Près de 75 % du commerce d’ivoire en Europe serait illicite

En vue d’une concertation de l’Union européenne, l’ONG Avaaz vient de publier une étude sur le commerce d’ivoire en Europe. Le résultat est sans appel : 74,3 % des ventes et achats sont illicites.

De Juliette Heuzebroc
PHOTOGRAPHIE DE WWF - Fonds mondial pour la nature

Pour comprendre dans quelle mesure ce commerce est considéré comme illicite, il nous faut le réinscrire dans le cadre législatif actuel : la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) a créé une mesure interdisant le négoce d’ivoire depuis 1989. Cette mesure implique la prohibition de la vente ou l’achat d’objets en ivoire façonnés après 1947. Cette interdiction est sensée être officiellement appliquée à l’Union européenne, bien que la commission n’ait pas inscrit de loi spécifique à la zone euro dans sa convention.

L’ONG Avaaz a dont décidé de mener une étude sur l’application de cet encadrement du commerce d’ivoire et le résultat est édifiant : 74,3 % des objets en ivoire vendus ou achetés en Europe sortent du cadre de la légalité. Pour établir ses conclusions, le mouvement citoyen a acheté 109 pièces d’ivoire entre octobre et décembre 2017 à travers dix pays européens : Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, France, Irlande, Italie, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni. Ces 109 objets, procurés chez des particuliers ou dans des boutiques spécialisées, ont ensuite été envoyés à l’Université d’Oxford pour une datation au carbone 14.

Parmi ces statuettes, bijoux, vases et autres bibelots, près des trois quarts ont donc bien été datés postérieurs à 1947. Plus grave encore, 19,3 % d’entre eux ont été façonnés entre 1990 et aujourd’hui, et sont donc issus de défenses d’éléphants tués après la mise en place de la mesure.

Dans ce panel de pays, il y a bien évidemment les bons et les mauvais élèves : en Bulgarie, en Italie et en Espagne, 100 % du commerce d’ivoire s’opère dans un cadre illégal. Ce chiffre diminue très légèrement pour la France et le Portugal, respectivement à 85 % et 83 %.

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    Un travailleur à Guangzhou en 2009 sculpte l'ivoire.
    PHOTOGRAPHIE DE Tyrone Siu, Reuters

    « Cette étude fournit des preuves concrètes que le marché européen légal de l’ivoire offre une couverture à l’ivoire illégal, contribuant à la crise d’extinction des éléphants », commente Avaaz. Seul le Royaume-Uni atteint le taux record de ventes licites de 80 %.

    Pour renforcer la lutte contre le trafic illégal de défenses d’éléphants, des mesures ont été annoncées : dans les mois à venir, les îles britanniques vont mettre en place une interdiction quasi-totale des ventes ou achats, en import ou export, de toute pièce en ivoire. Seule exception faite des objets muséaux et des instruments de musique. Cela fait suite à l’interdiction de la Chine, pays importateur historique d’ivoire. Grâce à ces nouvelles dynamiques et cette nouvelle étude, Avaaz espère réussir à encourager l’Union européenne à entériner et faire appliquer ces nouvelles réglementations.

     

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