Envie de devenir astronaute ? Découvrez quelles sont les qualités recherchées par la NASA

La prochaine promotion d’astronautes sera sélectionnée parmi des milliers de candidats. Certains d’entre eux pourraient avoir l’opportunité de marcher sur la Lune ou devenir les premiers Hommes à mettre les pieds sur Mars.

De Nadia Drake
Publication 15 oct. 2020, 16:20 CEST
Anne Roemer, responsable de la sélection des astronautes à la NASA, pose avec la dernière promotion de ...

Anne Roemer, responsable de la sélection des astronautes à la NASA, pose avec la dernière promotion de candidats astronautes sélectionnés en 2017, parmi plus de 18 000 candidatures. La promotion de 2017 a fini sa formation cette année.

PHOTOGRAPHIE DE Robert Markowitz, NASA

En mars dernier, et pendant un court laps de temps, 12 040 personnes ont candidaté dans l’espoir d’intégrer la prochaine promotion d’astronautes de l’agence spatiale américaine.

En raison de la pandémie, la première vague d’entretiens sur site, habituellement prévue fin septembre ou début octobre, a été repoussée au printemps prochain, explique Anne Roemer, responsable de la sélection des astronautes à la NASA. « Cela nous donne plus de temps pour étudier avec minutie les candidatures ».

Mais, même sans pandémie, choisir les voyageurs spatiaux professionnels de la NASA est loin d’être facile. Les astronautes doivent être disciplinés et se montrer flexibles, être à la fois aventureux et prudents, être capables de diriger et aussi d’obéir aux ordres. Ils doivent posséder un certain je ne sais quoi, en d’autres termes, avoir l’étoffe des héros.

Pour trouver les meilleurs candidats, Anne Roemer et un jury composé d’astronautes en activité étudient avec minutie les milliers de candidatures. Ils en sélectionnent ensuite une dizaine environ, qui possède l’expérience et les traits de caractère idéaux pour rejoindre ce qui pourrait être le corps le plus prestigieux sur Terre. L’une des personnes qu’ils sélectionneront pourrait même devenir le premier humain à marcher sur Mars.

Dans un entretien avec National Geographic, Anne Roemer a discuté du processus de sélection de la NASA pour les astronautes, des qualités qu’elle recherche chez les candidats et de ce qu’elle pense du fait d’être à l’intérieur de la flotte actuelle de capsules spatiales. L’entretien ci-dessous a été édité pour le rendre plus concis et clair. (À lire : "L'étoffe des héros" : quelles sont les qualités requises pour devenir astronaute ?)

L'étoffe des héros : bande annonce

Combien de personnes pensez-vous sélectionner pour la prochaine promotion d’astronautes ?

Nous nous accordons toujours une certaine marge de manœuvre, de manière à tenir compte du taux de déperdition : qui a quitté le Bureau des astronautes, qui est parti en retraite, qui nous a dit qu’il ne voulait plus partir en mission ? Je dirais que nous sommes parvenus à un chiffre compris entre 8 et 12, et que plus nous repoussons notre décision, plus ce chiffre risque de se rapprocher de 12.

 

En quoi consiste le processus de sélection ?

Nous commençons par examiner les candidatures écrites. Cela nous donne un premier aperçu de chaque candidat. Ensuite, nous procédons aux vérifications de référence à mesure que nous réduisons le nombre de candidats. Finalement, nous arrivons à l’étape où nous invitons environ 120 candidats pour la première vague d’entretiens. Nous commençons par analyser leurs compétences et procédons à quelques tests médicaux de base. Suite à cela, entre 40 et 60 personnes sont rappelées pour la seconde vague d’entretiens.

Au cours de celle-ci, ils passent environ une semaine avec nous. Nous procédons à des exercices visant à tester leurs réactions en équipe, des exercices de performance individuelle et d’autres activités pour déterminer s’ils ont les compétences nécessaires pour être un bon astronaute.

 

Les critères de candidature étaient différents cette fois. Qu’est-ce qui a changé et pourquoi ?

Lors du dernier cycle de sélection, nous avions reçu plus de 18 000 candidatures. Cette année, nous exigeons que les candidats soient titulaires d’un master. Nous avions toujours indiqué qu’il était préférable d’avoir un tel diplôme, mais [cette fois] nous avons fait preuve de plus de clarté. En effet, en repensant à nos dernières promotions, nous avons constaté qu’aucune personne titulaire d’une licence n’avait été sélectionnée.

 

Qu’est-ce qui peut aider les candidats à se démarquer parmi les 12 000 candidatures que vous examinez ?

Nous avons tendance à porter notre attention sur l’expérience opérationnelle dans les situations où ils doivent prendre des décisions en temps réel, dans un environnement relativement stressant. Tout le monde n’a pas acquis d’expérience opérationnelle au cours de leur carrière, mais il existe des solutions à cela. Nous voyons beaucoup de personnes qui sont allées en Antarctique ou qui participent à des opérations de sauvetage dans la nature. De nombreux individus choisissent aussi de passer leur licence de pilote privé. Mentionner le travail en équipe et l’expérience en tant que dirigeant tout au long du CV est également très important.

Et je vais vous dire, en toute franchise, lorsque vous examinez autant de CV, ce sont les choses uniques qui attirent votre attention. Il y a une rubrique dans laquelle les candidats peuvent parler de leurs passions et centres d’intérêt et nous voyons des personnes qui ont fait un tas de choses, qu’il s’agisse de courir 25 marathons ou d’effectuer 300 plongées.

 

Pouvez-vous nous citer quelques-unes des passions les plus mémorables ?

Nous voyons beaucoup de personnes qui s’adonnent à des projets athlétiques considérables. Certaines personnes sont passionnées par les beaux-arts, et bien évidemment par tout ce qui touche au domaine scientifique et aux sciences, aux technologies, à l'ingénierie et aux mathématiques.

J’ai vu un peu de tout. Mais je pense que l’un de mes CV favoris, avant que nous mettions en place des mesures de sélection, était une candidature pour laquelle la personne s’était livrée à l’écriture créative. Elle disait être diplômée de Poudlard. Et qu’elle avait décroché son premier emploi à la SNASA, la Secret NASA (NASA secrète).

 

Pouvez-vous nous citer quelques-uns des traits de personnalité que vous recherchez ?

Les compétences relationnelles, comme le travail en équipe, la capacité à accepter les ordres, à diriger et à communiquer, sont essentielles. Et pas seulement dans les situations idéales. Il faut aussi savoir comment les candidats communiquent avec les autres lorsqu’ils font face à une situation stressante. Nous prenons vraiment tout cela en compte. Les autres astronautes qui sont déjà partis en mission et qui font désormais partie du jury peuvent résumer cela à la question suivante : est-ce que je voudrais partir en mission avec cette personne ?

Que ce soit pour les missions sur la Lune ou notre objectif d’aller sur Mars, on parle d’une mission vraiment très longue. À mon avis, en prenant un scénario dans lequel ils seraient bloqués dans un espace aussi petit avec cette personne, ils essaient d’évaluer s’ils se sentiraient en sécurité, s’ils seraient entre de bonnes mains, s’ils s’entendraient vraiment bien avec cette personne et auraient une relation cordiale avec elle.

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    Pouvez-vous citer quelques-uns des traits de caractère fortement requis pour les missions de longue durée ?

    Je pense que, dans l’ensemble, c’est sans doute la passion. De nombreuses personnes ont de l’expérience dans des environnements extrêmes et peuvent travailler en équipe, mais aussi survivre et accomplir seul des tâches si nécessaire. Je pense que c’est un peu de tout.

    Parfois, dans les situations d’urgence par exemple, vous pourriez être la personne aux commandes, donner des ordres et inspirer le respect. D’autres fois, vous devrez peut-être suivre les ordres donnés par la salle de contrôle de la mission. Il convient donc de savoir comment ajuster vos compétences et peut-être même votre personnalité, pour être prêt et faire le nécessaire sur le moment.

     

    Est-ce que l’équipe chargée de constituer les équipages pour les missions vous indique qu’il lui manque tel type de membre lorsque vous choisissez la prochaine promotion ?

    Oui, dans la mesure du possible. Je peux vous donner un exemple : les pilotes. Même si nous ne pilotons pas la navette, les astronautes dépendent encore fortement du T-38 comme avion d’entraînement. Il y existe donc une volonté ferme d’avoir plusieurs astronautes pilotes capables de voler avec d’autres membres de l’équipage.

     

    Êtes-vous à la recherche d’une expérience scientifique ou en ingénierie en particulier ?

    Si nous revenons à des missions d’exploration planétaire ou de surface, peut-être, oui. À l’époque d’Apollo, ils savaient qu’ils voulaient envoyer un géologue spécifique sur la surface de la Lune. Je pense que c’est toujours une possibilité.

     

    En raison de la diversité accrue de vaisseaux spatiaux à bord desquels les astronautes peuvent embarquer, cela a-t-il un impact sur la façon dont vous sélectionnez les candidats ?

    Pas vraiment. Du point de vue de la sélection, cela nous a en réalité donné plus de liberté en ce qui concerne l’anthropométrie. Il existe des limitations très strictes relatives à la taille et au poids pour les vols avec Soyuz (la capsule spatiale russe), comme la longueur entre le bassin et le genou des astronautes. Si les astronautes à bord sont trop grands, ils peuvent appuyer par accident sur des boutons qu’ils ne devraient pas enclencher. Le fait d’avoir à nouveau de multiples véhicules nous donne donc plus de liberté en ce qui concerne la taille et le poids.

     

    Cela ne m’est même pas venu à l’esprit.

    Oui, Soyuz est sans doute la capsule la plus contraignante. J’ignore si vous en avez déjà vu l’intérieur, mais je ne monterais pas dedans.

     

    Aimeriez-vous monter à bord d’une capsule Dragon de SpaceX, maintenant que des équipages peuvent monter à bord ?

    Elle semble vraiment spacieuse par rapport à la capsule Soyuz. Mais je suis un peu claustrophobe, donc je préfère rester sur Terre et pouvoir ouvrir les fenêtres et sortir lorsque j’en ai envie. Je suis très bien sur Terre.

     

    Lorsque vous examinez les candidatures aujourd’hui, est-ce que vous vous dites que certains d’entre eux pourraient être les premiers humains à mettre les pieds sur Mars ? Ou ces personnes sont-elles déjà dans les rangs du corps d’astronautes ?

    Les deux. Nous espérons retourner sur la Lune d’ici 2024, donc la personne qui fera partie de cette mission est déjà là. Je pense que nous espérons tous qu’un membre de la dernière promotion, ou de la prochaine, sera la première personne à mettre les pieds sur Mars.

     

     

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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