L'épave du Titanic a été découverte par un commando secret pendant la Guerre froide

Découvrez comment National Geographic a révélé l'opération militaire clandestine qui a mené à la découverte de la célèbre épave.

De John Roach
La proue rouillée du Titanic repose au fond de l'Atlantique Nord.
La proue rouillée du Titanic repose au fond de l'Atlantique Nord.
PHOTOGRAPHIE DE Emory Kristof, National Geographic Creative

Il y a 22 ans, le blockbuster de James Cameron a séduit les salles obscures du monde entier. Il a été réalisé moins de 10 ans après la révélation de Robert Ballard, l'océanographe qui avait découvert l'épave en 1985, selon qui la découverte a été faite durant une opération militaire top-secrète. 

L'épave du Titanic aurait été mise au jour par la US Navy, la marine de guerre des États-Unis, lors d'une expédition visant à inspecter deux sous-marins nucléaires coulés. C'est ce que rapporte l'océanographe qui a découvert le paquebot au fond des mers.

Des bribes de cet épisode de la Guerre froide étaient connues depuis la moitié des années 1990 mais de nouveaux éléments sont venus vérifier la légende urbaine.

« La US Navy accepte enfin d'en parler », explique Robert Ballard, océanographe à l'université de Rhode Island.

Ballard a commencé à travailler avec la Navy en 1982 lorsqu'il a fait une demande de fonds pour développer les robots submersibles dont il avait besoin pour retrouver l'épave du Titanic. Ballard est aussi un explorateur National Geographic en résidence.

 

UNE DÉCOUVERTE FORTUITE

Ronald Thunman, qui était alors le Chef adjoint des opérations navales pour les guerres sous-marines, a indiqué à Ballard que l'armée était intéressée par le développement de ce type de technologies, mais seulement pour retrouver deux sous-marins militaires coulés, le U.S.S.Thresher et le U.S.S. Scorpion.

Comme la technologie de Ballard pouvait être en mesure d'explorer les fonds marins et de prendre des photos des épaves des sous-marins, l'océanographe a accepté de venir en aide à la Navy. Il a par ailleurs demandé à la Navy s'il aurait l'autorisation de rechercher l'épave du Titanic, qui se trouvait entre les deux sous-marins coulés.

« J'ai été un peu sec avec lui », raconte Ronald Thunman, désormais à la retraite. Il a insisté sur le fait que la mission ne serait conduite que pour les sous-marins militaires. Une fois la mission accomplie, a-t-il ajouté, Ballard pourrait continuer à explorer les fonds marins. Mais il ne lui a jamais donné la permission explicite de rechercher le Titanic.

Ballard explique quant à lui que le Secrétaire à la Marine des États-Unis John Lehman était au courant de ses intentions. « Mais la Navy ne s'attendait pas à ce que nous trouvions vraiment le Titanic. Et quand nous avons découvert l'épave, ils ont eu peur que la publicité autour d'un tel événement ne mette en lumière l'opération secrète menée par l'armée. Mais les gens étaient si concentrés sur la légende du Titanic qu'ils n'ont jamais fait le rapprochement. »

 

LES SOUS-MARINS COULÉS

Le Thresher et le Scorpion ont coulé dans l'Atlantique Nord et reposaient à 3 000 à 4 500 mètres de profondeur. Selon Ballard, les militaires voulaient savoir si les réacteurs nucléaires des deux sous-marins étaient toujours en état de marche. 

Cette information devait leur permettre de déterminer si disposer de plusieurs matériaux nucléaires dans les océans représentait un risque environnemental. La Navy souhaitait par ailleurs prouver que le Scorpion avait bien été coulé par les Soviétiques.

Les données récoltées par Ballard ont montré que les réacteurs nucléaires ne représentaient pas de danger au fond de l'océan et n'avaient pas d'impact sur l'environnement, selon les propos de Thunman.

les plus populaires

    voir plus
    L'insubmersible Titanic

    Les données ont aussi confirmé que le Thresher avait coulé après une défaillance des conduites provoquée par l'arrêt d'un réacteur nucléaire.

    Les détails concernant le Scorpion sont moins nombreux et les causes de sa perte restent incertaines. Une mésaventure aurait conduit à l'inondation de la partie avant du sous-marin, toujours selon Thunman. L'extrémité arrière du sous-marin est restée fermée et a implosé quand l'ensemble s'est enfoncé dans les profondeurs.

    « Il n'y avait pas le moindre signe d'un impact extérieur qui aurait pu causer la perte du vaisseau, » a ajouté Thunman, mettant fin à la théorie selon laquelle un sous-marin soviétique aurait torpillé le Scorpion, dans un contexte de contre-espionnage. 

     

    LES TRACES DU PASSÉ

    Alors qu'il recherchait les sous-marins en question, Ballard a appris une leçon essentielle sur les effets des courants océaniques sur les débris flottants : les matériaux les plus lourds coulent plus rapidement. La physique des courants se vérifie par les traces laissées par les débris sur le fond marin.

    Après avoir inspecté les épaves des sous-marins, il ne restait à Ballard que 12 jours pour compléter sa mission et retrouver l'épave du Titanic. Il a pour cela remonté les traces de débris toujours visible, supposant que le navire s'était cassé en deux et que le choc avant le naufrage avait laissé des traces. 

    « La supposition s'est révélée exacte, » explique Ballard. « Et c'est ce qui nous a sauvés. »

    L'explorateur a depuis utilisé une technique similaire pour mettre au jour d'autres épaves de bateaux et des trésors enfouis, y compris dans la mer Noire. Ces expéditions faisaient-elles aussi partie de missions top-secrètes ? 

    « La Guerre froide est terminée, » répond simplement Ballard. « Et je ne travaille plus pour la Navy. »

    les plus populaires

      voir plus
      loading

      Découvrez National Geographic

      • Animaux
      • Environnement
      • Histoire
      • Sciences
      • Voyage® & Adventure
      • Photographie
      • Espace
      • Vidéos

      À propos de National Geographic

      S'Abonner

      • Magazines
      • Livres
      • Disney+

      Nous suivre

      Copyright © 1996-2015 National Geographic Society. Copyright © 2015-2024 National Geographic Partners, LLC. Tous droits réservés.