L'île de glace qui a sauvé les semences en Syrie

Dans l’océan Arctique, une île norvégienne abrite une incroyable collection de semences végétales. Cette « arche de Noé des graines » a prouvé son utilité au cours du conflit syrien.

De Olivier Liffran
Publication 9 nov. 2017, 01:53 CET

Au-dessus du cercle arctique, se trouve l’archipel norvégien de Svalbard. Battues par les vents, ces îles sont, pour la plupart, recouvertes d’une épaisse couche de glace. Qui pourrait croire que l’une d’elles abrite dans son sous-sol un trésor végétal ?

Presque invisible à l’extérieur, la Réserve mondiale des semences est installée dans un ancien bunker anti-atomique, sur l’île du Spitzberg. Ses coffres-forts enfouis à 120 m de profondeur recèlent près de 864 000 graines provenant des quatre coins du monde. La température constante de – 18° C endort le métabolisme des graines, leur permettant ainsi de survivre pendant plusieurs siècles.

Surnommée “la banque de l’Apocalypse” ou “l’arche de Noé des graines”, l’endroit est un conservatoire de toutes les plantes vivrières de la planète. Les États apportent leur propre collection pour les préserver en cas de conflit armé ou de catastrophe naturelle.

“C’est une structure essentielle, précise Jean-Marie Prosperi, chercheur à l’Inra. Comme toutes les espèces, les semences évoluent. Certaines sont très anciennes. Mais elles possèdent des caractéristiques qui pourront un jour s’avérer utiles en les croisant avec des semences plus récentes. Il est primordial de les préserver.”

Fin 2015, cette réserve mondiale a été pour la première fois sollicitée par des chercheurs syriens de l’institut Icarda. Basé à Alep, ce centre de stockage et d’étude des semences a été saccagé lors du siège de la ville. “Pour l’essentiel, les graines qui y étaient stockées provenaient des cultures méditerranéennes, qui peuvent résister à un climat chaud et à la sécheresse”, explique Jean-Marie Prosperi.

Par chance, les Syriens avaient entreposé des doubles de leur collection au Spitzberg. Les graines ont été récupérées et stockées dans des pays voisins, comme le Maroc ou le Liban, où elles pourront de nouveau servir à la recherche. Pour Jean-Marie Prospéri, cela ne fait aucun doute : “Lorsque le conflit syrien prendra fin, elles seront un gage de développement du pays.”

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