Climat : et si l'humour pouvait nous rassembler et nous pousser à agir ?

Adam McKay, le réalisateur de "Don't Look Up", est convaincu que pour sensibiliser à la crise climatique, le plus efficace n'est pas d'avancer des faits sérieux... mais de faire une satire mordante.

De Adam Rogers
Publication 13 mai 2025, 17:12 CEST
Adam McKay, photographié par Sebastian Kim (August).

Adam McKay, photographié par Sebastian Kim (August).

Cet article fait partie de la série de portraits National Geographic 33.

Pour sa satire sur le réchauffement climatique, Don’t Look Up, le réalisateur Adam McKay a cherché comment donner une nouvelle approche à ce sujet brûlant. « Aussi horrible soit-elle, dit-il à propos de la crise climatique, il faut inventer une culture capable de la traiter avec humour. » Lui a relevé ce défi. 

Lors de la promotion du film, une question s’est posée : l’humour pouvait-il réellement susciter une réaction face à la crise climatique ? Son équipe a donc fait un test : ils ont interrogé des spectateurs pour savoir s’ils croyaient davantage au changement climatique après avoir vu le film, et s’ils se sentaient plus enclins à agir. Ils ont également tourné une courte vidéo avec la star du film, Leonardo DiCaprio, dans laquelle l’acteur livre sa vision de la crise climatique. Leur conclusion ? Ils seraient plus percutants et convaincants en produisant davantage de vidéos au format court. Ainsi, McKay, qui a débuté comme scénariste pour l'émission Saturday Night Live avant de réaliser Anchorman et The Big Short, a fondé une petite société de production, Yellow Dot Studios, avec pour objectif de canaliser tout son humour vers une mission : pousser le public à sauver la planète. Car même l’humour noir peut aider à faire face à l’angoisse. Et McKay sait, grâce à son expérience, qu’un public se soude toujours autour d’un rire partagé.

Yellow Dot a déjà connu quelques succès viraux, notamment une fausse publicité pour Chevron, qui juxtapose de belles images de nature à une voix off déclarant que la compagnie pétrolière va tous nous tuer. Ou encore une parodie de Game of Thrones dans laquelle le Marcheur Blanc, personnage emblématique de la série, est remplacé par un climatologue - un personnage, comme la créature originale, totalement ignoré par les maisons royales trop occupées à se battre entre elles. McKay espère que les vidéos de Yellow Dot auront le même effet que les meilleurs numéros de stand-up : utiliser l’humour pour dire des vérités dures et parfois choquantes.

« C’est une approche inspirée par la culture militante et, dans une certaine mesure, par le mouvement punk rock des années 1970 et 1980 », explique McKay. Mais cela fonctionne-t-il ? Il est peut-être trop tôt pour le dire... ou trop tard. D’autres genres de divertissement, des films de science-fiction, des romans littéraires, voire des jeux de société, tirent la sonnette d’alarme depuis des décennies. Une étude publiée l’année dernière a examiné les réactions de près de 60 000 personnes dans le monde face à diverses stratégies de communication pour sensibiliser au changement climatique : cours de sciences intensifs, lettres adressées à leur futur moi… Aucune n’a réellement changé les mentalités.

Pour McKay, une grande partie du discours sur le climat se résume à un « jargon professionnel néolibéral », un langage tiède qui n’émeut personne. Il pense donc qu’il est temps d’aborder la crise avec une forme d’humour à la fois absurde et percutante. Le rire et la colère rendent les problèmes plus tangibles. Une approche, note Adam McKay, qui « autorise la colère, l’indignation, la frustration, la sincérité brute ». Des émotions difficiles à ignorer.

Cet article a initialement paru dans le magazine National Geographic d'avril 2025. S'abonner au magazine.

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