Après quatre ans et demi de silence, un nano-satellite français refait surface

PicSat avait été envoyé en orbite pour observer les exoplanètes, mais s’était rapidement muré dans le silence. C’est grâce à une fréquence radioamateur que les signaux qu'il envoyait ont été repérés...

De Margot Hinry
Publication 18 juil. 2022, 15:31 CEST
PicSat en orbite

PicSat en orbite

PHOTOGRAPHIE DE T.Pesquet ESA/NASA

En 2018, une équipe d’astronomes du Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique (LESIA) de l’observatoire de Paris a envoyé dans l’espace un nano-satellite, PicSat. Sa mission était de renvoyer à la Terre des informations précieuses sur les exoplanètes qui gravitent autour de l’étoile Beta Pictoris. Pourtant, après quatre années de travail et un lancement sans encombre, près de deux mois après sa mise en orbite, le satellite plonge dans le silence, d’une minute à l’autre... pendant plus de quatre ans et demi. Il n’a redonné signe de vie qu’en juin 2022, alors que la mission avait été abandonnée depuis des années.

« Pendant ses deux mois de fonctionnement, c’était une découverte pour toute l’équipe, on partait de pas grand-chose. On arrivait à le prendre en main, à le contrôler, le stabiliser, tester les différents systèmes et au bout de deux mois, le 20 mars, il est devenu silencieux. On a tout essayé pour tenter de reprendre contact avec lui. C’était assez triste, après quatre ans et demi de travail » témoigne Sylvestre Lacour, astrophysicien à l’Observatoire de Paris.

Le satellite était suivi par des observatoires qui s’occupent de tous les débris spatiaux, « on le savait intact, mais il a arrêté de nous donner des nouvelles. » En France, une loi interdit l’envoi de satellites sans moyen de désorbitage lorsqu’il n’est plus utile. « D’après cette loi, le satellite doit sortir de son orbite dans les vingt-cinq ans. Sur les petits satellites de style nanosatellites, en orbite basse, ils sont suffisamment petits pour qu’avec le frottement de l’air, au bout de dix ans, ils se désintègrent dans l’atmosphère. » Après l’échec de la mission scientifique de PicSat, l’équipe d’astronomes comptait sur le fait qu’il se désintègrerait dans les dix ans.

« Par défaut, le satellite, quand il se remet en route, se met dans un mode survie. Il envoie toutes les 10 secondes une petite émission dans laquelle il y a le nom PicSat, codé en bits, avec la vitesse de rotation, la charge de la batterie, des petites télémétries de base. Dans ces petits messages, il y a le nom du satellite en code. On a décodé tous les messages et c’était bien lui. Il a l’air d’être en pleine forme, la batterie a l’air de tenir » raconte l’astronome, enjoué.

L’équipe n’a pas encore d’explication sur le silence et l’arrêt de signaux temporaire de PicSat, mais travaille actuellement sur plusieurs pistes. 

PicSat avec la Lune

PHOTOGRAPHIE DE T. Pesquet ESA/NASA

QUATRE ANS PLUS TARD, REPRISE DE LA MISSION ?

Lorsque l’équipe de Lésia avait lancé PicSat, l’heure était au « New Space ». « C’est l’idée selon laquelle des acteurs privés, ou des petites institutions comme nous, peuvent accéder à l’espace sans passer par les grandes agences spatiales. PicSat, c’était ça. Un petit satellite dédié uniquement à l’astronomie avec comme objectif l’observation des exoplanètes en transit devant leur étoile. Le satellite étant petit, on doit observer des astres brillants, alors on s’était concentrés sur Beta Pictoris. »

À l’époque, les scientifiques avaient connaissance d’une seule exoplanète qui orbitait autour de Beta Pictoris, avec une période de dix-huit ans. « On voulait absolument l’attraper en 2018, puisque le prochain transit était potentiellement dix-huit ans plus tard » ajoute l’astronome français.

Depuis 2018, les découvertes autour de Beta Pictoris ont bien avancé, une deuxième planète a notamment été découverte en 2019. Plus récemment, ce sont de nombreuses exocomètes qui ont été repérées autour de Beta Pictoris.

Aujourd’hui, l’équipe s’est réunie et a réussi à reprendre contact avec PicSat afin d’échanger. « On se demande si on ne va pas reprendre la mission scientifique là où on l’avait laissée il y a quatre ans, avec pour nouvel objectif scientifique l’obtention d’informations sur les exocomètes qui orbitent autour de Beta Pictoris » s'enthousiasme Sylvestre Lacour.

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