Tribune : "Juin 2025 doit être notre heure bleue : celle des océans"
Alors que Nice accueille la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan du 9 au 13 juin, Emmanuel Macron revient pour National Geographic sur les enjeux de ce rendez-vous capital pour l’avenir des mers.

Paris, France, 31 mars 2025. Le président français Emmanuel Macron photographié lors d'un événement international de deux jours « SOS Océan ! », avant la troisième Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC-3), qui aura lieu en juin 2025, à Nice.
Cette tribune du Président de la République française a initialement paru dans le magazine National Geographic, actuellement en kiosque.
Pour plusieurs générations de lecteurs en France et dans le monde, votre magazine a été et demeure une arme de liberté et de résolution. National Geographic, qui ouvre à l’émerveillement, est le lieu de cette attention lucide et inquiète aux splendeurs de notre planète. Par ses images et ses reportages, il forme cet usage du monde, fait de préservation et de transmission, cet humanisme fondé sur la connaissance, l’observation du monde, en lien étroit avec les scientifiques, liant les peuples pour notre planète.
À quelques jours de l’ouverture de la 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan (Unoc) que nous organisons à Nice, je veux redire toute notre mobilisation pour entraîner la communauté internationale, mais aussi les associations, les entreprises, les collectivités, les citoyens dans la protection de notre planète mer.
L’heure, en effet, est cruciale. Du regard sur le monde, de l’analyse des scientifiques doit naître un devoir d’action. Du sentiment de la splendeur, une résolution pour la protéger. Du constat des défis, une envie pour l’avenir.
Cette heure bleue, celle des océans, est celle qui sonne pour le monde entier. Nous n’avons certes pas attendu pour agir. Depuis 2022 et l’Unoc de Lisbonne, comme avec le One Ocean Summit de Brest à l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, la protection des océans est une priorité.
Si nos scientifiques dressent un constat alarmant de l’état de nos mers, ils nous disent aussi leur richesse et les opportunités qu’elles représentent : sources d’activité économique, d’alimentation durable, mais aussi, ne l’oublions pas, premier allié contre le changement climatique, puisque l’océan est le premier puits de carbone au monde et que c’est un grand régulateur des climats.

Cette double réalité – un océan à protéger, un océan qui nous protège – est la base de notre mobilisation collective, à Nice, en juin, pour la Conférence des Nations unies sur l’Océan.
Un cap a été fixé lors de la COP 15 sur la biodiversité : nous devons protéger 30 % de nos terres et de nos mers. De cet objectif commun, la France entend prendre toute sa part. À la hauteur de ce que nous sommes, une nation maritime, dont l’histoire et le présent sont riches d’une culture de la mer, de l’exploration scientifique des océans et des écosystèmes, riche aussi de l’engagement des associations, de celui des entreprises, des fondations.
Voilà pourquoi nous avons décidé avec le Costa Rica d’accueillir la Conférence des Nations unies sur l’Océan à Nice, précédée d’un grand congrès scientifique, d’un sommet des villes et des régions côtières à Nice et d’un forum de l’économie bleue, organisé à Monaco. Au mois de juin, aux bords de cette Méditerranée qui fut et demeure le théâtre des grands mouvements de la civilisation européenne et humaine, nous entendons faire de cette conférence de Nice un moment de mobilisation et de sursaut.

Emmanuel Macron photographié lors de l'événement « SOS Océan ! », en mars dernier.
Notre premier objectif, c’est la protection de la haute mer, c’est-à-dire 64 % de la surface de l’océan global, plus de la moitié de la surface de la planète. La haute mer ne peut plus être une zone de non-droit. En juin 2023, un traité pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine, dit BBNJ, a été adopté aux Nations unies. Déjà 113 États l’ont signé, 21 l’ont ratifié – la France l’a fait le 5 février dernier –, mais, à Nice, nous devons obtenir les 60 ratifications qui lui permettront d’entrer pleinement en vigueur.
Notre deuxième objectif doit être de bâtir une pêche durable. La mer nourrit, mais nous devons préserver ses équilibres et sa soutenabilité. L’océan est au coeur de notre souveraineté alimentaire, mais, pour cela, nous devons garantir une gestion exigeante des stocks. Partout sur la planète, certains s’effondrent déjà.
Nous ne partons pas de rien. Notre Europe est en effet à l’avant-garde en termes de gestion environnementale des pêches. Voilà vingt-cinq ans, seulement 10 % des poissons débarqués étaient issus des stocks gérés durablement. En 2023, c’est près de deux poissons sur trois qui viennent de stocks en bon état ou reconstituables. Beaucoup de travail a donc été engagé grâce à la mobilisation de nos pêcheurs et de nos scientifiques, au gré d’une collaboration aussi fructueuse qu’indispensable. Cet effort, nous devons le poursuivre et garantir à nos pêcheurs une concurrence juste et équitable, car, ailleurs sur nos océans, certains ne respectent pas les mêmes règles que nous.
