L’Empire mongol était-il trop grand pour perdurer ?

L’Empire mongol était le territoire le plus étendu de l’Histoire, loin devant l’Empire Romain ou les conquêtes d’Alexandre le Grand, mais les divisions en son sein causèrent sa perte sous le règne de Kubilaï Khan.

De Arnaud Sacleux
La statue de Gengis Khan, au cœur du désert de Badain Jaran.

La statue de Gengis Khan, au cœur du désert de Badain Jaran.

PHOTOGRAPHIE DE Gionnixxx, Istock

On pourrait situer les prémices de ce qui allait devenir l’Empire mongol vers la fin du 12e siècle. La Mongolie était alors en proie à un déchirement entre les clans nomades, Mongols comme Tartars, qui peuplaient les steppes d’Asie Centrale.

Un jeune nomade nommé Temutchin décida alors d’exaucer le souhait de son père défunt ; unifier toutes les tribus entre elles. Pour se constituer une armée digne de ce nom, il rallia à sa cause les clans autrefois fidèles à son père afin de soumettre les autres tribus une à une. C’est au début du 13e siècle, en 1206, qu’il parvint à ses fins et devint le Roi Universel, Gengis Khan.

Sous son impulsion, le nouvel Etat mongol s'auréola de gloire. Avec des règles strictes, il réussit à imposer un équilibre entre les tribus et instaura une justice impériale. Meurtres, viols, désobéissance ou commerce de femmes, tous ces délits étaient désormais punis par la peine capitale. Les enfants nés « bâtards » étaient également reconnus comme héritiers légitimes de leur père et chacun était libre de pratiquer la religion qu’il souhaitait. Mais sous ce vivre-ensemble se cachait un but précis : lever une armée unie et partir à la conquête du monde.

Nord de la Chine, Afghanistan, Ouzbékistan, Gengis Khan massacra villes et villages et en conquit les territoires avant de mourir d’une chute de cheval en 1227. Ses successeurs, Ogodeï, Möngke et Arigh Bokë, parvinrent malgré les guerres de succession à étendre l’Empire à une allure impressionnante. Ce dernier devient le plus grand que l’histoire ait connu, reliant la mer Méditerranée à l’océan Pacifique, en passant par la Perse et l’Irak.

Qui était l'empereur chinois Kubilai Khan ?

C’est sous Kubilaï Khan, petit-fils de Gengis Khan, que l’Empire mongol atteignit son apogée, avant de disparaître. Rompu aux mœurs chinoises, Kubilaï prépara pendant des années sa succession en Chine, à Xingzhou, où son oncle Ogodeï l’avait nommé gouverneur lors de son règne. Lors de ses années passées à la tête de l’Empire, Kubilaï Khan aura d’ailleurs été le plus « Chinois » des Mongols. Il déplaça la capitale de son Empire à l’emplacement de la capitale chinoise contemporaine, Pékin, alors nommée « Khanbalik », ville du Khan.

« Kubilai Khan, en tant que Mongol, aurait eu les pires difficultés à établir son contrôle sur la Chine. Il s'est donc proclamé empereur de Chine », épousant des pans entiers de sa culture, révèle John Man, spécialiste de l'histoire mongole. 

En 1271, une nouvelle dynastie vit le jour, celle des Yuan. En abandonnant la tradition nomade de ses ancêtres mongols et en s’attirant les faveurs de ses sujets chinois, Kubilaï Khan régna sur l’Empire le plus peuplé, le plus vaste et le plus prospère de son époque.

Mais à la fin du 13e siècle, les deux défaites que subit l’Empire de Kubilaï Khan face aux Japonais en 1274 et en 1281 signèrent les débuts de sa chute. Les armées de Kubilaï Khan, pourtant équipées de la poudre à canon des Chinois et en surnombre face aux samouraïs japonais chargés de défendre les côtes, se heurtèrent à deux problèmes majeurs.

Les armées du Khan n’étant constituées que de très peu de marins, ils subirent de plein fouet les intempéries maritimes aux abords des côtes japonaises (notamment le typhon lors de la bataille de 1281). De plus, l’armée de Kubilaï dut se heurter aux réticences de ses troupes chinoises et coréennes nouvellement conquises, peu désireuses d’aider leurs nouveaux maîtres.

Ces divisions ne furent que les étincelles de l’explosion du royaume ; lorsqu’un territoire est vaste, les divisions en son sein sont plus nombreuses et les résistances locales se font plus fortes. L’Empire éclata en 1294 et la dynastie des Yuan, qui conservera encore quelques années son influence en Chine, laissera place après 89 ans de règne à la dynastie chinoise des Ming, en 1368.

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