L'Antarctique, objet de toutes les convoitises

Territoire de coopération internationale, l’Antarctique est aussi un terrain de rivalités à fleurets mouchetés entre les nations, où les convoitises s’affirment de plus en plus.

De Marie-Amélie Carpio, National Geographic
Publication 26 nov. 2021, 11:26 CET
Le statut de territoire voué « à la science et à la paix », selon les termes ...

Le statut de territoire voué « à la science et à la paix », selon les termes du Traité sur l'Antarctique en vigueur depuis 1961, fait du sixième continent une utopie géopolitique unique au monde. Aujourd'hui, le Traité compte 54 États parties, dont 29 pays décisionnaires, dont la légitimité à participer à la gouvernance de l'Antarctique repose d'abord sur les activités scientifiques qu'ils y mènent.

PHOTOGRAPHIE DE Emanuela Ascoli

Son statut de territoire voué « à la science et à la paix », selon les termes du Traité sur l'Antarctique en vigueur depuis 1961, fait du sixième continent une utopie géopolitique unique au monde. Aujourd'hui, le Traité compte 54 États parties, dont 29 pays décisionnaires, dont la légitimité à participer à la gouvernance de l'Antarctique repose d'abord sur les activités scientifiques qu'ils y mènent.

De fait, la science reste la grande affaire des nations présentes sur le territoire, qui compte près de 80 bases de recherches. Pourtant, dans les coulisses de cette « copropriété », telle que la qualifie l'ambassadeur pour les pôles Olivier Poivre d'Arvor, affirmations feutrées de souveraineté et arrière-pensées géostratégiques n'ont cessé de s'exprimer. Jeux de pouvoirs et luttes d'influence rythment encore aujourd'hui en sourdine le jeu antarctique. Mais alors que de nouveaux acteurs et des enjeux inédits apparaissent, les possibilités d'entorses à la sanctuarisation du territoire se multiplient.

Pour l'instant le statu quo tient, mais pour combien de temps ? État des lieux avec Mikaa Mered, enseignant en géopolitique des Pôles à Sciences Po, auteur du livre Les Mondes polaires.

Mikaa Mered, enseignant en géopolitique des Pôles à Sciences Po et auteur de Les Mondes polaires, aux éditions PUF.

PHOTOGRAPHIE DE Aldo Soares

Vous rappelez dans votre livre que le Traité sur l'Antarctique, qui voue le continent à la science et à la paix, n'est pas le fruit d'une vision romantique, mais de luttes d'influence. Comment ce mode de gouvernance s'est-il imposé ?

Dès les années 1920, puis dans les années 1940-50, des ONG, notamment féministes, ont demandé une gestion onusienne de l’Antarctique. Ils proposaient qu’elle devienne une terre appartenant à tous et gérée par tous, symbole de la possibilité d’une gouvernance pacifique et mondialisée. Les États-Unis ne savaient pas sur quel pied danser entre cette gestion onusienne et une gestion de club, assurée par eux-mêmes et les sept pays possessionnés (ndlr : ayant des revendications territoriales en Antarctique : Argentine, Chili, Nouvelle-Zélande, Australie, France, Norvège et Royaume-Uni).

C’est d’abord la science qui a rassemblé les volontés. Les États s’interrogeaient à l’époque sur leur vulnérabilité due à leur méconnaissance des dynamiques climatiques, ce qui a conduit 12 pays à construire des stations scientifiques en Antarctique lors de la 3e année polaire internationale, en 1957-58. Le Chili, l’Argentine et l’Australie soulevèrent alors une question-clé : que faire si les Soviétiques faisaient de l’Antarctique une zone de tir pour contrôler l’hémisphère sud ? C’est ainsi que la diplomatie scientifique fut utilisée opportunément pour prévenir d’éventuels risques sécuritaires.

Plusieurs coalitions de pays sont alors apparues. Un groupe mené par la Nouvelle-Zélande et l’Inde demanda, en vain, que l’Antarctique soit géré par l’ONU. Un deuxième, formé par les États possessionnés, plaida pour que le territoire soit militarisable à des fins uniquement défensives, en reconnaissant le fait qu’il serait impossible d’éjecter l’URSS de l’Antarctique par la force et en allant jusqu’à offrir de céder une partie de leur revendication territoriale aux États-Unis. Un troisième groupe, mené par l’Union Soviétique, estimait que le continent devrait rester une terre neutre, sans être géré par l’ONU ni uniquement par les États possessionnés autoproclamés. C’est finalement une négociation bilatérale entre Moscou et Washington qui, dans la logique des blocs de la guerre froide, a débouché sur le Traité sur l'Antarctique qui consacre la coopération scientifique comme un moyen d’assurer la paix. Puis, sous la pression des pays du G77, de l’Inde, de la Chine et de l’OUA (ancêtre de l’Union Africaine), les États parties au Traité durent élargir la gouvernance du continent dans les années 1980 et 1990.

 

Bien que la science constitue la préoccupation première des pays présents en Antarctique, ils n'ont cessé d'affirmer leur souveraineté ou d'avancer leurs pions en sourdine sur le territoire. Les bases scientifiques en particulier ne sont pas des outils neutres.

La science a été instrumentalisée par les pays possessionnés ou par ceux - les États-Unis et la Russie - se réservant le droit d’émettre des revendications territoriales. Ils ont mis en avant leurs stations permanentes en Antarctique comme une base de légitimité. Depuis les années 1940, le Chili et l’Argentine n’ont eu de cesse de construire des stations, dont certaines ont aussi été des bases militaires, sur le territoire qu’ils revendiquaient. L’Argentine en possède 13 aujourd’hui et le Chili neuf. Les deux États ont aussi fondé deux micro-colonies dans les années 1970-1980, le fortin Sergent Cabral et le village Las Estrellas. Des populations civiles y ont été installées, avec des femmes enceintes pour qu'elles accouchent en Antarctique et des écoles pour y vivre en famille.

Les Soviétiques ont quant à eux construit jusqu’à 13 bases dans l’ensemble des territoires revendiqués par d’autres pays. Les États-Unis ont aussi voulu être présents sur les zones les plus stratégiques : la Péninsule antarctique, la mer de Ross et le pôle Sud géographique.

La stratégie de pénétration actuelle de la Chine en Antarctique répond aux mêmes dynamiques. Pékin dispose de quatre bases et une cinquième en construction sur les points-clés du continent : la péninsule antarctique, la baie de Prydz qui est la porte d’entrée vers le Dôme A, point culminant de l’Antarctique, et la mer de Ross, porte d’entrée vers le pôle Sud, qui abrite la plus grande station américaine et les plus grandes réserves d’hydrocarbures estimées du continent.

Les stations de Taishan et Kunlun ont été construites sur la route du Dôme A, sur le territoire revendiqué par les Australiens et que la Chine conteste. C'est aussi un coup de canif dans la logique du découpage en quartiers de pomme du territoire antarctique qui a prévalu jusqu'à présent : chaque État possessionné revendique un espace qui va du littoral au pôle Sud. Or, la Chine s’est installée là où les Australiens eux-mêmes n'avaient jamais mis les pieds sur le territoire qu'ils revendiquent, et où ils n'ont pas la capacité d'aller (ndlr : des emails de l'administration australienne ont fuité en 2019, dans lesquels elle reconnaissait ne pas avoir les moyens opérationnels de se rendre sur les sites des stations chinoises installées sur sa revendication, provoquant un tollé dans le pays).

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    Dans le cadre du traité sur l’Antarctique, deux états se sont réservé le droit d’émettre une revendication territoriale ultérieure : États-Unis et Russie.

    PHOTOGRAPHIE DE Mikaa Mered, PUF 2019

    La cinquième base chinoise en construction, sur l'île Inexpressible, en mer de Ross, est un cas problématique. Il s'agit de la première station scientifique érigée sans l'aval des autres nations. Est-ce une rupture inquiétante ?

    Selon le Protocole de Madrid, la Chine était censée soumettre une étude d’impact environnemental avant d’engager les travaux de construction de sa station. Or elle ne l’a pas fait. D’après certains spécialistes, elle aurait voulu éviter de se faire opposer une fin de non-recevoir non seulement pour des raisons environnementales mais aussi géopolitiques.

    C’est un précédent qui fera tache d'huile, mais on ignore si c’est la Chine qui le reproduira, ou d’autres pays. Certains spéculent que la Turquie pourrait être la prochaine à s’affranchir de cette règle. De fait, aujourd'hui, les États qui ne se comportent pas selon les règles du Traité sur l'Antarctique et du Protocole de Madrid ne peuvent pas être punis. Il n'existe pas de système de coercition permettant de limiter les ambitions d'une puissance antarctique.

     

    Face aux ambitions chinoises, mais aussi au nombre croissant d'acteurs, en particulier du Moyen-Orient et de l'Asie, qui vont entrer dans le Traité de l'Antarctique, comment les puissances possessionnées vont-elles continuer à faire valoir leurs revendications ?

    Dans les années 2020-2040, un certain nombre de nouveaux pays qui n'existaient pas dans le jeu antarctique il y a 40 ans vont en devenir partie prenante. Pour affirmer leur souveraineté, les États possessionnés développent de nouveaux narratifs, symboles et lieux de pèlerinage en utilisant les chaînes d’info d’État, l’industrie de la publicité et les touristes comme ambassadeurs de leur revendication. Par exemple, 98% des touristes qui vont en Antarctique passent par l'Amérique du Sud : ils deviennent donc un vecteur privilégié pour le Royaume-Uni, le Chili et l'Argentine qui perpétuent leur concurrence pour la souveraineté sur la Péninsule antarctique en y développant des circuits touristiques locaux ponctués par des musées, des bâtisses symboliques ou encore des lieux de célébration de mariages, des remontées mécaniques pour pratiquer le ski, des festivals culturels et des manifestations sportives d’envergure mondiale. Tout cela reste pacifique, les trois pays ayant plus intérêt à faire en sorte que le statu quo perdure.

     

    Vous soulignez dans votre ouvrage qu'il est déjà remis en cause en ce qui concerne la démilitarisation. Pourquoi ?

    La plupart des termes du Traité de l'Antarctique relatif à la démilitarisation ne sont pas définis et/ou ont été rendus obsolètes par les évolutions technologiques. Le Traité ne définit pas la notion d’"activités pacifiques" qui sont autorisées. De même, il "ne s’oppose pas à l’emploi de matériel militaire pour la recherche scientifique". Dans les années 1950-1970, les scientifiques avaient besoins des militaires pour atteindre l’Antarctique et y travailler. Cela reste le cas aujourd’hui, mais de nombreux pays s’engouffrent dans cette brèche du Traité pour y mener des activités militaires, certes pacifiques mais belles et bien militaires de nature. Par exemple, les stations en Antarctique qui recueillent des données de satellites d'observation optique en orbite polaire pour surveiller le continent et d’autres zones du monde créent des tensions. Il s'agit de renseignements de nature militaire, récupérés en Antarctique notamment pour des raisons de confidentialité — les données ayant moins de chances d'être interceptées dans cet environnement isolé — mais comme elles ne sont pas analysées en Antarctique même, cela ne contrevient pas à la lettre du Traité.

    Pour éviter l’installation de moyens offensifs illégaux, tous les pays partie au Traité a un droit de regard et d'accès aux bateaux ou stations du continent sans limitation. Mais certains États comme le Chili, l'Argentine, la Norvège ou la France cachent de moins en moins leur inquiétude grandissante vis-à-vis des activités potentiellement militaires de la Chine.

     

    L'exploitation offshore d'hydrocarbures bat son plein au large de la Terre de Feu, aux frontières de l'Antarctique, en particulier avec le champ gazier de Vega-Pléyade, une concession argentine opérée par Total. Les savoir-faire mis en œuvre dans ce milieu subpolaire ne sont pas très différents de ceux qui devraient être mobilisés en Antarctique. Le risque d'une exploitation des hydrocarbures du continent est-il réel ?

    Le potentiel de l'Antarctique en termes de gaz et de pétrole est extrêmement flou. Au début des années 1990, l’USGS, l’Institut d'études géologiques des États-Unis, a estimé grossièrement qu’il pouvait aller jusqu’à 200 milliards de barils équivalents pétrole, principalement en mer de Weddell et en mer de Ross, soit un peu plus que l’Arabie Saoudite ou le Venezuela, qui sont les premières réserves estimées dans le monde. Le Protocole de Madrid est un cadre contraignant, mais il n'interdit pas tout. L’exploitation minérale est interdite sauf à des fins scientifiques. Rien n’empêche donc un État qui voudrait une autonomie de connaissance sur ces ressources naturelles éventuelles de mener un programme de recherche scientifique.

    Et c’est justement ce que fait la Russie : l’organisme géologique d’État, Rosgeologia, a mené une étude sismique durant l’été austral 2019-2020 dans la partie offshore de revendication norvégienne, au large de la terre de la Reine-Maud. C'est une première pour la Russie depuis l'entrée en vigueur du Protocole de Madrid, et elle communique dessus de manière très ouverte : le but avoué est de quantifier le potentiel de gaz et de pétrole offshore dans la zone. Elle applique la stratégie qu'elle a annoncée dès 2011 (ndlr : la feuille de route que les Russes ont présentée à l'époque sur l'Antarctique prévoyait de « renforcer la capacité économique de la Russie grâce à l’utilisation de ressources biologiques marines disponibles dans l’océan Austral et aux investigations complexes portant sur les ressources minérales, en hydrocarbures et autres ressources naturelles de l’Antarctique »). En 2020, ils ont annoncé qu'ils pourraient aller plus loin avec un forage exploratoire. S'ils le mènent à bien, ce sera le premier vrai grand test de la solidité du Protocole de Madrid.

    Par ailleurs, vu la situation politique et socio-économique difficile du Chili et de l’Argentine, on peut se demander si un leader populiste de l’un ou l’autre pays ne serait pas tenté, pour des raisons économiques ou nationalistes, de faciliter la venue de pétroliers ou de gaziers sur la péninsule antarctique dans les années à venir.

    Jeux de pouvoirs et luttes d'influence rythment encore aujourd'hui en sourdine le jeu antarctique.

    PHOTOGRAPHIE DE Mikaa Mered, PUF 2019

    De façon plus immédiate, un nouveau business est en train d'émerger, celui de la récolte d'icebergs qui se sont détachés de la banquise pour fournir une source d'approvisionnement en eau douce.

    Il existe deux projets, l'un relativement avancé, l'autre en cours de développement. Le premier est sud-africain, avec des ingénieurs norvégiens, anglais et français à la manœuvre. Il est en bonne voie, les investissements ont été réunis pour le développer dans les dix prochaines années au maximum. Il y a un marché, car remorquer de grands icebergs tabulaires de l'Antarctique coûterait, selon les promoteurs de l’idée, moins cher que de construire de grands pipelines d'eau depuis l’intérieur du continent africain ou de dessaler l’eau de mer. Le deuxième projet est l’œuvre d’investisseurs des Émirats Arabes Unis qui imaginent récupérer des icebergs sur la façade sud de l'océan Austral à partir d’infrastructures situées dans le sud-ouest de l’Australie, mais il est beaucoup plus balbutiant.

    Ces projets contreviennent-ils au Protocole de Madrid ? L’article 3 interdit toute activité qui aurait une modification profonde sur l'écosystème de l'Antarctique. Aujourd'hui, les juristes débattent pour savoir si le prélèvement d'icebergs en constitue une.

     

    Étant donné la multiplication des acteurs impliqués dans le jeu antarctique et l'émergence de nouveaux enjeux, les textes qui le régissent sont-ils encore des instruments efficaces ?

    Certains aspects du Traité sur l'Antarctique ou du Protocole de Madrid peuvent être considérés comme obsolètes, ou en tout cas relativement inadaptés à certaines évolutions, notamment militaires. Mais on peut aussi considérer qu'ils permettent de verrouiller la situation et de préserver le statu quo, ce qui est mieux que rien. C'est pourquoi beaucoup d'États-parties — en particulier la France mais aussi l'Australie ou la Nouvelle-Zélande — veulent coûte que coûte préserver le système existant plutôt qu'ouvrir la boîte de pandore d'une renégociation des textes.

    La vraie question pour les chancelleries occidentales est la suivante : est-ce qu'un pays, et lequel, pourrait sortir du Traité pour mener des activités militaires offensives ou d'exploitation minérale en Antarctique ? Les avis divergent largement en la matière, mais l'attitude du Japon vis à vis de la chasse à la baleine laisse penser que ce scénario est plausible à long terme, en ce qui concerne l’exploitation pétro-gazière et/ou minière. Les baleines descendant de plus en plus au sud, les chasseurs japonais les ont suivies jusqu'à pénétrer dans la zone d'application de la convention pour la conservation des ressources marines de l'Antarctique. Ils ont d'abord fait cette chasse à la baleine avec des bateaux labellisés comme scientifiques, avant de sortir de la commission baleinière internationale, il y a 2 ans. L'autre point qui fait craindre que ce scénario se réalise tient à l'attitude de la Chine et de la Russie.

     

    L'ambassadeur pour les pôles, Olivier Poivre d'Arvor, a dénoncé récemment le « décrochage » de la France en Antarctique, les moyens consentis étant « très faibles comparés aux enjeux stratégiques. » Notre pays a longtemps eu une voix à part, peut-il encore se faire entendre dans le jeu antarctique ?

    La France devait jusqu'à présent son ascendant diplomatique au fait qu'elle a été l'un des premiers États à avoir été en Antarctique, avec Dumont d'Urville puis le commandant Charcot. Elle a aussi été un pays pionnier par ses recherches scientifiques, qui ont permis dans les années 1970-1980 de donner les premières clés d'analyse sur le climat via l'étude des carottes de glace et de démontrer la réalité du réchauffement climatique généré par l'homme. Elle avait aussi un poids à part en tant que nation à l'origine, avec l'Australie, du Protocole de Madrid. Mais elle n'a plus la même envergure, ni la même capacité d'influence par manque d'investissements. L'Institut polaire français dispose de moyens limités, même si un amendement au projet de loi de finances 2022 lui permettra de compenser les pertes des dix dernières années.

    Notre pays n'est plus dans le top 5 des puissances antarctiques en termes de budget alloué à recherche. Cela tient au fait que l'Antarctique est un sujet trop lointain pour nos décideurs et encore plus lointain pour les électeurs. Dans les années 1940-1950, un explorateur comme Paul-Émile Victor était très populaire. Aujourd'hui, depuis Jean-Louis Étienne, on ne glorifie plus ceux qui sacrifient leur vie pour les pôles. Le prestige polaire vit désormais ailleurs : en Chine, en Russie, en Turquie ou même juste au Royaume-Uni ou en Allemagne, où les gens des Pôles sont présentés comme des héros de la nation. Redonner une valeur à notre engagement polaire est une nécessité stratégique sur le long terme !

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