Les États-Unis isolés du reste du monde après le retrait de l'accord de Paris

En se retirant de l'accord de Paris, les États-Unis s'isolent du reste du monde. Quelles pourraient être les conséquences pour le pays à l'échelle mondiale ?

De Michael Greshko
Publication 9 nov. 2017, 02:01 CET
RILEY D. CHAMPINE, NG STAFF. SOURCE: UNITED NATIONS TREATY COLLECTION

Donald Trump a déclaré sa volonté de retirer les États-Unis des accords de Paris : un mépris pour la réalité du changement climatique qui isole de plus en plus le pays sur la scène internationale.

Lors d'une allocution jeudi dernier, le président américain a présenté le retrait comme une décision nécessaire favorisant l'industrie américaine, tout en rejetant « les capitales étrangères et les activistes internationaux qui ont longtemps cherché à s'enrichir sur le dos des États-Unis ».

« Nous souhaitons que les citoyens américains et que nos contribuables soient traités de façon juste », a-t-il ajouté en faisant part de son intérêt pour la renégociation des termes de l'accord. « Nous ne voulons plus que d'autres dirigeants et d'autres pays se moquent de nous, et ce ne sera plus le cas ».

Loin d'inspirer le respect des autres pays, cette décision est en passe de transformer les États-Unis en paria à l'échelle mondiale. Si le pays honore la promesse de retrait de son président (retrait qui ne pourra avoir lieu avant le 4 novembre 2020, au lendemain des prochaines élections présidentielles américaines), il ne rejoindra que deux autres pays non signataires de l'accord, le Nicaragua et la Syrie.

Des trois pays, les États-Unis sont les seuls à rejeter l'accord au motif que celui-ci serait trop coûteux.

Le Nicaragua n'a pas signé l'accord de Paris car il jugeait les objectifs insuffisants. Le pays d'Amérique centrale vise en effet à produire 90 % de sa consommation énergétique à partir d'énergies renouvelables d'ici à 2020.

La guerre civile violente qui a fait rage en Syrie depuis plusieurs années, ainsi que les sanctions internationales qui en ont découlé, ont rendu la participation aux négociations et la présentation d'un plan de réduction des émissions de CO2 difficiles pour le pays.

 

« LE TRIOMPHE DE L'IGNORANCE ET DE L'IDÉOLOGIE »

Les experts en diplomatie internationale mettent en garde Donald Trump : le retrait des États-Unis risque également de compromettre la coopération internationale avec le pays sur des questions qui ne sont aucunement liées au réchauffement climatique.

« La question du changement climatique inquiète tous les pays du monde... ils se rendent compte que l'accord de Paris ne peut fonctionner sur le long terme si la principale puissance mondiale - et l'un des principaux pollueurs - a quitté la table des négociations », a écrit Todd Stern, le chef des négociations à Paris sous l'administration Obama, dans un récent essai publié par The Atlantic. « La sortie du président de l'accord de Paris serait perçue comme une sorte d'arrêt de mort pour le reste du monde ».

« La décision de se retirer a été une bêtise aussi bien stratégique qu'économique aux proportions considérables », ajoute un responsable américain en poste, compétent en matière de diplomatie climatique. « Nous sommes tout simplement en train de faire nos adieux à notre influence politique, au terrain de jeu économique et nous n'aurons plus aucune leçon de morale à donner ».

Le responsable américain, qui a accordé une interview téléphonique sous couvert d'anonymat, fait remarquer que le refus du pays à ratifier le protocole de Kyoto en 2001 a mis à rude épreuve les relations avec d'autres pays, en particulier au cours de la période précédant la guerre en Irak.

En outre, la volte-face des États-Unis a alimenté l'idée selon laquelle le pays ne cherchait pas à réduire pas ses émissions de gaz à effet de serre, malgré des efforts réalisés dans le secteur privé ainsi qu'au niveau des États et des collectivités locales, affirme le responsable.

Aujourd'hui, il incombe aux autorités locales et aux États de tenir le rôle laissé vacant par le gouvernement fédéral américain.

Les États de New York, de la Californie et de Washington (qui représentent plus d'un cinquième du PIB du pays) ont annoncé la création d'une « Alliance américaine pour le climat » dont l'objectif est de tenir les promesses existantes faites lors de l'accord de Paris. Vendredi, les États du Connecticut et du Massachusetts ont rejoint l'alliance. Dans un communiqué joint, 84 maires du pays représentant 40 millions d'Américains ont également manifesté leur soutien aux accords de Paris.

Enfin, le New York Times a révélé qu'une coalition d'États, de villes et d'entreprises américaines organisée par l'ancien maire de New York, Michael Bloomberg, sera créée pour respecter les engagements pris par les États-Unis à Paris.

« Nous sommes dans un cas de figure où l'ignorance et l'idéologie ont triomphé sur la science et le bon sens, mais il s'agit selon moi d'une victoire à la Pyrrhus », déclare le responsable américain. « De nombreuses personnes au sein du gouvernement fédéral, des gouvernements des États, des collectivités locales, du secteur privé et de la société civile comprennent l'exigence des États-Unis de montrer la voie sur cette question ».

« Je ne connais personne qui abandonne la lutte », ajoute le responsable. « Nous saisissons les enjeux, nous sommes du bon côté de l'Histoire ».

NDLR : cet article a été mis à jour suite à l'intégration du Connecticut et du Massachusetts à l'Alliance américaine pour le climat.

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