Pour l'activiste pour le climat Jennifer Uchendu, il faut aussi soigner l'éco-anxiété
Au Nigeria, elle a découvert le poids des catastrophes environnementales. Elle a décidé d'ouvrir le dialogue et des espaces pour parler d'éco-anxiété.

Jennifer Uchendu photographiée par Robin Hammond à La Hague, aux Pays-Bas.
Cet article fait partie de la série de portraits National Geographic 33.
Pendant des années, Jennifer Uchendu a alerté ses compatriotes nigérians sur les dangers du changement climatique, sans réaliser qu’elle était elle-même de plus en plus angoissée par la question. Les habitants du Sud global en subissent quelques-uns des effets les plus terribles : villes submergées, terres asséchées, intenses vagues de chaleur – souvent sans avoir contribué de manière significative au problème.
Alors conseillère en durabilité dans des collectivités locales et créatrice du blog SustyVibes, destiné à aider les jeunes à réduire leur empreinte carbone et à les encourager à être responsables, Jennifer Uchendu avait le sentiment qu’elle ne faisait pas assez vite la différence. « Je venais d’un endroit plein de colère et de frustration. Je sentais qu’il me fallait étudier ces émotions ou bien faire tout autre chose. »
En 2020, elle eut donc l’idée de lancer un projet autour des réponses émotionnelles au changement climatique dans sa communauté : The co-Anxiety in Africa Project (TEAP), basée à Lagos. Son but est d’insuffler un sentiment de responsabilisation aux plus de 700 adhérents au projet. Qu’il s’agisse de planter des arbres ou de réduire la facture d’électricité, les échanges entre membres témoignent souvent de leurs difficultés croisées.
Depuis, elle a créé des TEAP dans plusieurs États du Nigeria et prévoit de former des coordinateurs pour ouvrir d’autres structures en Afrique du Sud, au Ghana et au Kenya. En parallèle, elle poursuit avec l’université anglaise de Nottingham des recherches sur l’impact émotionnel du changement climatique chez les habitants des grandes villes africaines. Pour la jeune femme, permettre ces échanges autour de l’éco-anxiété est une étape majeure dans le combat pour un avenir meilleur.
« Si les jeunes se sentent anéantis et impuissants, ce n’est pas seulement une crise de santé publique mais un désastre pour le changement climatique. Il faut de l’énergie pour agir. » Une autre précieuse ressource à protéger.
Cet article a initialement paru dans le magazine National Geographic d'avril 2025. S'abonner au magazine.
