Désarmement nucléaire : bientôt une réalité ?

La Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires (ICAN), qui a reçu le Prix Nobel de la Paix 2017, déclare que le désarmement nucléaire pourrait arriver plus rapidement que prévu.

De Juliette Heuzebroc
Une bombe nucléaire explose lors d'un test mené en Polynésie française au début des années 1970.
Une bombe nucléaire explose lors d'un test mené en Polynésie française au début des années 1970.
PHOTOGRAPHIE DE Ap

À l’approche de la cérémonie de remise de son Prix Nobel, l’ICAN réaffirme ses positions. Béatrice Fihn, Directrice de la campagne, exprime son optimisme quant à une abolition rapide des armes nucléaires, qu’elle affirme « très réaliste ». Elle rappelle les changements radicaux de comportements lors de l’interdiction d’autres types d’armes ou du tabac dans les lieux publics, et le respect immédiat de ces règles.

L’ICAN a effectivement fait des pas de géant cette année dans la démarche d’abolition des armes nucléaires. Le 7 juillet dernier, la campagne a réussi à faire adopter un traité d’interdiction des armes nucléaires aux Nations Unies, ce qui lui a valu en grande partie l’attribution du Prix Nobel de la Paix. Le traité, premier en son genre depuis le traité de non-prolifération des armes nucléaires en 1968, a été signé par 122 pays. Il s’agit d’une avancée énorme face à un contexte où les tensions entre Washington et Pyongyang augmentent et où l’accident et l’erreur de calcul menacent la communauté internationale. Afin d’entrer en vigueur à l’international, le traité doit encore être ratifié dans au moins 50 pays.

Neuf obstacles - de taille- se dressent encore sur la route des abolitionnistes. Aucune des puissances possédant l’arme nucléaire n’a souhaité prendre part aux négociations et signer ce traité. Ces neuf pays, à savoir la Chine, la Corée du Nord, les États-Unis, la France, l’Inde, le Pakistan, le Royaume-Uni, la Russie et officieusement Israël, n’envisagent pas le désarmement nucléaire comme une solution viable pour la sécurité internationale.

La France clame son éternel argument de « dissuasion » afin de prévenir tout pays, ou mouvance extrémiste, qui serait tentée d’attaquer le pays. L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et le Japon, pourtant seul pays ayant été frappé par des attaques nucléaires à ce jour, se sont également refusés aux discussions, avançant que les conditions sécuritaires internationales actuelles ne permettaient pas l’abandon de l’arme nucléaire.

Bien d’autres pays comme le Brésil, le Mexique, l’Afrique du Sud, la Suède ou encore l’Autriche ont affiché leur soutien au traité, qui proscrit également la politique de dissuasion. L’ICAN, qui affirme avoir lutté contre bien des lobbyings de pays opposants, considère aujourd’hui que la signature du traité et l’obtention du Prix Nobel leur offre une grande opportunité de changer les regards sur le désarmement nucléaire et accélérer le processus.

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