Anthrax : l'affaire des enveloppes contaminées au bacille de charbon

Dans le sillage des attentats du 11 septembre, une affaire de bioterrorisme secoue les États-Unis ; des enveloppes contaminées à l’anthrax sont envoyées à de grands médias et sénateurs américains et provoquent plusieurs décès.

De Arnaud Sacleux
Publication 12 janv. 2022, 14:43 CET
L'enveloppe contaminée aux bacilles de charbon, destinée au sénateur du Dakota du Sud, Tom Daschle.

L'enveloppe contaminée aux bacilles de charbon, destinée au sénateur du Dakota du Sud, Tom Daschle.

PHOTOGRAPHIE DE Creative Commons

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L’anthrax, ou maladie du charbon, est une infection grave causée par le bacillus anthracis, une bactérie que l’on nomme également bacille de charbon, qui prend la forme de spores pour se multiplier et se disperser. Inhalée, elle provoque de graves abcès cutanés et peut infecter les poumons, la gorge et les intestins. Dans ses formes les plus graves, l’anthrax peut également provoquer la mort.

Lors de cette affaire, cinq personnes sont décédées après avoir inhalé le bacille de charbon contenu dans des lettres piégées, et dix-sept autres personnes se sont retrouvées en détresse respiratoire sévère. Pourquoi, alors qu'elle a été classée en 2008, cette affaire fait-elle toujours débat ?

 

BIOTERRORISME BACTÉRIOLOGIQUE

18 septembre 2001. Une semaine seulement après les attentats du Wold Trade Center, les premières enveloppes piégées sont envoyées aux grands médias new-yorkais ABC News, CBS News, NBC News et le New York Post. À l’intérieur de ces enveloppes, des granules bruns et durs contenant du bacille de charbon, accompagnés d’une note : « 11/09/2001. C'est la suite, prends de la Pénicilline maintenant. Mort à l'Amérique. Mort à Israël. Allah est grand. »

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    Bien qu'elle ait provoqué la mort d’un journaliste, cette première salve a été considérée par les autorités comme étant sans réelle volonté de tuer. La notice révélant le remède, ainsi que la faible concentration des granules en bacille de charbon, indiquaient que le but était de provoquer des réactions cutanées.

    La seconde vague a été plus meutrière. Trois semaines plus tard, le 9 octobre, deux sénateurs démocrates, Tom Daschle du Dakota du Sud et Patrick Leahy, élu du Vermont, sont visés par de nouvelles attaques bactériologiques. Les deux missives contenaient une note similaire. « 11 septembre 2001, vous ne pouvez pas nous arrêter. Nous avons cet anthrax. Vous allez mourir maintenant. Vous avez peur ? Mort à l'Amérique. Mort à Israël. Allah est grand. »

    Cependant, le contenu de la lettre destinée à Daschle était différent, décrit par les scientifiques comme de la poudre fine, dix fois plus concentrée en spores purs que les granules. Si les deux sénateurs s’en sont sortis indemnes, plusieurs personnes, dont le courrier s’est retrouvé en contact avec les lettres piégées, ont trouvé la mort peu de temps après.

     

    UN SUICIDE QUI CLASSE DÉFINITIVEMENT L’AFFAIRE

    Écartant rapidement les souches de bacille de charbon présentes au Moyen-Orient, les experts en bio-défense ont affirmé que la poudre, constituée d'une variété militarisée du bacille du charbon, ne pouvait être produite qu'avec la connaissance et les équipements d'une organisation étatique. Un suspect se détache alors : Bruce Ivins.

    Ce scientifique, souffrant de multiples problèmes psychologiques selon la justice américaine, travaillait dans le laboratoire militaire de Fort Detrick dans le Maryland, d'où provenait l'anthrax.

    « Au terme d'une enquête méticuleuse, nous sommes arrivés à la conclusion que le Dr Bruce E. Ivins est responsable de la mort, de la maladie et de la peur causées dans notre pays par les envois de lettres empoisonnées à l'anthrax en 2001 et qu'au vu des preuves, il a agi seul », a affirmé Joseph Persichini, responsable d'enquête au FBI.

    Comme preuves, le flacon qui aurait contenu l'anthrax créé par le Dr Ivins ; le comportement suspect du scientifique, qui restait tard dans son laboratoire au moment des envois de lettres empoisonnées ; et les enveloppes, vendues dans le bureau de poste voisin du domicile du scientifique.

    Cette déclaration, intervenue sept ans après l’envoi des lettres empoisonnées et le suicide de Bruce Ivins le 29 juillet 2008, « persécuté par le FBI », clôt l’affaire de l’anthrax en août 2008, tenant le biologiste comme seul responsable.

    L’affaire, aujourd’hui classée, reste toutefois critiquée par de nombreux acteurs de l’enquête qui estiment que sa conclusion repose sur des preuves indirectes et non recevables, et sur des contre-vérités.

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