Pénurie d’eau : le Maroc tire le signal d’alarme

La situation marocaine est symptomatique d’une pénurie d’eau douce en passe de devenir une urgence mondiale.

De Juliette Heuzebroc
PHOTOGRAPHIE DE NATIONAL GEOGRAPHIC – MANISH SWARUP

L’UNESCO rapporte qu’environ 700 millions de personnes dans le monde n’ont pas eu accès à une eau saine en 2016. Si la planète est composée à 70 % d’eau, l’eau douce ne représente que 2,5 % et seulement 0,7 % sont accessibles à l’homme. Cette maigre ressource à l’échelle planétaire est très inégalement répartie : 85 % de la population mondiale habite la partie la plus aride de la planète. L’utilisation qui en est faite également est sujette à controverses puisqu’il s’agit à 70 % d’une exploitation agricole, ce chiffre pouvant atteindre 90 % dans les pays en développement.

Chaque minute, cinq personnes meurent dans le monde parce qu’elles n’ont pas accès à l’eau potable. L’ONU considère par ailleurs que d’ici 2030, la demande en eau aura dépassé de 40 % la production globale. Ce nouvel or bleu apparaît comme un enjeu environnemental majeur, a fortiori dans des pays d’Afrique sub-saharienne et d’Afrique du Nord. Les prévisions pour le Maroc estiment ainsi à 80 % la perte de ses ressources en eau dans les 25 prochaines années.

 

LE MAROC EN PREMIÈRE LIGNE

Le World Resources Institute (WRI) indique que le Maroc atteindra un niveau de stress hydrique extrêmement élevé d’ici 2040. Le stress hydrique est l’état dans lequel se trouve une région lorsque sa demande en eau dépasse ses ressources disponibles. On estime qu’une région est en stress hydrique lorsqu’elle passe sous la barre symbolique des 1 000 mètres cubes d’eau douce par habitant sur une période d’un an. Selon l’ONU, le Maroc est déjà considéré en stress hydrique avec seulement 500 mètres cubes d’eau douce par habitant et par an, contre 2 500 mètres cubes en 1960.

Cette baisse s’explique par une saison des pluies 2015-2016 quasi inexistante et par l’aridité naturelle de certaines régions du Maroc. Si les grandes agglomérations telles que Casablanca ou Marrakech sont relativement épargnées, c’est le sud du pays qui subit les conséquences de la pénurie. La région du Drâa-Tafilalet, et plus particulièrement la ville de Zagora, souffre d’un problème de gestion des ressources et ses habitants mettent en cause l’indifférence des autorités.

Des manifestations pacifiques ont été organisées, bidons d’eau vides à la main pour alerter sur la gravité de la pénurie. Les 34 000 habitants de la ville de Zagora peuvent ne pas avoir accès à l’eau pendant plusieurs jours ou alors seulement quelques minutes par jour. Et cette eau, peu ou mal traitée, est rarement potable.

En 2012, le Ministère de l’Environnement marocain expliquait déjà cette pénurie par les faibles précipitations. La raréfaction des pluies liée au réchauffement climatique et la surexploitation des nappes phréatiques sont effectivement des causes significatives de la pénurie d’eau douce dans la région du Drâa-Tafilalet, tout comme au Rif et à Rhamma.

Face à la mobilisation des habitants du “quartier assoiffé” de Zagora, le roi Mohammed VI a signifié son soutien aux populations en souffrance et a ordonné la tenue d’une commission exceptionnelle qui a pour objectif de mettre en place un plan d’eau national dans les mois à venir pour rééquilibrer la répartition des ressources et assurer l’accès à une eau consommable à tous ses citoyens.

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