Les glaciers des Pyrénées pourraient disparaître avant 2050

Avec le réchauffement climatique, les glaciers pyrénéens se sont réduits comme peau de chagrin. Ils devraient disparaître d’ici à 2050.

De Marie-Amélie Carpio
Publication 3 juil. 2020, 17:21 CEST, Mise à jour 20 mai 2021, 11:43 CEST
Le glacier d’Ossoue photographié en 2000.

Le glacier d’Ossoue photographié en 2000.

PHOTOGRAPHIE DE Pierre René

Ce n’est plus un constat alarmant, c’est un avis de décès. « Le glacier d’Arriel, glacier le plus à l’ouest des Pyrénées, a disparu, comme 50% des glaciers pyrénéens ces dernières années. Ils disparaîtront probablement tous d’ici 2040 », indique une plaque qui a été apposée en octobre 2019 sur le refuge du pic d’Arriel, après que ses dernières glaces ont fondu. In memoriam

Pour le glaciologue Pierre René, l’affaire est entendue et le funeste scénario inéluctable : « En 2050, vu la tendance actuelle, il sera très compliqué d'avoir encore des glaciers dans les Pyrénées, à l'exception peut-être, à certains endroits, de résidus bien protégés aux pieds des falaises. » 

Le glaciologue a fondé l'association Moraine en 2001 pour assurer le suivi annuel des glaciers pyrénéens. Son dernier rapport confirme leur délitement, observé sur 18 ans de relevés dans le massif. La chaîne montagneuse en comptait une centaine en 1850, répartis entre l’Espagne et la France. Au début du XXe siècle, ils n’étaient plus que 44.

Aujourd’hui, leur nombre est tombé à 23. Au fil de cette spectaculaire régression, les glaciers pyrénéens ont perdu 90% de leur superficie, contre 50% pour ceux des Alpes, précise le rapport. « Dans les Pyrénées, dont les plus hauts sommets culminent à un peu plus de 3000 m, les glaciers se trouvent dans la frange limite de leurs conditions d’existence, ce qui les rend particulièrement sensibles aux moindres variations du climat, explique Pierre René. Il suffit que la température se modifie de quelques dixièmes de degrés pour qu’on bascule et que la montagne perde sa capacité à conserver des neiges éternelles et des conditions favorables à la persistance des glaciers. » Or, la température a augmenté de 1,2°C en 60 ans dans le massif d’après l’OPCC, l’Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique.

L’association Moraine suit l’évolution de 9 glaciers représentatifs, parmi les 15 qui subsistent encore dans les Pyrénées françaises. De 2002 à 2019, leur superficie est passée de 140 à 79 hectares. L’année 2019 compte parmi les plus déficitaires enregistrées. Pour qu’un glacier se régénère, environ 60% de sa surface doit être encore recouverte de neige à la fin de l’été. Celle-ci compensera la fonte en se tassant et en formant une nouvelle couche de glace.

Or, en 2019, 8% seulement de la surface des 9 glaciers était encore en neige à cette période, contre 27% en moyenne sur les 18 ans de mesures. La fonte a été particulièrement sévère pour le glacier d’Ossoue. Le plus vaste de la chaîne côté Hexagone, et le plus scruté, a vu son épaisseur diminuer de 3 m en un an.

Le glacier de la  Brèche de Roland  est un de plus célèbres parmi les disparus.

PHOTOGRAPHIE DE Cotitoo, Flickr

Quel que soit le scénario d'évolution des températures dans les décennies à venir, le sort des glaciers pyrénéens est scellé. « Même si on stabilisait d'un coup les conditions climatiques, ils continueraient à fondre un peu et devraient s’élever vers de plus hautes altitudes pour atteindre un état d’équilibre, souligne Pierre René. Dans les Alpes, leur partie inférieure va disparaître mais ils conserveront de la glace en haute altitude.

Dans les Pyrénées, il y a tellement peu de marge que c’est perdu d'avance. Si les glaciers pyrénéens sont trop petits pour que leur retrait ait un impact sur les ressources hydriques de la région, leur fonte signe en revanche une perte de biodiversité, leurs glaces abritant des micro-organismes endémiques comme la puce des glaciers. Elle marque aussi la fin de paysages emblématiques.

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    Glacier du Seil de la Baque, 1890-2007

    PHOTOGRAPHIE DE Association Moraine

    Parmi les disparus les plus célèbres figure ainsi le glacier de la brèche de Roland. Sur ce site, dont l’évocation a bercé des générations d’écoliers, la disparition de la glace, qui servait de marchepied pour atteindre la crête, a laissé place à une falaise rocheuse, rendant son accès plus difficile.

    Quant aux glaciers des Alpes, s’ils résistent mieux au réchauffement climatique, leur temps est aussi compté. Selon une étude publiée par des chercheurs suisses dans le journal The Cryosphere l’an dernier, en fonction des divers scénarios d’évolution des concentrations de gaz à effet de serre, de deux-tiers à plus de 90 % des glaciers alpins pourraient avoir disparu d’ici à 2100.

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