Ce pharaon méconnu a eu une mort brutale

Ouseribrê Senebkay, pharaon oublié du deuxième millénaire avant notre ère, est peut-être le premier souverain égyptien à être mort au combat.

De Nick Romeo
Publication 31 août 2022, 14:27 CEST
Skull

Des chercheurs ont identifié dix-huit blessures sur les os du pharaon, notamment des coups portés à l’avant et à l’arrière de son crâne.

PHOTOGRAPHIE DE JOSEF WEGNER, PENN MUSEUM

L’analyse du squelette d’un pharaon égyptien méconnu dont les restes ont été découverts en 2014 a révélé des détails spectaculaires concernant sa mort particulièrement brutale.

Le pharaon Senebkay a vécu entre 1650 et 1550 avant notre ère près de l’ancienne nécropole d’Abydos, à 483 kilomètres au sud du Caire. C’est l’un des quatre souverains dont on a découvert les sépultures en janvier 2014. Il faisait partie d’une dynastie royale inconnue jusqu’alors.

L’analyse du squelette de Senebkay a révélé qu’il avait été assailli par de nombreux adversaires brandissant des haches de bronze en « bec de canard ». Dix-huit coups ont troué son corps jusqu’à l’os avant qu’il ne reçoive des estocades mortelles au crâne et au dos.

« Ça a l’air vraiment brutal », s’étonnait Joe Wegner, archéologue de l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie en charge des fouilles. « Il a probablement été submergé par des assaillants qui le poignardaient et le lacéraient. »

 

INDICES SUR LES CIRCONSTANCES DE SON DÉCÈS

L’examen des angles d’impact et de la localisation des coups a permis à Joe Wegner et à son équipe de proposer un scénario spéculatif pouvant expliquer ces blessures.

Lorsque l’attaque a commencé, Senebkay était vraisemblablement à cheval. On pense qu’une estafilade musclée portée à la cheville droite lui a quasiment sectionné le pied et a entraîné une hémorragie grave. Des marques sur les genoux et sur les mains indiquent que la charge a été continue, et les contusions présentes dans le bas du dos suggèrent qu’on lui a asséné des coups alors qu’il se trouvait en position assise.

Au moment où il reçut trois coups de hache dévastateurs à la tête, Senebkay avait probablement déjà chuté à terre. L’un de ces coups fut asséné avec tant de force que la courbure et l’épaisseur de la lame se sont tout bonnement imprimées sur sa boîte crânienne.

« Quelqu’un voulait vraiment qu’il meure », commentait alors Joe Wegner. Si l’assassinat perpétré par des rivaux politiques est une thèse plausible, le chercheur pense que le pharaon est mort au combat ou bien lors d’une embuscade. « À mon sens, les indices physiques trahissent une attaque sauvage perpétrée par des soldats rompus. »

Une expertise médico-légale réalisée sur le squelette du pharaon Senebkay a révélé des détails crus sur ses derniers moments.

PHOTOGRAPHIE DE JOSEF WEGNER, PENN MUSEUM

L’analyse du squelette, réalisée par Jane Hill et Maria Rosado de l’Université Rowan, à Glassboro, dans le New Jersey, a permis d’établir que Senebkay était âgé de 35 à 40 ans au moment de son décès. Celle-ci a également révélé qu’il était exceptionnellement grand pour l’époque : il mesurait entre 1,70m et 1,82m.

Senebkay a vécu lors de la Deuxième Période intermédiaire, une époque marquée par une fragmentation politique et par une pénurie de richesses matérielles. Son tombeau a été découvert dans un ensemble de sept structures souterraines situées dans une zone de 46 mètres de diamètre. D’importants restes squelettiques ont par ailleurs été découverts dans trois autres de ces sept chambres funéraires.

On pense que les trois autres squelettes découverts dans la nécropole appartiennent à des pharaons de la même période, mais Senebkay est le seul dont on a pu identifier le nom. Les murs de son tombeau arboraient un cartouche oval avec un motif horizontal, signe que le nom inscrit à l’intérieur était un nom royal. En outre, son nom correspond à celui qu’on retrouve sur un célèbre fragment de papyrus en mauvais état : le Canon royal de Turin.

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    Des membres de l’équipe de fouilles exhument la chambre funéraire du pharaon Senebkay en janvier 2014.

    PHOTOGRAPHIE DE JOSEF WEGNER, PENN MUSEUM

    Les tendons et les ligaments du fémur et du bassin de Senebkay montrent qu’il a passé un temps considérable sur le dos d’un animal équin. C’est à peu près à cette époque que les chevaux ont été introduits en Égypte depuis le Proche-Orient. De plus, grâce des inscriptions produites peu après, on sait avec certitude que les pharaons et l’élite militaire montaient à cheval.

     

    DYNASTIE DE ROIS GUERRIERS

    Un des autres squelettes découverts dans la nécropole était celui d’un homme athlétique et robuste qui, selon toute vraisemblance, passait un certain temps à effectuer une activité répétitive et exigeante avec son bras gauche. Le tir à l’arc ou des exercices militaires sont des hypothèses possibles. D’ailleurs, Joe Wegner pense que les sept sépultures pourraient représenter une dynastie de rois guerriers. Des tests ADN devraient être effectués pour savoir si ces individus ont un quelconque lien génétique.

    À cette période, une dynastie installée à Abydos aurait très vraisemblablement dû faire face à la menace des rois Hyksôs au nord et des rois thébains au sud. Mais un conflit a très bien pu émerger à cause de rivalités internes.

    On ne sait pas où Senebkay est mort, ni la taille du territoire sur lequel il régnait, mais la présence de linceuls à proximité de ses os indique qu’il n’aurait pas été momifié immédiatement après son décès. On a exposé ou bien transporté son corps pendant quelque temps, probablement quelques semaines, avant de l’embaumer et de l’enterrer.

    Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise en mars 2015. Des fouilles financées par la National Geographic Society ont repris à Abydos l’été suivant.

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