Le mystère du disque de Nebra, plus ancienne représentation astronomique

Découvert en juillet 1999 à Nebra-sur-Unstrut, en Allemagne, ce disque de bronze d’une trentaine de centimètres représente vraisemblablement un ciel étoilé et ses astres. À quoi servait-il vraiment ?

De Arnaud Sacleux
On peut observer sur ce disque les 32 points incrustés représentant les constellations des pléiades. Ce disque aurait pu servir de calendrier agricole, puisque la pleine Lune (représentée ici par le point plus important) et ces constellations n'étaient visibles que deux fois dans l'année, lors de périodes agricoles importantes.
PHOTOGRAPHIE DE Anagoria, via Wiki Commons

Pesant 2 kg, ce disque a une histoire particulière car il a été retrouvé dans un dépôt d’objets cultuels par des fouilleurs clandestins à l’aide d’un détecteur à métaux. Il est aujourd’hui conservé au Musée régional de la Préhistoire de Halle, en Allemagne. Le disque se présente sous la forme d’une plaque circulaire sur laquelle se détachent des plaques d’or incrustées, 32 points supposés être des corps célestes. Ces points sont accompagnés de deux arcs de cercle et d’un point à la taille plus importante. Selon l’arrangement de ces points, des chercheurs estiment qu’il s’agirait en réalité de la plus ancienne représentation de la voûte céleste découverte à ce jour.

 

UNE AUTHENTICITÉ LONGTEMPS CONTESTÉE

Si aujourd’hui son authenticité n’est plus à prouver, il n’en a pas toujours été ainsi. « Lorsque j’ai vu la toute première photo de ce disque, je me suis tout de suite dit que c’était un faux » avoue Patrice Brun, protohistorien et professeur à l’Université de Paris 1. Il n’était pas le seul sceptique ; alors que des milliers de dépôts et d’objets datant de l’âge du bronze ancien avaient été découverts, surtout au nord des Alpes et en Allemagne du sud, aucun objet similaire n’avait été mis au jour. « [Ce disque] ne ressemble à rien de connu. Son dispositif stylistique est différent de ce que l’on retrouve habituellement dans ces dépôts ».

Des tests ont été réalisés et l’analyse microscopique de la patine du disque ainsi que l’étude isotopique du plomb radioactif qu’il contient a permis de dater approximativement sa réalisation vers l’an 1 600 av. J.-C. et ainsi de confirmer son authenticité. Cette période correspond à une transition entre l’âge du bronze ancien et l’âge du bronze moyen, caractérisée par un changement profond des structures et organisations des sociétés de l’époque.

« C’est un objet exceptionnel » confirme Patrice Brun. « Pour trouver des objets similaires, il faut se tourner vers d’autres découvertes tout aussi exceptionnelles, comme celle du char solaire de Trundholm », autre objet paléoastronomique découvert en 1902 au Danemark, aujourd’hui conservé au Nationalmuseet de Copenhague.

 

QUELLE UTILITÉ ?

« Le plus intéressant, c’est le dispositif des petites pastilles qui représentent vraisemblablement la constellation des pléiades qui est, stylistiquement parlant, telle qu’elle est représentée sur certains bas-reliefs hittites en particulier » avoue le protohistorien. Les Hitties habitaient la Turquie actuelle, en Asie-Mineure, au sein d’organisations beaucoup plus complexes que celles du Nord de l’Europe.

Le disque représente une carte céleste, cette hypothèse a été approuvée par les chercheurs. Certains points demeurent cependant contestés et débattus au sein de la communauté scientifique. Si le disque dominant représente vraisemblablement le Soleil ou la pleine Lune et le croissant représente quant à lui logiquement un croissant de Lune, l’incrustation en forme d’arc de cercle strié est celle qui pose le plus de problèmes aux scientifiques. Cette arche a pu être représentée comme une barque céleste, symbole de la mythologie égyptienne destiné à transporter le Soleil la nuit afin qu’il renaisse le matin à l’Est) mais cela reste une question beaucoup plus débattue. Une autre hypothèse avance qu’il pourrait s’agir de la voie lactée, mais la question reste très débattue.

Avec l’aide d’astronomes, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que cette carte céleste représentait le ciel à partir d’un certain point de vue, à une certaine période de l’année. « Si l’on pose le disque à plat, à l’endroit où il a été trouvé, on a des angles de visée qui permettent d’avoir des points de repères à l’horizon correspondant au solstice d’été et au solstice d’hiver » affirme le chercheur. D’autres dates peuvent également être repérées. En effet, ce n’est pas à n’importe quel moment de l’année que l’on peut voir la pleine Lune avec la constellation des pléiades à proximité, et ce de manière très claire.

Cela n’arrive en réalité que dans deux cas précis ; en mars, au moment des premiers ensemencements et en automne, autre date importante des travaux agricole puisqu’elle correspond aux dernières moissons. Cette carte céleste a donc pu servir, c’est l’hypothèse la plus probable à ce jour, de calendrier agricole.

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