Explosions, tentatives d’assassinat et violence : l’histoire mouvementée du Capitole

Jamais le Capitole des États-Unis n’avait été envahi comme ce fut le cas hier, par des sympathisants de Donald Trump. L’édifice a cependant connu plusieurs événements violents au cours de son histoire.

De Amy McKeever, David Beard
Publication 7 janv. 2021, 16:38 CET

Les partisans du président Donald Trump se sont réunis mercredi 6 janvier devant le Capitole. Les insurgés ont pris d'assaut le bâtiment alors que les législateurs étaient en train de valider les résultats de l'élection présidentielle de 2020.

PHOTOGRAPHIE DE Tayfun Coskun/Anadolu Agency via Getty Images

Hier, le Capitole a été envahi pour la première fois de son histoire, par une foule de sympathisants du président Trump.

Par le passé, le siège du gouvernement du pays a été le lieu d’attentats à la bombe et d’une tentative d’assassinat d’un président. Il a également été détruit par des forces étrangères et a connu des attaques en son sein, dont une presque fatale pour un législateur assailli par l’un de ses collègues.

Découvrez ci-après les menaces auxquelles le Capitole a été confronté au fil du temps.

Alors que le Capitole des États-Unis était encore en construction, les Britanniques l’incendièrent pendant la guerre anglo-américaine de 1812.

PHOTOGRAPHIE DE Universal History Archive, Getty Images

1814 : LE CAPITOLE INCENDIÉ PAR LES BRITANNIQUES

Après avoir envahi Washington lors d’un des accrochages les plus connus de la guerre anglo-américaine de 1812, les Britanniques incendièrent le Capitole des États-Unis, alors en construction. Ces derniers « allumèrent un feu géant avec des meubles » dans le hall de la Chambre des représentants, dont l’intensité détruisit la statue en marbre grandeur nature de la Liberté, réalisée par Giuseppe Franzoni. Un autre feu fut allumé dans la salle de la Cour Suprême, qui se trouvait à l’époque au sein du Capitole.

Après avoir évalué l’étendue des dégâts, plusieurs membres du Congrès demandèrent le déménagement du gouvernement fédéral à Philadelphie ou dans une autre ville qu’ils considéraient plus sûre. (Demande assez cocasse, puisque Washington était devenue la capitale de la nation après l'invasion en juin 1783 de la Philadelphia State House par une foule de soldats alcoolisés, qui n'étaient plus payés depuis des mois et réclamaient réparation.)

 

1835 : TENTATIVE D’ASSASSINAT DU PRÉSIDENT ANDREW JACKSON

Le 30 janvier 1835, Richard Lawrence, immigré britannique trentenaire, tenta d’assassiner le président Andrew Jackson alors qu’il quittait le Capitole des États-Unis, où il avait assisté à des funérailles. Richard Lawrence manqua sa cible à deux reprises. Lorsque la poudre de son premier pistolet ne parvint pas à s’enflammer, l’homme pointa une seconde arme sur le président, mais le manqua avant d’être maîtrisé par des témoins. Il s’agit de la première tentative d’assassinat connu d’un président des États-Unis.

Celle-ci survint alors que des tensions régnaient entre les législateurs, après le véto présidentiel réautorisant la charte de la Seconde banque des États-Unis. Richard Lawrence, peintre en bâtiment sans emploi, fut reconnu non coupable pour cause de folie. Il avait en effet affirmé pour expliquer son geste qu’Andrew Jackson avait tué son père, qu’il était le roi Richard III et qu’en raison du véto, il ne pouvait percevoir les paiements des colonies américaines qui lui étaient dus.

 

1856 : LE PASSAGE À TABAC DU SÉNATEUR CHARLES SUMNER

L’auteur d’un des incidents les plus violents survenus au Capitole des États-Unis n’était autre qu’un des législateurs qui y travaillaient. En 1856, les tensions étaient vives au sujet de l’avenir de l’esclavage dans le pays (elles culminèrent avec la guerre de Sécession). Le sénateur du Massachusetts, Charles Sumner, venait de prononcer un discours dénonçant l’esclavage lorsqu’il fut battu à coups de canne par Preston Brooks, représentant de l’État de Caroline du Sud. Charles Sumner se remit de ses blessures. Quant à Preston Brooks, il présenta sa démission avant d’être réélu. Il mourut en 1857, avant le début du nouveau mandat du Congrès.

 

1915 : ATTENTAT DANS LA SALLE DE RÉCEPTION DU SÉNAT

En 1915, alors que la nation se préparait à célébrer le 4 juillet, un ancien professeur de l’université d’Harvard, Erich Muenter, fit exploser trois bâtons de dynamite au sein de la salle de réception du Sénat. L’homme expliqua son geste par la colère qu’il éprouvait envers les financiers américains. Ceux-ci apportaient leur aide au Royaume-Uni engagé dans la Première Guerre mondiale, et ce malgré la neutralité officielle des États-Unis à l’époque. Il n’y eut aucun blessé (le Sénat n’étant pas réuni au moment de l’explosion), mais le New York Times rapporta que l’explosion avait brisé un lustre, endommagé le plâtre du plafond de la salle et soufflé les portes, dont celle du bureau du vice-président.

 

1954 : ATTAQUE PAR DES NATIONALISTES PORTORICAINS

En 1954, bien avant que la sécurité du Capitole ne soit renforcée, avec des détecteurs de métaux par exemple, quatre nationalistes portoricains pénétrèrent dans la galerie de la Chambre des représentants, sortirent des armes et ouvrirent le feu, tirant au hasard. L’un des hommes agita le drapeau de Porto Rico. Cinq membres de la Chambre des représentants furent blessés au cours de cette protestation pour l’indépendance de l’État autonome, que les États-Unis prirent à l’Espagne en 1898 lors de la guerre hispano-américaine. Les attaquants furent condamnés à de longues peines de prison, qui furent réduites par le président Jimmy Carter en 1979.

En 1954, quatre nationalistes portoricains ouvrirent le feu dans la galerie de la Chambre des représentants et agitèrent le drapeau de Porto Rico.

PHOTOGRAPHIE DE George Skadding, The LIFE Picture Collection, Getty Images

 

1971 : ATTENTAT À LA BOMBE DE WEATHER UNDERGROUND

L’organisation aux méthodes violentes et opposée à la guerre du Vietnam installa une bombe dans les toilettes de la partie du Capitole où se trouve le Sénat. L’explosion, survenue tôt dans la matinée du 1er mars 1971, causa des centaines de milliers de dollars de dégâts, mais ne fit aucune victime.

 

1983 : EXPLOSION DANS LA PARTIE RÉSERVÉE AU SÉNAT

L’explosion d’une bombe dissimulée sous un banc devant la Chambre du Sénat ne fit aucune victime, mais elle souffla la porte du bureau du sénateur de la Virginie-Occidentale, Robert Byrd. L’attaque fut menée par le groupe Armed Resistance Unit en signe de protestation contre les interventions militaires américaines à Grenade et au Liban. Sept personnes furent condamnées pour l’attaque.

 

1998 : UN TIREUR TUE DEUX OFFICIERS DE LA POLICE DU CAPITOLE

En 1998, Russel Eugene Weston franchit en force un poste de contrôle du Capitole américain, tuant Jacob J. Chestnut Jr., officier de la police du Capitole, avant de se diriger vers les bureaux du chef de la majorité de la Chambre des représentants, Tom DeLay. Le détective John M. Gibson ordonna aux personnes présentes de se mettre à l’abri et échangea des tirs avec l’assaillant armé âgé de 41 ans et originaire de l’Illinois. Gibson trouva la mort, mais ses actes permirent à d’autres officiers de maîtriser le tireur. Les deux hommes tués furent les premiers simples citoyens à reposer sous la Rotonde du Capitole, en hommage.

Le sénateur républicain de la Géorgie, Mack Mattingly, observe la cavité de quatre mètres causée par l’explosion d’une bombe à une dizaine de mètres de la Chambre du Sénat en novembre 1983.

PHOTOGRAPHIE DE Bettmann Archive, Getty Images

 

2001 : L’AUTRE CIBLE DES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE

Le matin du 11 septembre, jour des attaques terroristes d’Al-Qaïda sur le sol américain, le World Trade Center et le Pentagone étaient en flammes après des détournements-suicides coordonnés lorsqu’un quatrième avion détourné se dirigea vers le Capitole des États-Unis. Le vol 93 n’atteignit cependant jamais sa cible. À bord, les passagers se ruèrent sur les pirates de l’air dans le cockpit et l’avion s’écrasa dans la campagne pennsylvanienne. La Commission nationale sur les attaques terroristes détermina ultérieurement que le Capitole était effectivement la cible prévue de l’attaque.

La police du Capitole des États-Unis monte la garde sur Independence Avenue tandis que le bâtiment du Capitole est évacué après une fusillade survenue le 28 mars 2016 dans le centre d’accueil des visiteurs du bâtiment.

PHOTOGRAPHIE DE Joshua Roberts, Reuters

 

2013 : UNE FEMME TUÉE À L’EXTÉRIEUR DU CAPITOLE

En octobre 2013, une femme fut tuée par les forces de l’ordre au niveau du Capitole des États-Unis après avoir tenté de franchir un poste de contrôle de la Maison blanche. Une course poursuite avec la police s’ensuivit jusqu’au Capitole. Miriam Carey, hygiéniste dentaire de 34 ans et originaire du Connecticut, n’était pas armée. Son enfant, âgé d’un an, se trouvait à l’arrière du véhicule. L’autopsie releva qu’elle avait reçu cinq balles par derrière, une du côté gauche de la tête, trois dans le dos et une dans le bras gauche. Sa famille a porté plainte contre les services secrets et la police du Capitole pour homicide délictuel. Elle estime que l’usage de la force était inapproprié.

 

2016 : FUSILLADE DANS LE CENTRE D’ACCUEIL DES VISITEURS

En mars 2016, Larry Russell Dawson pointa un pistolet à air comprimé sur des officiers de police alors qu’il tentait de pénétrer dans le centre d’accueil des visiteurs du Capitole. L’homme de 66 ans, originaire du Tennessee, reçut une balle dans la poitrine et la cuisse et fut condamné pour agression. L’attaque ne fit aucun autre blessé. Le Washington Post nota à l’époque que le mobile de l’attaquant était obscur, mais qu’il avait déjà été arrêté pour avoir perturbé le Congrès en criant qu’il était un « prophète de Dieu ». Larry Russell Dawson fut condamné à 14 mois de prison.

Malgré tous ces faits, les violents événements survenus hier ont choqué les Américains et le monde entier. Armin Laschet, ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie en Allemagne, a déclaré sur Twitter : « Les attaques contre le Capitole menées par les sympathisants fanatiques de Trump sont source de peine pour tous les amis des États-Unis ».

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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