Royaumes mayas : un nouveau monde s'ouvre à nous grâce au Lidar

Le monde Maya dort enfoui sous la végétation depuis des siècles. Une technique révolutionnaire est en train d'en révéler toute l'ampleur et l'incroyable complexité.

De Tom Clynes, PHOTOGRAPHIES DE RUBÉN SALGADO ESCUDERO
Publication 7 mars 2024, 10:43 CET
Une vue aérienne laisse entrevoir la superficie réelle de Dzibanché, dans le Yucatán, au Mexique. Le ...

Une vue aérienne laisse entrevoir la superficie réelle de Dzibanché, dans le Yucatán, au Mexique. Le lidar, une technologie laser qui supprime numériquement la canopée, révèle que la cité maya s’étendait sur 20 km2.

PHOTOGRAPHIE DE Rubén Salgado Escudero

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Durant des dizaines d'années, les deux archéologues et Explorateurs pour National Geographic ont travaillé dans les forêts tropicales d’Amérique centrale. Ils ont dû supporter la chaleur et l’humidité écrasantes, et faire face à des animaux mortels et à des pilleurs armés pour exhumer des trésors laissés par les anciens Mayas, dont la civilisation a prospéré pendant des millénaires avant d’être mystérieusement engloutie par la végétation.

Il y a donc quelque chose de paradoxal à ce qu’ils aient fait leur plus grande découverte devant un ordinateur, dans des locaux climatisés, à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Quand Marcello Canuto et Francisco Estrada-Belli, tous deux de l’université Tulane, ont ouvert la photo aérienne d’une zone forestière du nord du Guatemala, il n’y avait rien d’autre à voir sur l’écran que la cime des arbres. Mais le cliché avait été pris avec un lidar.

Cet appareil de télédétection embarqué à bord d’un avion envoie des milliards de pulsations laser vers le sol, puis mesure celles qui sont renvoyées. Le petit nombre de pulsations traversant le feuillage fournit assez de données pour obtenir une image des sols forestiers.

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    Les archéologues croyaient bien connaître le site de Tikal, mais le lidar a révélé que la cité maya la plus vaste du Guatemala était en réalité quatre fois plus grande qu’ils ne le pensaient et comportait un réseau complexe de routes surélevées, de cultures en terrasses, de réservoirs et de fortifications

    PHOTOGRAPHIE DE Rubén Salgado Escudero

    En quelques clics, Marcello Canuto a retiré la végétation, révélant une image 3D du terrain. Cette zone avait toujours été supposée inhabitée ou presque, même à l’apogée de la civilisation maya, il y a plus de 1 100 ans.

    Pourtant, ce qu’ils voyaient comme de simples collines a soudain révélé des réservoirs, des terrasses de culture et des canaux d’irrigation, bâtis de la main de l’homme. Ce qu’ils prenaient pour de petites montagnes était en réalité de grandes pyramides surmontées d’édifices rituels. Des cités que des générations d’archéologues avaient considérées comme des capitales régionales n’étaient finalement que les banlieues de métropoles précolombiennes bien plus vastes dont personne ne soupçonnait l’existence, reliées entre elles par des chaussées pavées et surélevées.

    « Je crois que nous avons ressenti à peu près ce qu’ont éprouvé les astronomes face aux premières images prises par le télescope Hubble en découvrant soudain le néant rempli d’étoiles et de galaxies, raconte Thomas Garrison, un autre membre du projet. Cette immense forêt tropicale, tenue pour quasi vierge, laissait d’un coup apparaître, une fois les arbres enlevés, des signes de présence humaine partout. »

    Découvert à Holmul, au Guatemala, un encensoir utilisé lors de rituels figure un dieu maya de l’inframonde.

    PHOTOGRAPHIE DE Rubén Salgado Escudero

    Le recours au lidar révolutionne l’archéologie maya: non seulement cette technique guide les chercheurs vers des sites prometteurs, mais elle leur donne aussi une vue d’ensemble des paysages d’alors. Des dizaines de relevés au lidar –dont ceux de 2018, dévoilés à La Nouvelle-Orléans et financés par la fondation guatémaltèque pour le Patrimoine culturel et naturel maya (Pacunam)– ont remis en cause certaines idées tenaces sur une civilisation qui a prospéré dans une des régions les moins hospitalières du monde. 

    « Le nouvel élan offert par le lidar à l’archéologie maya est pour ainsi dire incommensurable, souligne l’archéologue guatémaltèque Edwin Román-Ramírez. Nous devrons toujours faire des fouilles pour comprendre les peuples à l’origine de ces constructions, mais cette technologie nous montre exactement où et comment mener celles-ci. » 

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