Cinq mouvements menés par des jeunes qui ont changé le monde

Des mouvements pour les droits civiques aux étudiants de Parkland en passant par le Printemps arabe, les adolescents et les jeunes adultes ont souvent participé à faire bouger les lignes.

De Erin Blakemore
Publication 29 mars 2018, 16:22 CEST
Sur la Place Tahrir, une jeune femme pleure après l'annonce de la démission du président égyptien ...
Sur la Place Tahrir, une jeune femme pleure après l'annonce de la démission du président égyptien Hosni Mubarak, conséquence de 18 jours de manifestations massives dans la région.
PHOTOGRAPHIE DE Chris Hondros, Getty Images

Regardez les importants changements qui ont eu lieu à travers les époques et vous verrez que ceux qui se cachent derrière sont souvent de jeunes gens passionnés.

Les leaders du mouvement March for Our Lives ne font pas exception. Le weekend dernier, ces étudiants de Parkland, en Floride, ont organisé un rassemblement pour demander un meilleur contrôle des armes à feu aux États-Unis, après la fusillade qui a eu lieu dans leur lycée en février 2018.

Critiqués par certains et encensés par d'autres pour leur courage, leur détermination et leur intelligence, ils ont diffusé un message clair, mobilisé une partie de la nation américaine et obtenu le soutien de célébrités et d'hommes et femmes politiques, notamment l'ancien président Barack Obama et l'ancienne Première dame Michelle Obama.

Ces adolescents ne sont pas les premiers à s'investir de la sorte. Ils sont les nouveaux représentants d'une lignée de plusieurs générations de jeunes militants qui ont obtenu des changements sociaux partout dans le monde.

Voici cinq autres mouvements similaires emmenés par de jeunes militants.

 

LE MOUVEMENT AFRO-AMÉRICAIN DES DROITS CIVIQUES

Des militants des droits civiques participent à l'une des trois marches entre Selma et Montgomery qui ont eu lieu en 1965 dans l'Alabama. Les jeunes ont également participé à ces manifestations, qui furent essentielles à l'adoption de la Voting Rights Act, une loi interdisant les pratiques discriminatoires menées à l'encontre des personnes de couleur lors des élections.
PHOTOGRAPHIE DE Buyenlarge/Getty Images

Les sit-ins au comptoir des restaurants. La Marche sur Washington. Le pont Edmund Pettus à Selma, en Alabama.

Dans les moments les plus mémorables du mouvement des droits civiques aux États-Unis, les jeunes ont joué un rôle important sur le devant de la scène, mais aussi en coulisses. Ensemble, ils ont mis un terme à la ségrégation dans les écoles des États du sud où étaient appliquées les lois Jim Crow, ont défié le racisme avec les Freedom Rides et ont permis l'adoption des droits civiques.

Le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC), l'une des organisations étudiantes les plus influentes, a mené de nombreux mouvements de protestation non violents. Il a aussi participé à l'entraînement de soldats. Farouchement indépendant, le groupe était présent sur tous les fronts et n'a jamais flanché sous la répression de l'État et les violences physiques. Animé par le rejet de la suprémacie blanche, le SNCC fut le groupe de défense des droits civiques le plus important et le mieux organisé de la nation.

Les jeunes qui ont pris part au mouvement des droits civiques ont adhéré à ce que John Lewis, élu à la chambre des Représentants et ancien président du SNCC, décrivait comme « de bons ennuis », des actions courageuses destinées à provoquer et à défier les autorités, et à faire bouger les choses.

 

LES PROTESTATIONS CONTRE LA GUERRE DU VIÊT NAM

Plus de deux millions de jeunes hommes ont été appelés dans l'armée américaine pendant la guerre du Viêt Nam. La mobilisation des jeunes contre le conflit n'est donc pas une surprise. Le mouvement étudiant a aidé à retourner l'opinion publique américaine contre la guerre du Viêt Nam. Ce n'était pas la première fois que les étudiants menaient des actions : dès le début des années 1960, de jeunes militants se battaient pour le mouvement afro-américain des droits civiques et s'opposaient à la Guerre froide.

Pour protester contre la guerre, les étudiants ont manifesté et mené des sit-ins dans tout le pays. Ces protestations ont divisé et semé le trouble parmi l'opinion publique américaine, qui se demandait si les étudiants devaient continuer ou non leurs actions. Certaines protestations furent violemment réprimées, comme le 4 mai 1970, sur le campus de l'Université d'État du Kent. La police a tué des étudiants non armés et en a battu et aspergé d'autres de gaz lacrimogène. Des membres de quelques mouvements étaient dans le viseur du FBI : ce fut notamment le cas pour le Students for a Democratic Society (SDS), l'un des acteurs principaux du mouvement anti-guerre.

Des étudiants manifestent contre la guerre du Viêt Nam en face de l'ambassade des États-Unis à Londres.
PHOTOGRAPHIE DE Mirrorpix/Getty Images

« Nous avions raison sur la guerre », a déclaré Michael S. Ansara, qui était à la tête de la SDS de l'Université d'Harvard. « Nous savions qu'avec nos actions, nous susciterions une réaction qui nous permettrait de débattre et de parler de la guerre », a déclaré Michael à Laszlo B. Herwitz du journal The Crimson's. « Ce n'est pas en étant poli que l'on parvient à avoir un débat ».

 

LES MANIFESTATIONS DE LA PLACE TIAN'ANMEN

À Pékin, un groupe d'étudiants chinois à vélo parcourt la ville en agitant des banières pour ralier des citoyens à leur mouvement démocratique.
PHOTOGRAPHIE DE Peter Turnley, Getty Images

« J'envie la liberté dont jouissent les étudiants ici », disait Rowena He, professeure agrégée en histoire au St. Michael's College dans le Vermont. Adolescente dans la Chine de 1989, elle explique qu' « à leur âge, des millions d'entre nous sommes descendus dans la rue dans plusieurs villes du pays pour réclamer les droits basiques dont bénéficient les étudiants américains, comme les droits de naissance, qu'ils prennent trop souvent pour acquis ».

Connu dans le monde entier pour la violente répression qui a eu lieu sur la Place Tian'anmen, le mouvement ne concernait pas uniquement Pékin. Des jeunes de tout le pays se sont mobilisés pour réclamer des réformes démocratiques et une libéralisation de l'économie pour mettre un terme au népotisme et aux difficultés économiques. Des centaines de milliers de militants, la plupart étudiants, ont manifesté avec bannières, discours et chansons.

Les protestations, empreintes d'émotion, ont pris un tournant terrifiant les 3 et 4 juin 1989, lorsque des milliers de soldats ont envahi la Place Tian'anmen, ouvert le feu sur les étudiants non armés et réprimé le mouvement à coup de chars et de fusils. Aujourd'hui, nous ignorons toujours le nombre de morts et de blessés que cette répression a causé.

Le massacre n'a jamais été officiellement reconnu par la Chine, qui continue de censurer toute information ou conversation relative au mouvement. Trente ans après, Rowena He précise que « la justice ne peut toujours pas être rendue pour les centaines de jeunes dont la vie a été brisée par les armes et les chars ». Ses collègues et elle-même craignent toujours des représailles de la part du parti communiste chinois : ils continuent en effet d'étudier le mouvement de Tian'anmen.

 

LE PRINTEMPS ARABE

Pour certains, quand on parle de Twitter et de Facebook, on pense au jeune connecté en permanence. Mais pendant le Printemps arabe, en 2010, les réseaux sociaux ont permis à la jeunesse d'organiser une révolution sans précédent. Le mouvement, né en Tunisie, s'est répandu comme une traînée de poudre en Égypte, en Lybie, au Yémen, en Syrie, à Barhein et dans d'autres pays du Moyen-Orient.

Fatigué par la police corrompue, les difficultés économiques, les violations des droits de l'Homme et la dictature, les jeunes ont participé à une vague de manifestations pour la démocratie qui ont transformé des places comme celle de Tahrir au Caire en lieu de lutte. La mort d'un jeune Tunisien vendeur de rue, qui s'est immolé par le feu lorsque la police lui a confisqué sa charrette, fut l'élément déclencheur de ces protestations.

Les jeunes n'étaient pas les seuls à prendre part aux manifestations qui ont agité le monde arabe pendant plus d'un an. Ces dernières se sont nourries des conflits en cours, comme la guerre civile en Syrie, et ont notamment conduit à la démission forcée du président de l'Égypte Hosni Mubarak.

Mais pour certains analystes comme M. Chloe Mulderig de l'Université de Boston, le Printemps arabe « ne se serait jamais produit sans les jeunes en colère et leurs idées, qui ont déferlé en masse dans les rues ».

 

LES DROITS À L'EAU DES AMÉRINDIENS

À Cannon Ball, dans le Dakota du Nord, deux jeunes militants pour les droits à l'eau sont photographiés devant une case en terre en feu, une habitation Navajo traditionnelle. Pendant des mois, les manifestants ont occupé la réserve Standing Rock pour protester contre le Dakota Access Pipeline. Contraint de partir en février 2017, des occupants ont mis le feu à certaines parties du site.
PHOTOGRAPHIE DE Stephen Yang, Getty Images

« Les jeunes en ont marre de se dire qu'ils n'ont pas d'avenir », aimait à dire Micaela Iron Shell-Dominguez. « C'est une chose de prendre nos terres, mais maintenant, ils veulent venir ici, construire un pipeline et polluer notre eau ».

Micaela fait référence aux divers projets de pipelines très controversés, destinés à acheminer du pétrole à travers les États-Unis. Les pipelines passent souvent à proximité ou par des territoires amérindiens ou des cours d'eau. L'opposition des jeunes militants comme Micaela Iron Shell-Dominguez face à ces projets est très forte.

L'un d'entre eux s'est particulièrement attiré les foudres des jeunes amérindiens : le Dakota Access Pipeline (DAPL). Ce pipeline passe non loin de la réserve amérindienne de Standing Rock, et son approbation en 2016 a déclenché une vive indignation. Des milliers de manifestants ont décidé d'occuper les lieux, théâtre de nombreuses manifestations et arrestations. L'International Indigenous Youth Council, dont l'objectif est d'inspirer, de mobiliser et de responsabiliser les jeunes dirigeants aux enjeux de l'environnement, a gagné en importance pendant les protestations de Standing Rock. Micaela est aujourd'hui conseillère et coordinatrice de projet pour le groupe.

« Tous les membres de notre communauté devrait avoir accès à une eau propre et respirer un air non pollué », a-t-elle déclaré. Malgré les protestations, la construction du DAPL s'est poursuivie. L'IIYC, ainsi que d'autres organisations de jeunes continuent toujours le combat pour d'autres projets, comme le Keystone Pipeline, qui menace les droits à l'eau des amérindiens.

« Nous ne possédons pas cette planète. Nous pensons plutôt que nous appartenons à celle-ci », a ajouté Micaela. « Au lieu de la détruire, nous devrions protéger la Nature ».

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