Des montagnes flottantes sur Pluton, ça ne s'invente pas !

Pluton est une planète étonnamment vivante, parsemée de glaciers flottants, de reliefs curieusement criblés de cratères et de paysages multicolores.
Les lueurs des montagnes, des champs de glace et des vallées de Pluton au coucher du soleil, sous un ciel brumeux.
Photo NASA, Jhuapl, SwRI
De Nadia Drake
Publication 19 juil. 2021, 10:17 CEST

Pour une si petite planète, Pluton a une surface d’une incroyable diversité où l’on retrouve des glaciers flottants, des reliefs curieusement criblés de cratères, des ciels brumeux et des paysages multicolores. Selon les scientifiques de la mission New Horizons, la lointaine planète naine serait encore plus étrange qu’ils ne l’imaginaient. Elle possèderait notamment des volcans de glace, des montagnes flottantes et des lunes au comportement chaotique.

Les scientifiques ont dévoilé les observations obtenues par la sonde New Horizons lors de son survol de Pluton. Présentées à la réunion annuelle du département de sciences planétaires de l’American Astronomical Society, ces données montrent que Pluton n’est pas ce que l’on pensait.

L’équipe a reçu une bonne note pour l’exploration, mais une très mauvaise pour sa capacité prévisionnelle, rapporte Alan Stern, chercheur principal de New Horizons. « Le système de Pluton nous déconcerte totalement. »

 

DES VOLCANS DE GLACE

Deux trous observés à proximité du pôle sud de Pluton pourraient bien être des caldeiras volcaniques de glace. Ces dépressions se trouvent au sommet de deux gigantesques montagnes, le Mont Wright et le Mont Piccard. Les deux montagnes sont hautes de quelques kilomètres et larges d’au moins une centaine de kilomètres, et ont une forme semblable à celle des volcans-boucliers d’Hawaï. Sauf qu’au lieu de lave en fusion, les volcans plutoniens cracheraient de la glace, et éventuellement de l’azote, du monoxyde de carbone, ou encore une bouillie liquide draguée d’un océan enterré.

Jeff Moore, de l’Ames Research Center de la NASA, a déclaré au cours d’une conférence de présentation que l’équipe n’est pas encore prête à affirmer que ces éléments sont bien des volcans, « mais on [les] en suspecte fortement ».

Si c’est le cas, ce seraient les premiers volcans à être repérés à l’extrémité du système solaire. Si l’équipe préfère attendre de disposer de données supplémentaires pour confirmer ses découvertes, certains de ses membres en sont déjà bien convaincus.

« Lorsque vous voyez une grosse montagne avec un trou sur le dessus, ce ne peut être généralement qu’une seule chose », commente Oliver White, également de l’Ames de la NASA. « J’ai du mal à y voir autre chose que des volcans. »

 

DES MONTAGNES FLOTTANTES AU COMPORTEMENT ANARCHIQUE

Les montagnes plutoniennes pourraient bien se comporter plus comme des icebergs dans l’océan que des montagnes sur Terre. Constitués de glace, ces immenses blocs de matière flottent probablement sur une « mer » de glace d’azote, a révélé Moore. Dans certaines régions, ces montagnes sont aussi grandes que les Rocheuses américaines, mais suffisamment flottantes pour s’élever loin au-dessus des glaces d’azote et de monoxyde de carbone, bien plus denses. « Il se pourrait même les plus hautes montagnes plutoniennes soient simplement en train de flotter », a déclaré Moore lors de sa présentation.

À proximité du bord occidental du champ de glace connu sous le nom de plaine Spoutnik, des grandes étendues de glace d’eau peuvent se fracturer et se réarranger, produisant ce que Moore appelle un « terrain anarchique ». Des chaînes désordonnées de blocs angulaires, certains longs de 40 kilomètres et hauts de 5 kilomètres, forment des montagnes qui s’étendent de façon chaotique vers la plaine, jeune et lisse.

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    De nouvelles analyses suggèrent que la plaine Spoutnik pourrait être âgée de seulement 10 millions d’années. Autrement dit, « née de la dernière pluie », a commenté Stern. « C’est une importante découverte, que de petites planètes peuvent être actives, sur une échelle gigantesque, des milliards d’années après leur formation. »

     

    DES LUNES AU COMPORTEMENT CHAOTIQUE

    Les quatre petites lunes de Pluton ont enfin été révélées. Nix, Styx, Kerberos et Hydra sont, comme le reste de ce système, plus étranges que les scientifiques ne le pensaient. Kerberos et Hydra semblent être constituées de deux objets plus petits restés collés l’un à l’autre après être lentement entrés en collision, un peu comme la comète en forme de canard orbitée par Rosetta. « À un moment donné, Pluton possédait plus que quatre lunes, au moins six », a affirmé Mark Showalter de l’Institut SETI lors d’une conférence de presse.

    Le taux de rotation des petites lunes ajoute à la bizarrerie du système. Hydra remporte la course, tournant sur elle-même en seulement 10 heures. Mais toutes les lunes tournent bien plus rapidement que prévu. « Nous n’avons encore jamais vu un système satellite se comporter de la sorte », a ajouté Showalter. De plus, les scientifiques ne peuvent pas encore entièrement expliquer l’étrange cratère rougeâtre sur l’une des faces de Nix. Quant à Kerberos, que les scientifiques imaginaient comme le mouton noir du groupe, elle est en fait tout aussi lumineuse que ses trois petites sœurs.

    Retrouvez Nadia Drake sur Twitter.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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