Pour survivre, ces villes chinoises doivent trouver une alternative aux ressources naturelles

Elles ont connu la croissance grâce aux mines, aux forêts ou à l'exploitation d'autres ressources naturelles. Aujourd'hui, ces ressources leur font défaut.

De Muyi Xiao
Photographies de Li Junhui
Publication 1 avr. 2019, 10:19 CEST
Sur cette photo on distingue dans la brume les grues qui dominent les chantiers à proximité ...
Sur cette photo on distingue dans la brume les grues qui dominent les chantiers à proximité de la ville fortifiée de Datong, un site historique et une attraction touristique du nord de la province de Shanxi. Ces dernières années, la ville de Datong tente de développer son activité touristique en guise d'alternative aux mines de charbon.
PHOTOGRAPHIE DE Li Junhui

En Chine, la révolution industrielle a principalement été alimentée par le charbon extrait des innombrables mines de la province de Shanxi.

Toutefois, il est périlleux de baser une économie sur une ressource unique, d'autant plus lorsqu'elle n'est pas renouvelable, c'est pourquoi cette province explore aujourd'hui activement des solutions alternatives comme le big data ou le tourisme. En 2012, le groupe Datong Coal Mine transformait certaines de ses fosses désaffectées en musée, donnant ainsi l'occasion aux visiteurs d'enfiler casque et bottes de mineurs pour s'aventurer au plus profond de ce lugubre paysage.

La province a également pris les devants en fermant 88 de ses 1 078 mines de charbon depuis 2016. Des milliers de mineurs ont perdu leur emploi au cours du processus, un mal nécessaire selon les Directeurs afin de minimiser les conséquences potentiellement désastreuses à venir.

Lorsque des villes qui reposent essentiellement sur l'exploitation des minerais, des forêts ou d'autres ressources naturelles commencent à voir leurs réserves s'épuiser, les conséquences peuvent prendre diverses formes, d'une « économie léthargique à un exode de masse en passant par des effets secondaires comme la précarité sociale, » explique Peng Jiang, chef de bureau au China Center for Urban Development, un groupe de réflexion placé sous l'autorité du National Development and Reform Commission. « La priorité absolue [pour ces villes] doit être de diversifier leur secteur d'activité » déclare Jiang.

Ses mots font écho au discours tenu par le Conseil d'État chinois lors d'un appel lancé en 2013 dans lequel il présentait un plan étalé sur sept ans visant à aider 262 villes identifiées comme dépendantes à devenir moins vulnérables aux pénuries et à un potentiel effondrement économique. Le document répartit les villes en quatre groupes : growing (en développement), mature (à maturité), declining (en déclin), et reborn (rétablie).

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    La ville de Fuxin, dans la province de Liaoning, est un exemple de ville en déclin dont la lente agonie a commencé il y a des années. En 2001, le Conseil d'État annonçait que Fuxin était en « pénurie de ressources » en raison de l'appauvrissement de ses mines de charbons. Il a donc été demandé aux dirigeants de la ville de mettre en place un programme de réforme économique. Malgré cela, presque vingt ans plus tard la ville est toujours en difficulté pour trouver de nouvelles sources viables de revenus. Entre 2013 et 2017, le PIB local était chaque année en chute libre alors que celui de la Chine maintenait une croissance d'au moins 6 % sur la même période. 

    Parallèlement, dans d'autres villes dépendantes des ressources naturelles, les efforts fournis pour amorcer une transition économique commencent à porter leurs fruits. Dans la province de Jiangxi par exemple, la ville de Jingdezhen réputée pour son argile de très haute qualité a été pendant des siècles un centre névralgique de production de porcelaine, multipliant les échanges avec la cour impériale chinoise et plus récemment avec les marchés américains et européens. Après des siècles d'exploitation, les réserves d'argile se sont taries et il ne reste aujourd'hui qu'un million de tonnes d'argile, soit 2 % des réserves historiques de la zone. Malgré cette pénurie, Jingdezhen a décidé de capitaliser sur son talent historique pour redonner vie aux secteurs de l'art et de l'éducation. Depuis quelques années, les ateliers de porcelaine prolifèrent et attirent des talents pleins d'avenir.

    La lumière brille toujours à l'intérieur d'une église catholique d'un village du district de Xiahuayuan où des années d'exploitation minière ont provoqué des glissements de terrain, forçant les habitants à trouver refuge ailleurs.
    PHOTOGRAPHIE DE Li Junhui

    En 2017, le photographe basé à Pékin Li Junhui s'est fixé pour objectif de documenter les joies et les angoisses qui rythment le quotidien de Fuxin et de Jingdezhen mais également de six autres villes affectées par cette dépendance. Chacune d'entre elles doit relever un défi qui lui est propre, confie-t-il, mais elles ont toutes un point commun : les vies de leurs résidents sont intimement liées aux fluctuations économiques de la ville, « tout comme les bateaux sont à la merci des vagues. »


    Li Junhui est un photographe maintes fois primé originaire de la province de Shandong en Chine et basé à Pékin. Vous pouvez découvrir son travail sur son site ou le retrouver sur InstagramMuyi Xiao est éditeur visuel pour ChinaFile, un webzine édité par le Center on U.S.-China Relations, lui-même administré par Asia Society.
    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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