la zone. Ils ont ainsi pu établir un réseau de cavernes. Celles qui sont connectées à la surface sont habitées par des crocodiles avec une carnation classique, tandis que les grottes où vivent les crocodiles oranges ne sont accessibles que par des puits verticaux. Cette cartographie leur a également permis d’établir une temporalité.

« On pense que ces dizaines de crocodiles se seraient installés dans les grottes d'Abanda il y a environ 3 000 ans, ce qui correspond relativement bien avec une période où le niveau de la mer avait baissé et où cette zone côtière est redevenue terrestre », explique Matthew Shirley, chercheur américain membre des expéditions.

Certaines hypothèses tendraient à établir que l’espèce était bien plus petite lorsqu’elle est entrée par des couloirs souterrains et qu’elle est restée piégée en grossissant.

L’équipe de chercheurs plaide sa cause auprès du gouvernement gabonais pour faire des grottes d’Abanda un site intégralement protégé afin de conserver l’espèce et d’approfondir leurs recherches.

 

Retrouvez Juliette Heuzebroc sur Twitter.

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