Mer de Chine : l’une des plus grandes marées noires de l’histoire vient de commencer

L’incendie et le naufrage du pétrolier iranien Sanchi en mer de Chine orientale constitue l’une des plus grandes catastrophes écologiques de l’histoire pétrolière.

De Juliette Heuzebroc
Publication 16 janv. 2018, 14:42 CET
PHOTOGRAPHIE DE Ministère des transports chinois, AFP

Article modifié le 22/01/2018

Suite à une collision avec un vraquier (navire de charge) au large de Shanghai, le pétrolier iranien Sanchi a pris feu et a dérivé pendant près d’une semaine jusqu’à sombrer au large de l’archipel Ryukyu. Le pétrolier avait à son bord un équipage de 32 personnes. Sur ces 32 membres d’équipage, seuls trois corps ont été retrouvés et les autorités chinoises et japonaises ont annoncé qu’il n’y avait « aucun espoir » de retrouver des survivants.

Le Sanchi transportait 110 000 tonnes de condensats, des hydrocarbures légers qui s’apparentent à un pétrole plus léger que sa forme brute. D’après Richard Steiner, spécialiste des marées noires, il s’agit du « plus gros rejet de condensats dans la nature de toute l'histoire du pétrole », si l'on considère que la totalité de la cargaison a été brûlée ou a été déversée dans l’eau. Pour mesurer l’ampleur de la catastrophe, il est possible de la comparer à celle de l’Exxon Valdez qui s’était échoué en Alaska en 1989 et reste l'une des plus grandes catastrophes pétrolières. À la différence près que la cargaison de l’Exxon Valdez, si elle ne représentait qu’un cinquième de celle du Sanchi, contenait du pétrole brut beaucoup plus toxique.

Les pires accidents de pétroliers
PHOTOGRAPHIE DE AFP - Simon MALFATTO

Les déversements de condensats dans les mers et océans n’ayant jamais dépassé les 1 000 tonnes, il est à ce jour impossible de prédire ou mesurer l’impact réel d’une contamination des eaux par 110 000 tonnes de condensats (chiffre rectifié par les autorités chinoises depuis le naufrage. Estimation d'origine : 136 000 tonnes).

Si le navire a coulé, la mer, quant à elle, continue de brûler en surface. D’après le bureau des affaires maritimes chinois (SOA), il y aurait à ce jour trois larges nappes d’hydrocarbures en feu mesurant jusqu'à 18,2 km de long et qui s’étendent de jour en jour. Les vents et les courants marins devraient pousser ces nappes vers le nord dans les jours à venir.

Mercredi dernier, les autorités constataient que les nappes s'étalaient sur 101 km². Ce dimanche soir, grâce à des mesures prises à partir d'images satellites, nous apprenons par l'Administration nationale des océans que la surface des nappes a plus que triplé et s'étend à présent sur plus de 332 km².

 

EMPOISONNEMENT DES FONDS MARINS

La mer de Chine est connue pour son écosystème rare et fragile, ses baleines, tortues de mer ou encore ses oiseaux marins. Au-delà du nuage fortement toxique qui se dégage de l’incendie, la catastrophe réside dans le fait que le navire ait coulé plutôt que de s’échouer. C'est le scénario du pire pour la faune et la flore.

Un de 16 canards couverts de mazoute retrouvés en Arkansas suite à la fuite du gazoduc Pegasus le 29 mars 2013 au Canada.
PHOTOGRAPHIE DE Courtney Spradlin

En se répandant dans les fonds marins, le condensat va fortement dégrader le biotope et l’écosystème en asphyxiant tous types d’animaux marins de plantes ou les défaire de leurs propriétés filtrantes. En entrant en contact avec le condensat, les espèces marines peuvent contracter des maladies, rencontrer des problèmes de stérilités ou succomber à l’empoisonnement. L’exposition des œufs aux hydrocarbures peuvent également les avoir contaminés et créer, à long terme, un problème de renouvellement de l’écosystème.

Prévenir la destruction des fonds marins va être un des enjeux de taille de cette catastrophe pour les autorités. Le second enjeu consiste à empêcher une crise alimentaire majeure : en 2016, la mer de Chine a été le lieu de pêche de 5 millions de tonnes de poissons, participant grandement à l’alimentation d’une majeure partie de la Chine.

 

Retrouvez Juliette Heuzebroc sur Twitter.

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