Cet explorateur a trouvé le moyen de lutter contre la déforestation

L'explorateur National Geographic Topher White a imaginé un moyen astucieux pour détecter les premiers bruits de l'exploitation forestière illégale.

De Christina Nunez
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Topher White a entrepris de protéger la forêt tropicale humide en Indonésie, à l'image de celle illustrée ci-dessus, en prêtant l'oreille à ses différents bruits.
PHOTOGRAPHIE DE Michael Nichols, National Geographic Creative

Topher White passe une grande partie de son temps à marcher dans à la forêt aussi rapidement que celle-ci disparaît. À tel point qu'il s'est blessé à l'œil, frappé de plein fouet par des branches d'arbres.

Mais ce n'est là qu'un modeste exemple de ce que l'ingénieur est prêt à endurer pour lutter contre la déforestation à l'échelle mondiale. Fondateur de l'organisation à but non lucratif Rainforest Connection située à San Francisco, Topher White a mis au point une stratégie simple mais ingénieuse : détecter les bruits caractéristiques de l'abattage des arbres par le biais d'anciens téléphones portables.

Les forêts disparaissent à travers le monde à une vitesse folle : chaque année, des zones mesurant la moitié de la superficie de l'Angleterre sont décimées. L'Amazonie a perdu près d'un cinquième de sa forêt tropicale au cours des quatre dernières décennies.

La déforestation nuit non seulement à la faune, dont de nombreuses espèces pour lesquelles la forêt est l'unique habitat, mais représente également environ 17 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale, responsables du changement climatique.

« À mes débuts, je n'étais absolument pas au courant de tout cela », déclare Topher White, qui a débuté son périple en 2011 lors de son voyage dans la région indonésienne de l'île Bornéo, afin de lutter contre la baisse du nombre de gibbons.

« Je pensais que le principal enjeu consistait à protéger les petites régions ainsi que les animaux », a-t-il récemment déclaré à National Geographic. « Or, la déforestation est en réalité l'un des facteurs les plus importants du changement climatique. »

Selon lui, entre 50 % et 90 % de l'abattage des arbres effectué dans les forêts tropicales de la planète est illégal ; la détection des tronçonneuses et autres bruits relatifs à cette activité peut s'avérer compliqué, à cause de la cacophonie naturelle de la forêt.

Il a donc conçu un système qui prévoit l'installation d'un téléphone mobile chargé en permanence par des piles solaires, auquel il attache un microphone supplémentaire ; il ne lui reste plus qu'à tendre l'oreille. Depuis sa base, l'appareil est capable de détecter les bruits de tronçonneuse à près d'un 1,60 kilomètre à la ronde. (Si vous souhaitez faire un don de téléphone, rendez-vous ici).

Et, croyez-le ou non, la réception du réseau n'est la plupart du temps pas mauvaise au cœur de la forêt tropicale. En haut de la canopée, « vous pouvez capter un signal venant d'assez loin », affirme Topher White, qui s'est également vu remettre le titre d'Emerging Explorer de National Geographic 2015.

Plus tôt dans l'année, Topher White a pris la parole lors du « Further Base Camp » de National Geographic à Austin, au Texas.
PHOTOGRAPHIE DE Earl Gibson III, Getty Images for National Geographic

UN SUCCÈS RAPIDE

Pour pouvoir mettre en place ce stratagème 24h/24, il a ajouté un « système d'analyse de données à l'ancienne », de façon à ce que les téléphones mobiles puissent distinguer le bruit d'une tronçonneuse des autres sons de la forêt.

Le dispositif est en mesure de détecter automatiquement toute activité de coupe forestière et d'envoyer un message d'alerte aux autorités, qui peuvent ensuite en déterminer la légalité et y mettre un terme.

Lors du deuxième jour de test du dispositif sur l'île de Sumatra, en Indonésie, Topher White et des gardes-forestiers ont relevé un bruit de tronçonneuse au sein de la forêt. Ils se sont alors rendus sur les lieux des faits, ont pris en flagrant délit des bûcherons illégaux et les ont dissuadés de continuer.

Depuis, l'explorateur a mis à profit ses appareils au Cameroun, en Équateur et au Brésil. Ses détecteurs ont acquis une certaine renommée, à tel point qu'il fait face à des difficultés pour répondre à la demande élevée arrivant de plus de 20 pays. L'intérêt pour ce dispositif va au-delà de la déforestation.

« Nous recevons beaucoup de demandes d'utilisation à des fins de localisation des coups de feu en zone urbaine », explique-t-il. Les capteurs pourraient également servir à détecter les bateaux de pêche illégaux en mer.

 

ATTRIBUER DES MOYENS AUX GUERRIERS DES FORÊTS TROPICALES

Topher White fait remarquer qu'il n'est pas seul dans cette lutte : les personnes et les organisations qui œuvrent sans relâche afin de freiner la disparition des forêts ne manquent pas.

Selon lui, les peuples indigènes, entre autres, sont particulièrement impliqués dans la sauvegarde des forêts.

« Si vous pouvez ne serait-ce que leur donner les moyens de faire leur travail de façon plus efficace, vous êtes alors en mesure de réduire l'impact sur le changement climatique. C'est peut-être le moyen le moins cher et le plus rapide d'y mettre un terme. »

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