Pourquoi l’ouest de la péninsule Antarctique est-il plus touché par le réchauffement climatique ?

Cette zone du pôle Sud connaît naturellement un climat plus doux que le reste du continent. Avec les régions de l’Arctique, elle est aujourd’hui la partie du monde la plus affectée par l’élévation des températures.

De Rédaction National Geographic
L’eau et l’air chaud ont sculpté cet iceberg. “ Tandis que sa base fondait, explique le ...
L’eau et l’air chaud ont sculpté cet iceberg. “ Tandis que sa base fondait, explique le glaciologue Richard Alley, de l’eau douce de fonte jaillissait de ses flancs, créant un appel d’eau de mer vers le haut et creusant de profonds sillons. En fondant, l’iceberg s’est allégé et soulevé.”
PHOTOGRAPHIE DE Paul Nicklen

Située au nord du continent blanc, la péninsule Antarctique est une chaîne de montagnes et de volcans, longue de 1 300 km. Alors que le reste de l’Antarctique prend la forme d’un immense plateau, où la température peut tomber jusqu’à - 96 °C, cet endroit connaît naturellement un climat plus doux. En été, les températures peuvent dépasser 0 °C. Avec une triste contrepartie : aujourd’hui, l’ouest de cette péninsule, à l’instar de l’Arctique, se réchauffe plus vite que tout autre endroit du monde. Depuis 1950, la zone a gagné plus de 5 °C.

Globalement, les scientifiques observent que, dans les régions polaires, les températures augmentent deux à trois fois plus vite que sur le reste du globe : la hausse est comprise entre 0,2 °C et 0,5 °C par décennie. Pourquoi ? La lumière solaire est réfléchie à 80 % par la neige et à seulement 20 % par les surfaces des sols dénudés. Or, avec la fonte de la glace et de la neige, ces dernières sont en augmentation, ce qui accélère localement le réchauffement.

Mais, dans la partie ouest de la péninsule antarctique, un autre phénomène se surajoute, entraînant cette élévation inquiétante des températures. Les perturbations climatiques actuelles engendrent des vents qui modifient la circulation océanique : les eaux profondes, plus chaudes qu’auparavant, remontent en surface, contribuant à réduire encore plus la banquise. Résultat, la saison libre de glace dure quatre-vingt-dix jours de plus qu’en 1979.

Les eaux des profondeurs réchauffent aussi la glace terrestre. Elles rongent les glaciers à leur point de jonction avec la mer, ce qu’on appelle des barrières de glace. Or celles-ci fondent et font monter rapidement le niveau des mers. Selon une étude menée par des géographes britanniques et publiée dans la revue Science en 2016, 596 des 674 glaciers de l’ouest de la péninsule rétrécissent à cause de ces courants d’eau chaude.

Cette réduction de la banquise expose les eaux chaudes à l’air froid. L’évaporation qui en résulte revient sous forme de neige, voire de pluie, sur le continent le plus sec de la planète.

Quelles conséquences pour la faune et la flore de cette zone ? Le paysage s’en trouve bouleversé : le sol se parsème de touffes de jeunes plantes à fleurs, comme la canche et la sagine, d’herbes et de lichens. Les mousses vertes poussent trois fois plus vite qu’autrefois. Les pics insulaires, jadis dissimulés sous la neige, fondent, ce qui génère boues et crevasses. La faune souffre également de la surabondance d’eau liquide. Parmi les premières victimes, les manchots Adélie qui voient leurs nids inondés par la fonte des neiges. Ils deviennent aussi plus facilement la proie des phoques, comme les léopards de mer, qui se rapprochent des côtes du fait de la réduction de la banquise. La population de manchots Adélie s’est effondrée d’au moins 90 %.

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