Disparition des abeilles : hécatombe involontaire ?

Les abeilles, aussi bien sauvages que domestiques, jouent un rôle essentiel à la production alimentaire mondiale. Cette espèce si nécessaire à la vie sur Terre est pourtant décimée par l’Homme.

De Juliette Heuzebroc
Communiquer en dansant ou le management par les abeilles
« Danser en travaillant », tel est le mantra des abeilles butineuses. Les plus expérimentées d’entre elles partent en exploration, à la recherche de délicieux pollens. Une fois ceux-ci dénichés, elles frétillent de l’abdomen pour appeler leurs jeunes collègues. Ces dernières sont ainsi formées à détecter le top des pollens, avant d’aider leurs aînées à transporter le précieux chargement. 
PHOTOGRAPHIE DE Mark W. Moffett

L’Allemagne vient de révéler, suite à une étude sur plusieurs zones protégées de son territoire, que près de 75 % de la population d'insectes volants qui y bourdonnent avaient disparu en moins de 30 ans. En France, les abeilles accusent des pertes de 25 à 30 % chaque hiver. Cette étude est révélatrice d’un dérèglement important de notre écosystème dont les insectes volants sont les premières victimes. La diminution de la population d'abeilles n'est qu'une des données de l'équation inquiétante de la disparition des insectes dans le monde.

D’après des chiffres publiés par Greenpeace en 2016, les abeilles contribuent à 75 % de la production alimentaire mondiale grâce à la pollinisation. Sans insectes pollinisateurs, nous pourrions abandonner pommes, artichauts, oignons, citrons et autres plaisirs papillaires. Outre cette contribution matérielle, la pollinisation naturelle des abeilles aurait une valeur économique d’environ 153 milliards € par an, soit l’équivalent du PIB du Portugal, que nous n’avons pas à investir et qui pourrait nous faire défaut.

PHOTOGRAPHIE DE © Joel Sartore

La cause principale de ce déclin est l’utilisation excessive de pesticides tels que les néonicotinoïdes. Il s’agit de produits toxiques utilisés en agriculture ainsi que dans le cadre domestique pour protéger les plantes et se débarrasser d’insectes dits nuisibles. Dans la filière agricole, ils sont principalement utilisés pour traiter des terrains comme les champs de colza, dont la culture représente 8,2 millions d’hectares en Europe.

Ces néonicotinoïdes agissent sur le système nerveux des abeilles. Ils ralentissent leur développement, crée des malformations mais surtout génère des pertes d’orientation et une incapacité à reconnaître les fleurs. Ces effets nocifs impactent directement la pollinisation des plantes et contribuent à la disparition de l’espèce. Aujourd’hui, on estime qu’il manquerait environ 13 millions de ruches en Europe et que le taux de mortalité dans certaines ruches atteindrait les 80 %. Dans des pays comme la Chine, l’usage intensif de ces produits a mené à l’éradication de l’espèce. Les agriculteurs doivent aujourd’hui poloniser manuellement.

Les autorités commencent seulement à intervenir. En 2013, l’Union Européenne avait déjà restreint provisoirement l’usage de substances parentes comme l’imidaclopide, la clothianidine, le thiamétoxame ou encore le fipronil. Durant l’été 2016, l’Assemblée Nationale a voté une interdiction des néonicotinoïdes. Ce nouveau décret sera mis en place d’ici 2018. En signe d’engagement, certaines enseignes de grande distribution comme Monoprix ont déjà arrêté la distribution de ces produits et travaillent en collaboration avec le label « Bee Friendly ». Tout espoir n’est peut-être pas perdu.

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