Les émissions de CO2 des grandes villes sont 60 % supérieures à ce que l'on pensait

Selon une nouvelle étude, les urbanistes ont minimisé les émissions de gaz à effet de serre dans les villes.

De Stephen Leahy
Publication 7 mars 2018, 14:34 CET

Selon un nouveau rapport, l'empreinte carbone de quelques-unes des plus grandes villes du monde est supérieure de 60 % aux précédentes estimations si l'on inclue tous les produits et services de ces dernières.

Publié mardi lors de la Conférence sur les villes et la science des changements climatiques organisée par CitiesIPCC qui se tient actuellement à Edmonton au Canada, le rapport a estimé la quantité de dioxyde de carbone générée par la production alimentaire, de vêtements, d'objets électroniques, de matériaux de construction, le transport aérien, etc. qui sont consommés par les habitants, mais produits à l'extérieur de la ville.

À l'échelle mondiale, les villes sont responsables de 70 % des émissions de CO2. D'après Michael Doust, auteur de ce rapport et directeur de programme au C40 Cities, un réseau dont font partie les mégapoles mondiales engagées dans la lutte contre le changement climatique présidé par la maire de Paris Anne Hidalgo, ce chiffre est certainement plus important lorsque les émissions liées à la consommation sont prises en compte.

« En mesurant uniquement les émissions engendrées par la production alimentaire, énergétique ou d'autres produits et services, tout n'est pas pris en compte », a déclaré M. Doust lors d'une interview à Edmonton. « En identifiant les émissions liées à la consommation et en les localisant, les villes et leurs habitants pourront prendre de meilleures décisions pour réduire leurs émissions de dioxyde de carbone ».

Les villes riches dites consommatrices, telles que Londres, Paris, New York, Toronto ou encore Sydney, n'abritent plus de grandes industries et ont donc fortement réduit leurs émissions au niveau local. Mais d'après le rapport, en incluant les émissions liées à leur consommation de biens et de services, les émissions totales de ces villes augmentent fortement. Rapportées par habitant, elles sont parmi les plus élevées au monde. De leur côté, les villes dites productrices, qui se trouvent en Inde, au Pakistan ou au Bangladesh génèrent énormément de pollution et d'émissions de CO2 lors de la fabrication de produits qui sont ensuite vendus et consommés en Europe et en Amérique du Nord.

Intitulé Consumption-based GHG emissions of C40 cities, le rapport s'est penché sur les émissions de gaz à effet de serre causées par la consommation de biens et de services par les habitants de 79 villes appartenant au réseau C40 : il a notamment porté son attention sur la nourriture, les vêtements, les objets électroniques, le transport aérien, les camions de livraison et la construction.

« Nous n'allons pas dans la bonne direction concernant le changement climatique », a déclaré Mark Watts, directeur exécutif de C40 Cities. Depuis 1997 et le protocole de Kyoto, dont l'objectif était de réduire les émissions de CO2, celles-ci ont augmenté de 60 %. « Nous n'arriverons pas à inverser la tendance en misant sur les énergies vertes et les transports en commun », a ajouté M. Watts. « Nous devons réduire notre consommation ».

« Cette étude permettra aux responsables politiques des villes de mieux comprendre l'impact que celles-ci ont sur le changement climatique dans le monde et son impact sera d'autant plus important au moment de prendre des actions climatiques », a-t-il ajouté.

Le changement climatique 101 avec Bill Nye

 

VERS UNE RÉDUCTION DES ÉMISSIONS CARBONE

« Ce que nous achetons doit nous permettre de réduire nos émissions. Nous ne pouvons tout simplement faire venir des produits d'autres pays », a déclaré Don Iveson, maire d'Edmonton. Selon lui, le calcul des émissions générées par la consommation est primordial pour connaître l'empreinte carbone réelle d'une ville. « Il existe plusieurs solutions pour réduire les émissions liées à notre consommation : acheter de façon intelligente et locale et réduire nos déchets par exemple ».

Cette nouvelle approche, Matt Gray, responsable du développement durable pour la ville de Cleveland dans l'Ohio, l'accueille à bras ouverts. Avec l'ancienne méthode de calcul, les villes industrielles comme Cleveland se retrouvent souvent dans le bas du classement en termes de mesures de développement durable, a-t-il souligné. Les villes dont le modèle économique est basé sur les services et qui consomment les produits fabriqués à Cleveland sont elles mieux classées. L'année dernière, la consommation de ressources n'était pas prise en compte par l'U.S. Citites Sustainable Developement Goals Index, ce qui a placé Cleveland en dernière position. Pour Matt Gray, bien que la ville de Cleveland soit considérée comme un leader national pour la production d'aliments locaux, cela n'était pas pris en compte par l'index.

En travaillant sur cette nouvelle méthode de calcul des émissions, la ville de Paris a décidé de faire la promotion du train comme moyen de transport auprès des touristes venant de pays proches dans le but de réduire les émissions générées par le transport aérien. La municipalité encourage aussi ses habitants à passer du régime carné, responsable d'importantes émissions de CO2, au régime végétarien. Stockholm, quant à elle, a demandé à tous ses promoteurs immobiliers d'estimer la quantité de CO2 émise pour la fabrication des matériaux de construction. D'après Michael Doust, grâce à ces données, la ville a déjà pris la décision d'utiliser des matériaux dont la fabrication génère moins de CO2 pour rénover les vieux bâtiments ou en construire de nouveaux.

Pour lui, ce rapport montre que si les villes prennent en compte la consommation, elles auront plus de chances de réduire leurs émissions de CO2.

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