Marée verte : le retour des algues vertes inquiète la Bretagne

Cette année, les algues vertes sont arrivées en Bretagne avec six semaines d’avance. Un phénomène qui inquiète les chercheurs car les sulfates d’hydrogène qu’elles contiennent peuvent être mortelles pour l’Homme.

De Arnaud Sacleux
Publication 5 juil. 2019, 17:16 CEST
Les associations appellent aujourd'hui à baisser le plafond de fertilisation azotée des parcelles dans les zones ...
Les associations appellent aujourd'hui à baisser le plafond de fertilisation azotée des parcelles dans les zones sensibles et un changement profond des pratiques agricoles afin d'endiguer les marées vertes, potentiellement dangereuses pour les animaux et pour les Hommes.
PHOTOGRAPHIE DE tasfotonl, getty images via istock

Chaque année, les algues vertes prolifèrent sur les côtes bretonnes, nourries par les pratiques agricoles intensives. Cette année, c’est avec six semaines d’avance par rapport aux années précédentes qu’elles sont apparues. Plusieurs baies sont envahies, dont celle de Saint-Brieuc. En conséquence, plusieurs plages ont été fermées alors que démarre la période estivale. Les associations appellent à des mesures plus fermes pour lutter contre ce fléau, parfois mortel.

 

L’AGRICULTURE EN CAUSE ?

La baie de Saint-Brieuc concentre à elle-seule 70 % des zones d’échouage d’algues vertes du littoral breton, échouage qui dépend de plusieurs facteurs. Les algues, qui se nourrissent de nutriments présents dans les cours d’eau comme l’azote et le nitrate issus de l’agriculture, prolifèrent et prospèrent sous forme de marées vertes grâce à des conditions météorologiques favorables ; de fortes précipitations en juin favorisant la crue des cours d’eau et donc l’apport en nitrates, ainsi qu'un ensoleillement important.

Le manque de pluie en sortie d’hiver peut également être un phénomène météorologique aggravant. Si le temps est sec, les nitrates issus de l’agriculture ne se dispersent pas et se retrouvent stockés dans les sols qui ne sont pas « lavés », jusqu’à être lessivés en masse lors des pluies de printemps. Les concentrations sont telles que les algues s’en repaissent et prolifèrent.

« Depuis 10 ou 15 ans, il y a une très nette baisse de la concentration en nitrates des cours d'eau » reconnaît Sylvain Ballu, chargé d’études au Centre d’Étude et de Valorisation des Algues (CEVA). « Mais les nappes phréatiques mettent des années à se décharger de ces nitrates. » De son côté, les associations réclament des mesures d’urgence contraignantes, face au rechignement des élus à investir pour lutter contre cela, préférant travailler en amont sur les flux d’azote. « Pour les marées noires, les moyens techniques sont importants mais quand il s'agit de marées vertes, on ramasse encore au tracteur comme nos grands-parents » dénonce Mickaël Cosson, maire de Hillion, qui préconise un ramassage directement en mer afin d’endiguer les marées vertes.

Les associations appellent également aujourd’hui à baisser le plafond de fertilisation azotée des parcelles dans les zones sensibles et un changement profond des pratiques agricoles. « On peut respecter la réglementation et générer malgré tout des pollutions » remarque Sylvain Ballu. Dans certaines zones sensibles, 20 mg de nitrates par litre suffisent à provoquer des marées vertes, alors que les normes en France sont de 50 mg/L.

 

MORTELLES POUR LES ANIMAUX ET POUR L’HOMME

Les algues ne sont toxiques qu’une fois sèches, lorsque la marée les dépose sur la plage. « Les algues vertes vivantes ne sont absolument pas dangereuses, elles sont même consommables » explique Alain Menesguen, chercheur au laboratoire d’écologie benthique au Centre Ifremer Bretagne. « Le problème, c’est quand elles s’accumulent sur les plages et qu’elles sèchent. Des bactéries transforment alors les sulfates en sulfure d’hydrogène, qui s’incruste sous une couche imperméable. »

Si cette couche se brise lorsqu’un animal ou un individu marche dessus par exemple, le sulfure d’hydrogène s’échappe et une bouffée peut être mortelle si inhalée. « Il faut absolument éviter de marcher sur les tas en décomposition, que l’on peut repérer à l’odeur d’œuf pourri » ajoute le chercheur.

Depuis les années 1970, au moment des premières proliférations d’algues vertes sur le littoral breton, près de trois personnes et trente-neuf animaux sont morts à cause de ces vasières d’algues vertes.

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