Qui mettra la main sur le légendaire trésor du San José ?

Avec son chargement estimé à 17 milliards d'euros, l'épave du San José suscite bien des convoitises. Un véritable bras de fer juridique oppose le gouvernement colombien et une entreprise américaine spécialisée dans l'exploration sous-marine.

De Willie Drye
Les canons retrouvés sur le site de l'épave ont permis de confirmer qu'il s'agissait bien du ...
Les canons retrouvés sur le site de l'épave ont permis de confirmer qu'il s'agissait bien du galion San José.
PHOTOGRAPHIE DE REMUS, Woods Hole Oceanographic Institution

L'un des trésors les plus importants de l'Histoire, coulé avec un galion espagnol, pourrait bientôt être remonté à la surface.

Ou peut-être pas.

Le gouvernement du président sortant colombien, Juan Manuel Santos, avait laissé aux entreprises d'exploration sous-marine jusqu'à aujourd'hui pour soumettre leur proposition concernant la remontée du chargement du San José, un navire qui a coulé au large des côtes colombiennes il y a 300 ans.

Selon les estimations, l'épave de San José renfermerait de l'or, de l'argent et des bijoux, pour une valeur comprise entre quelques milliards et plus de 17 milliards d'euros.

Les efforts du président Santos pour embaucher une entreprise d'exploration sous-marine, et ainsi mettre la main sur le trésor de plusieurs milliards d'euros du San José, ont fait l'objet d'une enquête, menée par le bureau du procureur principal de la Colombie. Celui-ci est parvenu à la conclusion suivante : la campagne a été menée de façon incorrecte. Par conséquent, tout contrat émis suite à cette campagne sera considéré comme nul.

C'est le nom de Maritime Archaeology Consultants (MAC), une entreprise suisse, qui revient le plus souvent dans les conversations. Cette dernière, qui serait la seule à avoir soumis une proposition auprès du gouvernement colombien, aurait le plus de chances d'obtenir le contrat pour le projet San José.

Pendant la campagne électorale, Iván Duque, le nouveau président colombien, qui entrera en fonction le 7 août prochain, avait qualifié de « vergonzoso » (« honteuse » en français) la méthode employée par Santos et son gouvernement pour trouver une entreprise d'exploitation sous-marine, ajoutant que plusieurs zones de doutes devraient être clarifiées.

Depuis son élection en mai, Duque ne s'est pas exprimé publiquement au sujet du projet San José.

 

UN TRÉSOR TRÈS CONVOITÉ

Si MAC décroche le contrat, l'entreprise américaine Sea Search Armada (SSA) poursuivra en justice le gouvernement colombien afin de freiner la remontée des trésors du San José. Jack Harbeston, directeur de la firme américaine, a déclaré que Sea Search Armada était en droit de réclamer la moitié du trésor du galion espagnol. L'entreprise affirme avoir découvert l'épave en 1981 dans la mer des Caraïbes, à 17 km au large de Carthagène et réclame depuis sa part du butin.

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    « Nous sommes prêts à engager plusieurs actions en justice en Colombie et à intenter des recours sous le Foreign Corrupt Practices Act (loi sur les pratiques de corruption étrangères) avec le Département de la Justice des États-Unis », a indiqué Jack Harbeston.

    Il a également déclaré qu'à l'époque, SSA avait passé un contrat avec le gouvernement colombien : celui-ci lui garantissait la possession de la moitié des objets retrouvés dans l'épave.

    Jack Harbeston confie que peu de temps après que la SSA a révélé la localisation du San José au gouvernement colombien, ce dernier a adopté une loi lui permettant de revendiquer la propriété de l'épave, de revenir sur le contrat qu'il avait passé avec l'entreprise et de débuter une longue bataille judiciaire pour invalider la requête de la SSA. Cette dernière a riposté en poursuivant en justice le gouvernement colombien. En 2007, la Cour Suprême de Colombie a déclaré que la demande de la SSA de récupérer 50 % du trésor était valide.

    En novembre 2015, le gouvernement Santos a annoncé que le site de l'épave du San José avait été découvert lors d'une expédition colombienne à laquelle ont pris part des archéologues du MAC et l'Institut océanographique de Woods Hole, dans le Massachusetts. Le gouvernement ignorait donc complètement l'affirmation de la SSA selon laquelle ses plongeurs avaient déjà découvert le navire des dizaines d'années auparavant.

    Le lieu où reposait l'épave était encore inconnu.

    Contactés au sujet de la participation de Woods Hole à l'expédition, les représentants de l'institution n'ont pas répondu à nos appels téléphoniques.

    Suite à l'annonce du gouvernement colombien concernant la découverte de l'épave, la SSA a décidé de rendre public les coordonnées géographiques du San José, secrètes jusqu'alors, pour prouver qu'elle avait bien découvert le navire et qu'elle avait droit de réclamer sa part du trésor.

    La San José transportait des céramiques ainsi que de l'or, de l'argent et des bijoux. Son butin est estimé à 17 milliards d'euros.
    PHOTOGRAPHIE DE REMUS, Woods Hole Oceanographic Institution

    Pour David Moore, archéologue sous-marin au Musée maritime de la Caroline du Nord, aux États-Unis, le trésor du San José a été estimé sur la base de celui du San Joaquin, un navire jumeau. Ce dernier avait été construit par le même constructeur naval que le San José et était presque identique à ce dernier.

    En 1991, dans un article publié pour la revue The Mariner’s Mirror, l'historienne Carla Rahn Phillips écrit que le San José et le San Joaquin faisaient partie d'une même flotte espagnole. Les navires, en partance de Portobelo au Panama, avaient pour mission de ramener à la Couronne d'Espagne les impôts et bénéfices qui lui étaient dûs. Les deux galions, équipés de plus de 60 canons chacun, figuraient parmi les navires de guerre les plus puissants de la flotte espagnole.

    En 1708, l'Angleterre et l'Espagne s'affrontaient en pleine guerre de succession d'Espagne. Les navires de guerre britanniques stationnaient dans les Caraïbes. Le 8 juin, au crépuscule, les Britanniques ont fait feu sur la flotte espagnole. Alors que la nuit tombait sur le lieu de la bataille, le San José a explosé de façon soudaine et spectaculaire.

    Les planches et les éclats de bois en feu du galion ont alors plu sur les combattants. Le San José « a tout simplement disparu », écrit Carla Rahn Phillips, « sombrant presque tout de suite après l'explosion. » Sur les 600 membres de l'équipage, seuls onze ont survécu.

    Le San Joaquin est lui sorti indemne de la bataille et a poursuivi sa route. Son précieux chargement est finalement arrivé à bon port en Espagne. Grâce aux documents du navire, les historiens ont pu se faire une idée de la valeur du chargement qui a sombré avec le San José.

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