Des vagues de chaleur mortelles pourraient toucher l'Asie du Sud Est d'ici 2100

Si les émissions carbone ne sont pas réduites, le changement climatique pourrait rapidement exposer 1,5 milliard de personnes à une humidité et une chaleur mortelles en Asie du Sud-Est.

De Stephen Leahy
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Une femme se promène sur des terres asséchées dans le village de Basudevpur dans le district de Bhadrak, en Inde. Une grande partie de l'Asie du Sud devient de plus en plus chaude et humide, une tendance qui devrait désormais s'accélérer si les émissions de gaz à effets de serre ne sont pas rapidement réduite.
PHOTOGRAPHIE DE Biswaranjan Rout, Ap

L'Asie du Sud-Est, où vit un cinquième de la population mondiale, pourrait connaître des vagues de chaleur insoutenable sans protection adaptée d'ici la fin du siècle, selon une nouvelle étude. Les régions les plus touchées par le changement climatique se trouvent dans le nord de l'Inde, au Bangladesh et au sud du Pakistan, où vivent près d'1,5 milliard de personnes. Ces régions comptent aussi parmi les plus pauvres de l'Asie du Sud. Beaucoup d'entre elles dépendent d'une agriculture de subsistance qui demande de longues heures de travail en extérieur.

« Toutes ces conditions rendent ces populations très vulnérables aux changements climatiques, » explique Elfatih Eltahir, Professeur d'ingénierie environnementale au MIT et co-auteur de l'étude.

L'étude montre qui si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas drastiquement et rapidement réduites, ces vagues de chaleurs mortelles pourraient toucher la région dans quelques décennies, avec des effets dévastateurs sur les terres fertiles de l'Indus et du Gange qui nourrissent majoritairement la région.

Une limitation des émissions carbone prévue dans l'Accord de Paris pourrait toutefois réduire de manière conséquente les risques pour cette région du monde.

« La réduction des émissions carbone aura de nombreuses conséquences pour la vie des personnes les plus vulnérables de la région. Ce n'est pas un concept abstrait, » continue Eltahir.

L'étude, publiée mercredi dans Science Advances, repose sur une modélisation météorologique qui permet d'anticiper les futures perturbations climatiques dans l'Asie du Sud-Est, qui est déjà une des régions les plus chaudes du monde. Les conséquences sanitaires liées à la chaleur sont nombreuses et sont le résultat d'une combinaison de températures élevées et de forte humidité appelée "température du thermomètre mouillé" ou température humide. Une température de 34.4°C avec un taux de 80 % d'humidité est une température dite humide avec un ressenti de 53°C. Sans moyen de rafraîchissement de l'air, cette température est considérée comme extrêmement dangereuse.

L'un des affluents du Ganges près de Haridwar devient aride pendant la saison chaude.
PHOTOGRAPHIE DE Giulio Di Sturco, Institute

À une température humide avec ressenti de 75°C (35°C avec un taux d'humidité de 85 %) le corps humain ne peut être refroidi naturellement pour survivre plus de quelques heures. Ces conditions climatiques sont encore rares. Mais des vagues de chaleur moins importantes ont déjà lieu. En 2015, une vague de chaleur a tué plus de 3 500 personnes en Inde et au Pakistan. La température humide observée était alors de 50°C. Une température similaire avait déjà été observée à Chicago en 1995.

À ce jour environ 2 % de la population indienne peut être exposée à des chaleurs humides extrêmes de ce type. D'après l'étude menée par Eltahir, faute de réduction des émissions carbone, ces vagues de chaleur toucheront 70 % de la population mondiale d'ici 2100

 

LA CHALEUR PROVOQUE DES VAGUES DE MIGRATION HUMAINE

Robert McLeman, qui étudie la relation entre climat et migration humaine à l'université canadienne Wilfred Laurier, estime que la population rurale pauvre ne pourra pas faire face à de telles conditions climatiques et se déplacera probablement vers les villes à la recherche d'eau, de nourriture et de fraîcheur.

« Une étude menée au Bangladesh tend à prouver que les déplacements de populations seront davantage motivés par les vagues de chaleur que par les risques d'inondations,» explique McLeman.

La montée du niveau de la mer attire plus l'attention de la communauté scientifique que l'étude des vagues de chaleur, qui pourraient pourtant avoir des conséquences plus importantes et beaucoup plus rapides. « Personne n'a encore prévu de solutions à ce cas de figure » continue-t-il.

Les chaleurs ressenties lors de la canicule de 2003, responsable de 15 000 à 20 000 décès en France, pourraient également devenir banales à l’horizon 2100, selon une autre étude publiée le 19 juillet dans la revue Environmental Research Letters. Les températures estivales pourraient alors régulièrement dépasser les 50°C dans certaines régions du pays. Les scientifiques estiment que les nouveaux records de température seront supérieurs de 6 à 13°C aux records actuels.

Les populations du Moyen Orient et de certaines régions de l'Afrique ont commencé à se déplacer pour faire face aux chaleurs croissantes et à la sécheresse.

« Réduire nos émissions carbone aujourd'hui aura un impact réel sur notre futur. »

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