Les chats sauvages nuisent aux populations de reptiles

Une étude menée en Australie révèle que les chats ne se contentent pas d'attraper des oiseaux.

De Joshua Rapp Learn
Les chats sont peut-être mignons, mais une nouvelle étude révèle que leur instinct de chasse aurait ...
Les chats sont peut-être mignons, mais une nouvelle étude révèle que leur instinct de chasse aurait un impact négatif sur les populations de reptiles.
PHOTOGRAPHIE DE Konrad Wothe, Minden Pictures, National Geographic Creative

Les reptiles perdraient bien plus que leur queue face aux chats. Une nouvelle étude révèle que le nombre de reptiles de certaines espèces chuterait en raison de la présence invasive de ces petits félins.

Des études ont déjà démontré que les chats domestiques et errants avaient un impact considérable sur les populations d'oiseaux. Ainsi, en Nouvelle-Zélande, une espèce d'oiseau qui ne vivait que sur l'île de Stephens a été chassée jusqu'à l'extinction par un chat et ses petits.

Une étude menée en Australie et publiée récemment dans la revue Biological Conservation dévoile que des populations de reptiles souffriraient de la prédation des chats

 

LORSQUE LES CHATS NE SONT PAS LÀ, LES REPTILES DANSENT

Pendant deux ans, les chercheurs ont créé des zones sans chats dans le parc national de Kakadu, situé dans le Territoire du Nord de l'Australie, afin de déterminer quel impact avait l'absence des félins sur les populations de reptiles.

Des zones de la même superficie ont ainsi été grillagées tandis que d'autres ont été laissées ouvertes. Pour s'assurer qu'aucun chat ne pénétrait dans les zones fermées, des pièges photographiques ont été installés autour des enclos. Seul un chat est entré dans une zone grillagée pendant l'expérience. Au cours des deux ans de l'étude, des chats ont été détectés au moins une fois dans chacune des zones ouvertes. La zone toute entière comptait environ un chat pour 5 km², une densité légèrement inférieure à la moyenne nationale.

« L'étude démontre que, même peu nombreux, les chats errants exercent une pression de prédation considérable sur les populations de petits reptiles », ont indiqué les auteurs du papier.

Pour déterminer si les populations de reptiles avaient augmenté ou baissé, les scientifiques ont installé des pièges fabriqués à partir de seaux et ont compté le nombre d'animaux tombés dans ces derniers.

Au terme des deux ans de l'expérience, les chercheurs ont découvert que les zones libres de chats avaient connu une « hausse importante du nombre de reptiles », avec en moyenne deux reptiles de plus dans chaque enclos fermé par rapport à ceux qui ne l'étaient pas. La plupart des espèces attrapées dans les pièges étaient des petits lézards comme des geckos, des scinques, des agames, et au moins un petit serpent. Selon les auteurs de l'étude, ces espèces se reproduisent au moins une fois chaque année : ainsi, deux ans sans chat seraient suffisants pour observer des différences en termes de populations.

 

LA CONTROVERSE DES CHATS

Peter Marra, directeur du Smithsonian Migratory Bird Center, a déclaré que cette étude était « formidable. » Lui qui n'a pas pris part à l'étude a mené des recherches sur l'impact que les chats domestiques ont sur de nombreuses espèces.

Les chats sauvages ne se nourrissent pas uniquement d’oiseaux

Il confie que lui et ses collègues sont sans cesse mis au défi de prouver que les chats ne tuent pas seulement quelques animaux, mais qu'ils ont un impact négatif sur la population de certaines espèces, comme l'a démontré une étude publiée en 2016 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Celle-ci révélait la contribution des chats dans l'extinction d'au moins 63 espèces animales, dont deux espèces de serpents. Pour Peter Marra, l'étude australienne récemment publiée s'ajoute à ce domaine de recherche.

« Elle s'ajoute à la liste longue et croissante des études qui montrent qu'en plus de tuer des animaux, les chats ont également un impact négatif sur les populations d'espèces animales endémiques », a-t-il déclaré.

S'il est certain que les chats tuent des reptiles, de petits mammifères et des oiseaux, Katie Lisnik, directrice de la politique relative aux animaux de compagnie chez Humane Society, estime que l'augmentation du nombre d'animaux au sein des enclos fermés n'est pas uniquement due à l'absence de félins. D'autres prédateurs, comme les dingos, n'ont pas pu entrer dans les enclos. Il en va de même pour les herbivores qui auraient pu avoir un impact sur la présence des reptiles dans certaines zones.

« Il est exagéré de suggérer que l'ensemble des observations constatées s'expliquent par l'absence ou la présence de chats », a-t-elle indiqué.

Si Peter Marra partageait aussi son opinion, son inquiétude a vite été levée lorsque les auteurs de l'étude ont spécifié que les prédateurs qui chassent les reptiles sont peu nombreux dans la zone. Les espèces prédatrices endémiques, comme les varans géants et les chats marsupiaux du nord, semblables à des écureuils, ont déjà été décimés par les crapauds buffles, une espèce invasive et toxique pour de nombreux animaux.

L'Australie a quant à elle décidé de prendre des mesures. Le gouvernement de l'Australie-Méridionale a ainsi participé au financement de méthodes d'éradication de chats errants dignes de la science-fiction, à l'image de ces robots qui détectent et pulvérisent du poison sur les félins.

Il existe d'autres méthodes pour réduire la population de chats errants : Katie Lisnik souligne que l'Humane Society recommande de stériliser les félins, avant de les relâcher ou de les déplacer dans une autre zone. L'organisation encourage également les propriétaires de chats à ne pas les faire sortir.

Bien qu'il aime les chats sur le plan personnel, Peter Marra estime que ces solutions sont difficiles à mettre en application, de par la nature secrète des chats errants et du nombre de félins qui doivent être stérilisés. D'après lui, la meilleure option consiste à retirer les chats de la nature, en proposant les chatons à l'adoption, en plaçant les chats errants dans des refuges ou en les euthanasiant. Il estime cette solution meilleure que de laisser les chats tuer d'autres animaux.

« Cette [étude] constitue un nouvel avertissement sur la nécessité de gérer nos écosystèmes de façon plus responsable », a-t-il confié.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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