Des épisodes plus fréquents d’El Niño pourraient avoir des effets positifs pour les oiseaux marins

C’est le constat étonnant que vient de faire une équipe de l’université de Californie à Davis sur le cormoran de Brandt.

De Julie Lacaze
Publication 9 juil. 2018, 10:16 CEST
Cormoran de Brandt ou Phalacrocorax penicillatus.
PHOTOGRAPHIE DE Annie Schmidt, UC Davis

La fréquence d’El Niño s’est accélérée au cours du 20e siècle. Avant 1890, le phénomène climatique, qui prend la forme d'un courant d'eau chaude du Pacifique, survenait tous les douze ans en moyenne. Aujourd'hui, sa fréquence est plutôt de quatre ans. Il engendre une augmentation de la température du Pacifique, affectant la vie marine et toute la chaîne alimentaire. Et pourtant, cette accélération pourrait avoir des effets positifs sur les oiseaux marins, selon une équipe de l'université de Californie à Davis qui a étudié le cormoran de Brandt. Leur analyse surprenante est à lire dans la revue Theoretical Ecology, publiée en mars 2018.

Les oiseaux marins sont en péril à travers le monde à cause de la surpêche, de la pollution, de la perturbation de leur habitat et enfin du réchauffement climatique. Le cormoran de Brandt vit sur la côte Pacifique de l'Amérique du Nord. L'espèce est particulièrement sensible aux changements environnementaux. C’est pourquoi l'équipe de biologistes a voulu comprendre l’impact d'El Niño sur sa population. Après chacun des épisodes climatiques survient La Niña. Ce dernier courant provoque une diminution de la température de surface de l’océan. Il en ressort que ces phénomènes climatiques combinés ont favorisé l’augmentation de la population du cormoran et ont diminué les chances d’extinction de l'espèce.

EL Niño 101

Les raisons avancées par les chercheurs : ces dernières années, le courant El Niño devient plus fréquent, mais dure également moins longtemps. Les effets de La Niña sur le rafraîchissement des eaux ont alors tendance à être plus durables. Sur le long terme, les périodes défavorables aux oiseaux se font donc globalement plus courtes. Or le cormoran vit une vingtaine d’années. Une longévité suffisante pour qu'il puisse bénéficier des effets bienfaiteurs de La Niña sur la vie océanique. Selon les auteurs, ce constat pourrait s’appliquer à d’autres espèces d’oiseaux de mer à vie longue et même aux poissons pouvant atteindre un grand âge, comme le merlu du Pacifique ou certains sébastes.

Les auteurs soulignent que les résultats de leurs travaux ne signifient pas que le réchauffement climatique soit favorable aux oiseaux marins. Si l'un des effets actuels de la modification du climat est de rendre plus fréquent et plus court le phénomène El Niño, cela ne présage en rien des périodicités à venir. La survenue du phénomène et les changements environnementaux en cours restent largement imprévisibles.

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