Découverte d’une centaine de sépultures précolombiennes en Guadeloupe

Au cœur de la Guadeloupe, les archéologues de l’INRAP ont révélé la présence de vestiges, dont des sépultures, des époques précolombiennes et coloniales sur une vaste étendue.

De Mehdi Benmakhlouf
Publication 7 mai 2021, 12:35 CEST, Mise à jour 10 mai 2021, 13:36 CEST
Mise au jour de trois sépultures précolombiennes - Petit-Pérou, les Abymes (Guadeloupe).

Mise au jour de trois sépultures précolombiennes - Petit-Pérou, les Abymes (Guadeloupe). 

PHOTOGRAPHIE DE Thomas Romon, Inrap

Au total, 113 sépultures ont été mises au jour en terres guadeloupéennes. Une découverte monumentale révélée au centre du département d’outre-mer français.« Cette fouille devait se dérouler initialement début 2020, elle a dû être décalée du fait de la pandémie de COVID puis repoussée à cause des conditions climatiques » déclare Nathalie Serrand, responsable d’opérations et de recherches archéologiques dans les départements d’Outre-mer.

L’histoire débute en 2017 lorsque l’État prescrit un diagnostic de recherches archéologiques préventives en amont de la construction d’infrastructures à vocation commerciale. L’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), sera chargé de conduire les opérations dans la commune des Abymes, dans la zone du Petit Pérou.

Les fouilles menées sur une surface de 11 200 m² ont dans un premier temps révélé une densité importante de vestiges composés de fosses, de trous de poteaux et de sépultures. « Les principaux indices retrouvés témoignent d’activités du quotidien, les grandes fosses circulaires pourraient être assimilées à nos « poubelles » actuelles. On y retrouve des poteries, des éléments en terre cuite, du corail, mais aussi des restes alimentaires sous la forme de coquillage ou de restes osseux » précise Nathalie Serrand. La présence de ces structures ainsi que les fosses seraient liées à des activités humaines. Les sépultures mises au jour seraient celles d’adultes mais aussi d’enfants repliés sur eux-mêmes et attachés à l’aide de liens et de sacs pour maintenir leur position.

Enregistrement de la sépulture 59 et fouille manuelle de la sépulture 60, les Abymes, Petit-Pérou.

PHOTOGRAPHIE DE Jessica Laguerre, Inrap

« Ces populations évoluent dans les petites Antilles depuis déjà plus d’un millénaire, elles sont arrivées vers 500 avant notre ère depuis le Venezuela et la Guyane » affirme l’archéologue. Au 4e millénaire avant notre ère, des populations nomades originaires d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale, principalement issues des côtes du Venezuela, peuplent les Petites Antilles. Pendant cette période nommée le Mésoindien ou l’Âge Archaïque, des populations de marins en haute mer dont les ressources principales reposent sur la collecte de coquillages, la pêche, la cueillette, la fabrication d’outils de pierre, de coquilles ou corail et sur une agriculture encore à ses balbutiements, s’adaptent peu à peu au milieu insulaire.

Ils entament une traversée et migrent alors vers les Antilles et se déplacent d’île en île à bord d’embarcations comparables à des canoës. Selon les historiens, leur circulation dans les petites Antilles aurait été guidée par leurs besoins de subsistance et par leurs croyances. Cette période est marquée des changements économiques et culturels importants dans le processus de régionalisation de ces peuples anciennement nomades.

Plus tard, on découvrira que ces Amérindiens ont laissé, en particulier dans le sud de la Basse-Terre, un art rupestre remarquable.

De nombreuses questions persistent autour de ce site archéologique. Dans quel état de santé étaient les populations inhumées sur ce site ? Ces inhumations ont-elles eu lieu lors d’un rite spécifique à ce village ? « Nous chercherons aussi à savoir si ces inhumations sont à l’origine de ces structures vestigiales. Peut-il y avoir un lien entre ces sépultures et ces fosses ? Des célébrations avaient-elles lieu en l’honneur de ces inhumations ?  » s'interroge Nathalie Serrand. Les archéologues tâcheront d’y répondre à l’aide des données issues du site, des recherches liées au mobilier archéologique de datations aux carbones et les analyses d'ADN ancien.

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