Le tourisme hivernal accélère la fonte des glaciers

Un différend entre le WWF et le domaine skiable de Pitztal concernant des travaux sur son glacier, en Autriche, soulève la question de l’impact écologique des sports d’hiver sur l'écosystème montagneux.

De Paul Chigioni
Publication 27 sept. 2019, 12:03 CEST
Le différend entre le WFF et le domaine de Pitztal concernant des travaux sur le glacier ...
Station de ski Hintertux, Tyrol, Autriche
PHOTOGRAPHIE DE Mb Birdy

L’été dernier, le Fonds mondial pour la nature (WWF) d’Autriche a publié des photos montrant des pelleteuses creusant sur le glacier Pitztal, en Autriche. L’organisation non gouvernementale explique dans un communiqué qu’ils sont en partie liés à un projet d’extension du domaine skiable entre le glacier Pitztal et le domaine Ötztal, information largement reprise dans les médias du monde entier depuis le début du mois de septembre. Faux, rétorquent les promoteurs de la station de ski dans un droit de réponse publié par Montagne Magazine. Il s’agirait de travaux de préparation annuels du domaine skiable.

Mais ce n’est pas la première fois que la refonte de domaines skiables fait polémique. En France en 2016, des travaux sur le domaine de l’Alpe d’Huez avait commencé sans que leurs instigateurs n’aient réalisé d’étude d’impact environnemental, d’après un article paru dans Libération.

 

LA FRAGILITÉ PARTICULIÈRE DES GLACIERS

Que ce soit des travaux saisonniers pour préparer les pistes skiables ou l’aménagement de nouveaux tracés, les techniques utilisées restent trop rudimentaires pour Sylvain Coutterand, glaciologue associé au CNRS. « Le fait de tailler à la pelleteuse pour niveler la surface d’un glacier et boucher les crevasses forme un mélange air glace au sein de sa surface, ce qui accélère la fusion de la glace. »

Comprendre : les glaciers

Le cas de Pitztal est d’autant plus préoccupant en raison de sa petite taille et d'une zone d’alimentation située vers les 3300-3400 mètres. « La zone d’alimentation, c’est-à-dire là où la neige se transforme en glace, se situe dans une aire particulièrement vulnérable au réchauffement climatique, car il n’y aura plus de neige éternelle dans ce secteur dans quelques années. » ajoute Sylvain Coutterand. En d’autres termes, les brusques interventions de l'Homme pour développer le tourisme hivernal fragilisent encore un peu plus les glaciers déjà aux prises avec le réchauffement climatique. Il faut rappeler que la fonte des glaciers à un impact direct pour la population, car ils représentent le deuxième stock d’eau douce après les réserves d’eau souterraine.

 

LA MISE AU VERT DES DOMAINES SKIABLES

L’impact environnemental des préparations de pistes skiables n’est qu’un exemple parmi d’autres des conséquences du tourisme hivernal sur les écosystèmes montagneux. C’est partant de ce constat que le label français Flocon vert a été créé en 2011 pour soutenir les démarches écoresponsables des stations de ski. Trente et un critères essentiels ont été sélectionnés par l’association Mountain Riders en charge du label sur des sujets variés comme la préservation de la faune et la flore, les transports et la gestion des déchets.

On peut citer la communauté de communes de la Vallée de Chamonix Mont-Blanc labélisée en 2013 puis renouvelée en 2017 qui a limité à 11 % la surface totale de ses sites recourant à la neige de culture. Un effort notable quand on sait que ce procédé, qui consomme des quantités d’eau considérables, est de plus en plus employé pour faire face à la diminution de l’enneigement et attirer les amateurs de sport d’hiver en toutes circonstances. À titre de comparaison, il faudrait 4 000 m3 d’eau par an pour un hectare de piste enneigé artificiellement. L’équivalent d’une piscine olympique, d’après le magazine Basta qui a réalisé une enquête à ce sujet.

Dans le cas du projet de fusion entre les stations de Pitztal et de Sölden auquel le WWF faisait référence, qui prévoit une extension de 64 hectares de nouvelles pistes de ski, il dépendra des résultats d'une étude d’impact sur l’environnement débutée en mai dernier, d’après l’AFP.

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