Découverte d’une sépulture d’enfant antique sous l’aéroport de Clermont-Ferrand

Pour la première fois, des archéologues ont découvert une sépulture d’enfant, des aterfacts et le squelette d'un jeune chien datant de l’époque augusto-tibérienne.

De Mehdi Benmakhlouf
Publication 27 janv. 2021, 16:46 CET
Sépulture d’un jeune enfant décédé à l’époque augusto-tibérienne.

Sépulture d’un jeune enfant décédé à l’époque augusto-tibérienne.

PHOTOGRAPHIE DE Denis Gliksman, Inrap

« En juillet dernier, nous avons fait l’évaluation archéologique du site et le diagnostic a montré qu’il était riche en vestiges. Par la suite, l’État a fait une demande de prescription de fouilles et nous avons donc décroché le chantier » révèle Laurence Lautier, responsable de recherche à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP). Pendant une durée de trois mois, une équipe d’archéologue assurera les fouilles en amont de travaux d’élargissement des pistes de l’aéroport de Clermont-Ferrand, en Auvergne.

Situé au pied de la cité médiévale de Clermont-Ferrand, le site a été occupé pendant le Premier âge de Fer (800 à 450 ans avant notre ère). « À l’origine, ce lieu abritait des marais mais pendant toute l’Antiquité, il y a des grandes campagnes de drainage, avec l’installation de fossés qui ont asséché le lieu. Des villas, des fermes, des hameaux ont donc été bâtis par la suite sur ces terrains » explique Laurence Lautier. « À côté de cette sépulture se trouvait au moins trois bâtiments que l’on interprète comme agricoles, il est probable que la partie résidentielle se trouve pas très loin de la sépulture ».  

 Les archéologues s’attèlent à la fouille de la sépulture en bordure des pistes de l’aéroport

PHOTOGRAPHIE DE Denis Gliksman, Inrap

 

UNE SÉPULTURE D’ENFANT ANTIQUE INEDITE

Les fouilles ont révélé une sépulture exceptionnelle à proximité d’une habitation gallo-romaine qui date probablement de la première décennie du premier siècle de l’époque augusto-tibérienne, c’est-à-dire trois décennies après la naissance de Jésus de Nazareth. 

L’enfant aurait été inhumé vers l’âge d’un an dans un cercueil ne mesurant pas plus de 80 cm. Le bois a disparu sous l’effet du temps mais il subsiste une plaque ornementale et des clous. Le cercueil a par la suite été placé dans une fosse aux dimensions bien plus large, 1 mètre de large pour 2 mètres de long. Cette dernière comporte une quantité inhabituelle d’objets funéraires, des restes alimentaires et d'objets plus personnels.

 

DE RICHES OBJETS FUNÉRAIRES 

Le fait de trouver une sépulture antique d’enfant comportant des dépôts funéraires et alimentaires n’a, en soit, rien d’exceptionnel.  Ce rituel d’accompagnement du défunt était plutôt même courant chez les Romains. En revanche, il est très rare de trouver des sépultures avec d’aussi grandes quantités d’offrandes.

« La richesse des offrandes que nous avons trouvées dans cette sépulture montre que cet enfant devait être vraiment regretté et ça c’est assez exceptionnel ! » affirme Laurence Lautier. Plus d’une vingtaine de récipients de petites dimensions en terre-cuite, des vases balsamaires, des vases miniatures... Les nombreuses offrandes alimentaires ont pu également être identifiées : de nombreux éléments de boucherie, des poules, un demi-cochon coupé dans la longueur, trois exemplaires de jambon-jarret. « Nous sommes certains que ces éléments sont les restes du banquet funéraire mais nous allons affiner nos recherches, les résidus sur les goulots des vases nous permettront de savoir ce qu’ils contenaient ».

Autre découverte plutôt rare, les archéologues sont parvenus à identifier un objet personnel ayant appartenu à l’enfant : une fibule, sorte de fermoir en métal permettant d’agrafer les vêtements. « Nous avons également découvert quelque chose de très symbolique en plus de la fibule, une dent de lait déposée dans une coquille de mollusque. Nous nous demandons si cette dent de lait n’appartiendrait pas à un proche plus âgé de la famille » s’interroge l’archéologue.

À la suite de ces fouilles, les équipes de l’INRAP procéderont à l’analyse chimique de tous ces dépôts, et rendront un rapport d’ici deux ans. « On continue la fouille d’ici la fin du mois de février. Maintenant notre objectif est de nous concentrer sur les bâtisses » conclut Laurence Lautier.

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