Le Belize, un pays au chevet de son océan

Critiqué pour avoir mis en péril ses somptueux récifs coralliens et ses ressources marines, le Belize a mis en place des mesures innovantes.

De Tik Root
Publication 30 mai 2018, 09:59 CEST
Au Belize, un mérou noir patrouille dans un récif corallien. Le pays adopte de nouvelles mesures ...
Au Belize, un mérou noir patrouille dans un récif corallien. Le pays adopte de nouvelles mesures visant à protéger ces écosystèmes fragiles.
PHOTOGRAPHIE DE Brian J. Skerry, National Geographic Creative
Ce contenu est le fruit d'un partenariat entre National Geographic et Rolex, conclu afin de promouvoir l'exploration et la sauvegarde de l'environnement. Les deux organisations unissent leurs forces afin d'apporter leur soutien aux explorateurs chevronnés, d'encourager les explorateurs émergents et de protéger les merveilles de notre planète.

La base de la compagnie d'hélicoptères Astrum se situe à moins de huit kilomètres de la jonction entre Belize City et la mer des Caraïbes. La sénatrice bélizienne Valerie Woods est assise à l'arrière, à ma gauche. Deux représentants de l'organisation internationale pour la protection des océans Oceana (laquelle a organisé le vol) nous font face. La ministre d'État du pays, Carla Barnett, monte à l'avant.

« Il y a si longtemps que je n'ai pas pris l'hélicoptère », murmure-t-elle en mettant son casque. Les portes se ferment et nous prenons le large.

Tandis que nous nous élevons au-dessus des arbres, Belize City commence à se déployer sous nos yeux. Mais ce n'est pas là où nous allons. Nous contournons le centre-ville et prenons la direction de la mer, là où se cachent les véritables trésors.

Le monument naturel de Half Moon Caye se trouve au cœur de la barrière de corail mésoaméricaine, deuxième plus grande barrière de corail au monde.
PHOTOGRAPHIE DE Jad Davenport, National Geographic Creative

Le récif corallien mésoaméricain s'étend sur plus de 1 100 kilomètres, de la péninsule du Yucatán au Mexique jusqu'aux îles de la baie du Honduras, en passant par le Guatemala. Il traverse les eaux béliziennes sur 296 kilomètres. Le réseau de réserves du récif de la barrière du Belize comprend le récif ainsi que les lagons et les atolls qui entourent le principal banc de coraux.

À peine au-dessus des eaux, nous survolons presque immédiatement une réserve de lamantins. La directrice nationale d'Oceana, Janelle Chanona, en montre un du doigt, mais je ne parviens pas à l'apercevoir. Nous traversons le récif, épais ruban turquoise, et arrivons à l'atoll de Turneffe, l'une des sept zones marines protégées du pays. Au beau milieu de l'anneau de corail se trouve un lac aux eaux plus sombres. Cette couleur est due aux tanins des mangroves environnantes, explique la directrice d'Oceana. Pourtant, les arbres sont abattus à toute vitesse.

Le pilote fait le tour complet de l'atoll de Turneffe puis poursuit sa route. « Nous arrivons maintenant à l'atoll de Lighthouse Reef », déclare Janelle Chanona en nous montrant également l'atoll de Glover's Reef au loin. Alors que nous approchons l'atoll de Lighthouse Reef, nous apercevons un banc d'aigles de mer et de requins-nourrices nager dans les eaux cristallines. « Et voici le comité d'accueil officiel », plaisante-t-elle.

Dans son livre Coral Reefs of The World, Charles Darwin décrit le Belize comme abritant « le récif le plus remarquable des Antilles ». À mesure que nous progressons, l'eau turquoise se mêle à différentes nuances de bleu et laisse entrevoir des coraux et des formations rocheuses. La mosaïque ainsi créée est hypnotisante.

« Je ne me lasse pas de ces couleurs », poursuit Janelle Chanona en contemplant la mer des Caraïbes. Carla Barnett la rejoint : « C'est somptueux. »

En 1996, le réseau de réserves du récif de la barrière du Belize a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et sa protection confiée à l'ancienne colonie britannique. Le pays n'est pas toujours parvenu à remplir ce mandat. En 2009, le site a été intégré sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'UNESCO, l'organisation demandant au pays une meilleure gestion afin d'assurer la sauvegarde du site. Suite à cette mauvaise passe, le Belize a mis les bouchées doubles et des spécialistes de la protection des océans saluent les progrès impressionnants qui ont été faits. Le vol en hélicoptère sonne comme le tour de la victoire.

En décembre dernier, le Belize est devenu le premier pays au monde à décréter un moratoire sur toute activité d'exploration et de forage pétroliers en mer. L'organisation Oceana avait alors organisé des tours en hélicoptère afin de montrer aux responsables politiques ce qu'ils avaient décidé de protéger, ainsi que ce qu'il restait à faire. « J'ai vraiment hâte que ce site ne figure plus sur la liste du patrimoine mondial en péril », affirme la directrice nationale d'Oceana.

 

UN RÉCIF EN MEILLEURE SANTÉ

La veille du vol en hélicoptère, Healthy Reef for Healthy People Initiative a publié son dernier rapport sur l'état du récif mésoaméricain. Au moyen de quatre paramètres, ce rapport évalue les coraux vivants, les macroalgues charnues, la pêche commerciale et les poissons herbivores. Au cours des dix années qui ont suivi la publication du premier rapport, la santé globale du récif mésoaméricain s'est améliorée, passant de 2,3 à 2,8. Le Belize seul est également à 2,8 à l'heure actuelle. Cependant, l'échelle monte jusqu'à 5.

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    Des bancs de poissons déferlent dans les mangroves du Belize, où ils trouvent refuge et peuvent poursuivre leur croissance. Le pays a pris des mesures visant à protéger davantage ces zones de reproduction.
    PHOTOGRAPHIE DE Brian J. Skerry, National Geographic Creative

    Certains jugent que ces progrès ne sont pas assez rapides. Alors que les récifs du monde entier sont sous le coup de menaces nouvelles, du développement urbain au réchauffement climatique, la lente avancée du pays reste, à bien des égards, un pas en avant. « Il reste encore du chemin à parcourir », reconnaît Janelle Chanona lorsque la ministre d'État du pays évoque le rapport. « Mais nous prenons la bonne direction. »

    La plupart des avancées du Belize sont concrètes. À titre d'exemple, le pays a instauré des taxes environnementales spéciales directement réinvesties dans la sauvegarde environnementale ainsi que dans le marché de l'écotourisme en plein essor. Quand, en 2008, l'International Society for Reef Studies a demandé aux pays du récif mésoaméricain de redoubler d'efforts dans la protection des poissons-perroquets le long du récif, le Belize a été le premier à prendre des mesures en adoptant moins d'un an après une loi limitant leur pêche. Ce changement transparaît déjà dans les données du Healthy Reef for Healthy People Initiative.

    En 2009, le pays a adopté une loi visant à ralentir l'abattage des mangroves, qui constituent des aires d'alevinage essentielles aux organismes marins. Il a également tenté de freiner la pêche au casier et les incursions de chalutiers étrangers, bien que ces mesures demeurent difficiles à appliquer dans de nombreuses zones. Il y a deux mois, les zones interdites à la pêche ont plus que triplé, passant de 3 % à 10 %, pour permettre à la faune océanique de se rétablir. Le gouvernement a aussi annoncé son intention de proscrire les produits en plastique et en polystyrène à usage unique (sacs, ustensiles, etc.) d'ici à la journée mondiale de la Terre, en 2019.

     

    UNE LOI SUR LE PÉTROLE

    Toutefois, le récent embargo pétrolier décidé par le Belize constitue sans doute sa plus grande victoire à ce jour, ainsi que la plus durement gagnée.

    En avril 2010, la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon explose, causant la mort de 11 personnes et déversant des flots de pétrole brut dans le golfe du Mexique. L'écoulement dure 87 jours et 4,9 millions de barils finissent par être déversés. Les conséquences environnementales, dévastatrices, marquent l'esprit de la population bélizienne.

    « Nous nous estimons chanceux que ce ne soit pas arrivé ici », soupire Janelle Chanona.

    Sous l'impulsion de cette catastrophe, les écologistes du Belize se sont mis à examiner de plus près les plates-formes pétrolières de leur propre pays. C'est alors qu'ils ont mis la main sur une carte, enfouie dans les archives publiques, répertoriant les concessions pétrolières du pays. Janelle Chanona raconte leur choc lorsqu'ils ont découvert que « l'intégralité du territoire maritime avait été gelée et vendue ».

    Oceana et un collectif d'autres organisations environnementales ont alors ouvert la voie et la bataille s'est accélérée. En 2011, les militants ont recueilli plus de 20 000 signatures demandant à ce que la question soit soumise à un référendum national. Le gouvernement a récusé 8 000 de ces signatures, les qualifiant d'illisibles, et le vote officiel a été annulé. Les activistes ont donc organisé un référendum officieux de leur côté.

    En 2012, les écologistes ont parcouru tout le pays en vue de promouvoir un « référendum populaire ». Ce simple vote par oui ou par non consulterait la population afin d'autoriser ou non l'exploration ou le forage pétroliers en mer.

    Mark Henry, conducteur de taxi à Belize City, se souvient d'avoir entendu parler de la campagne dans les médias. Il a voté contre toute extraction pétrolière, à l'image d'environ 96 % des 29 235 participants au référendum. « L'accès à davantage de pétrole ne m'intéresse absolument pas », explique Mark Henry. « Rien à mes yeux ne vaut la peine de mettre les océans en péril. »

    En 2013, la Cour suprême du Belize invalide les concessions et les contrats pétroliers du pays, en raison d'évaluations biaisées quant à leur impact sur l'environnement. Quelques années plus tard, le premier ministre déclare l'adoption par le gouvernement d'un moratoire contre l'extraction pétrolière autour du récif et des sites protégés. Il ne s'agissait pas là d'une interdiction totale, mais de nombreux écologistes ont vu dans ces mesures un progrès. Jusqu'à ce que des bateaux fassent leur apparition...

    Fin octobre 2016, des Béliziens aperçoivent un bateau au large des côtes. Il s'avèrera être un navire d'exploration sismique, prêt à sonder les fonds marins. « À part pour le pétrole, il n'existe aucune autre raison d'effectuer des tests sismiques », avait alors déclaré Janelle Chanona. Et bien que les plans figuraient dans les registres publics, ils ne faisaient pas la une des journaux. La directrice raconte les avoir découverts au cours d'un appel téléphonique nocturne. « Une preuve que la menace était bien réelle », affirme-t-elle.

    Les écologistes du pays ont repris du service : cette fois, ils réclamaient l'adoption d'une loi.

     

    RECTIFIER LA LOI

    Plus d'un an de va et vient ont été nécessaires avant que la mesure soit adoptée par le gouvernement bélizien. D'après Janelle Chanona, Kim Barrow, l'épouse du premier ministre, a été une porte-parole d'une grande ténacité. « Une fois que je me passionne pour un sujet, soyez sûr que l'on entendra parler de moi », aurait affirmé Mme Barrow. « Ce projet devait être poussé. » Ainsi, le 30 décembre dernier, le moratoire qui suspend définitivement toute activité d’exploration pétrolière est devenu une loi.

    Un requin-nourrice explore un herbier marin au large du monument naturel de Half Moon Cay.
    PHOTOGRAPHIE DE Brian J. Skerry, National Geographic Creative

    Cette nouvelle législation prévoit « un moratoire quant à l'exploration et à l'exploitation du pétrole ainsi qu'à d'autres activités pétrolières dans la zone maritime du Belize ». Certains écologistes se disent déçus du choix du mot « moratoire » plutôt qu'interdiction. « Un moratoire est, par définition, temporaire », explique l'avocate spécialisée en droit de l'environnement et porte-parole Candy Gonzalez. Si de nombreuses personnes craignent que cette loi soit annulée par la suite, les écologistes y voient une étape résolument positive et novatrice.

    Selon Oceana, alors que d'autres pays ont des lois dont le périmètre est plus limité, à l'image de l'interdiction d'activité pétrolière dans le Yucatán, le Belize est vraisemblablement le premier pays à interdire l'exploration et le forage pétroliers dans toutes ses eaux territoriales. Par ailleurs, le gouvernement bélizien a adopté cette législation sans même connaître la quantité exacte de pétrole auquel il renonçait.

    Le Belize a découvert des réserves pétrolières souterraines pour la première fois en 2005, sur un site appelé Spanish Lookout. Cette découverte a mené à la création de Belize Natural Energy (BNE), la seule compagnie pétrolière du pays, avec une capacité de production de quelques milliers de barils par jour. D'après certains défenseurs de l'environnement, ces petites quantités suffisent à faire peser une menace, à cause de potentiels déversements ou de risques de contamination. Tout le monde, y compris la BNE, s'accorde à dire que les activités pétrolières en mer démultiplieraient ces risques de façon exponentielle. En outre, les faibles prix du pétrole en font une entreprise risquée pour les investisseurs pour le moment.

    Du fait de ces incertitudes, le Belize n'a pas cartographié ni foré ses zones en mer depuis des décennies. Selon la sénatrice Woods, les choses devraient rester ainsi, quand bien même une évolution des prix du pétrole venait à susciter un intérêt nouveau. « Peu importe le nombre d'études que vous me mettrez sous les yeux », affirme la sénatrice. « Cela ne vaut tout simplement pas la peine de prendre de tels risques. »

    Alors que certains se sont contentés de cette nouvelle loi, d'autres ont contesté la façon dont cette décision avait été prise à l'origine. Andre Cho, responsable du département de géologie et du pétrole au sein du ministère du Développement économique, du pétrole, de l'investissement et du commerce, raconte avoir pris connaissance du moratoire à la télévision, comme le reste de la population. « Il n'y a eu aucun débat, aucune évaluation, aucune discussion, aucun examen technique », a-t-il expliqué. « Rien de tout cela. »

    Même certains partisans du moratoire, dont la ministre Barnett, reconnaissent que des données complémentaires n'auraient pas été de trop. « Si cela ne dépendait que de moi, j'aurais souhaité connaître la quantité de pétrole dont nous parlions », a déclaré la ministre. La sénatrice Woods et elle se trouvent à l'opposé sur l'échiquier politique. « Peu importe, de l'eau a coulé sous les ponts depuis. »

     

    UN BLEU INCROYABLE

    Le Blue Hole, situé dans l'atoll de Lighthouse Reef, est une attraction touristique populaire. Ses couleurs spectaculaires sont dues à une doline naturelle.
    PHOTOGRAPHIE DE Brian J. Skerry, National Geographic Creative

    Après l’île de Turneffe, nous faisons un bref demi-tour à proximité d’une épave. L’hélicoptère prend la direction de la principale attraction du vol : une doline de 125 mètres de profondeur, à environ 80 kilomètres des côtes. Le « Blue Hole », tel qu’on l’appelle, se trouve au cœur de l’atoll de Lighthouse Reef et constitue l’une des attractions touristiques emblématiques du Belize. « Regardez-moi ça », lance la ministre Barnett à mesure que nous approchons. « Regardez bien. »

    Cette étendue d’eau d’un bleu profond est bordée par des coraux à l’aspect rocheux et entourée par les nuances turquoise et émeraude de la mer des Caraïbes. Deux bateaux d’excursion y stationnent. D’un côté, des plongeurs avec masque et tuba, de l’autre, des plongeurs en scaphandre autonome. Le pilote de l’hélicoptère vire à gauche afin de dessiner des cercles au-dessus du Blue Hole, d’abord à plus de 150 mètres dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, puis à plus de 300 mètres dans l’autre sens. Tandis que les rayons du soleil abondent, tout le monde sort son téléphone et le cliquetis des appareils photo se fait entendre. Un sentiment d’émerveillement général se répand dans l’appareil, même chez le pilote qui a effectué ce voyage des centaines de fois. « On ne se lasse pas de cette vue somptueuse », commente Janelle Chanona.

    Après un dernier cercle autour du Blue Hole, nous prenons la direction des terres. En chemin, nous passons à proximité de Half-Moon Caye, autre site touristique populaire. Tandis que nous nous rapprochons des côtes, les îles sont de plus en plus constellées d’hôtels, de sites en chantier, entre autres nombreuses structures qui portent l'empreinte de l’homme. Janelle Chanona raconte qu’il avait même été question, à un moment donné, de construire une piste d'atterrissage au-dessus du récif.

    Des demoiselles blanches sont en quête de nourriture le long de l'atoll de Lighthouse Reef.
    PHOTOGRAPHIE DE Brian J. Skerry, National Geographic Creative

    À une dizaine de kilomètres de là, nous survolons d'autres paquebots de croisière. « Mein Schiff », indique un navire allemand. Le tourisme sous ses formes les plus diverses, y compris les adeptes du bronzage à l'image de ceux allongés sur le pont du bateau, représente environ 15 % du PIB du Belize (et ne cesse de s'accroître). Or, le développement qui résulte de cette industrie fait également partie des nombreuses menaces pesant sur le récif et sur ceux qui s'évertuent à le protéger. La pêche au filet maillant, l'invasion du poisson-lion ainsi que la pollution sont autant de problèmes majeurs.

    Pour l'heure, la directrice nationale d'Oceana ignore quelle sera la cible des prochains changements. Cette question fait encore l'objet de discussions. Néanmoins, grâce au moratoire qui fait passer la question du pétrole au second plan, il est désormais plus facile de s'attaquer à d'autres enjeux. « Les activités pétrolières représentaient une menace omniprésente », explique-t-elle. « Grâce à ce moratoire, nous pouvons désormais nous concentrer sur les mesures de préservation. »

     

    UNE VUE D'ENSEMBLE

    Les écologistes béliziens espèrent que ces mesures pourront servir d'exemple dans le monde entier. « Le Belize est toujours vu comme un leader par les pays abritant des récifs coralliens », affirme Melanie McField, fondatrice et directrice de Healthy Reef for Healthy People Initiative. La scientifique d'Oceana, Tess Geer, qui travaille depuis le siège de l'organisation à Washington, reconnaît que le Belize jouit d'une position unique. « Les grandes questions autour des océans se posent à plus petite échelle au Belize », avance-t-elle. « La superficie du pays permet d'avoir une vue d'ensemble de toutes les pièces du puzzle. »

    Selon Larry Epstein, de l'ONG Environmental Defense Fund, l'accès contrôlé aux zones de pêche et l'embargo pétrolier démontrent le leadership du pays en la matière. Le Belize a d'ores et déjà partagé les enseignements de son expérience avec des groupes présents en Indonésie, à Cuba et aux Philippines.

    Une tortue caouanne broute dans les herbiers de la réserve marine de Hol Chan.
    PHOTOGRAPHIE DE Brian J. Skerry, National Geographic Creative

    Cet engagement à l'échelle mondiale est essentiel pour les organisations béliziennes car de nombreuses clefs en matière de sauvegarde échappent au contrôle du pays. Un rejet d'hydrocarbures survenu dans une autre région, comme au Guatemala ou au Honduras, risque d'avoir des conséquences sur le Belize. La pêche illégale provenant de l'extérieur constitue une menace perpétuelle. Sans oublier, bien évidemment, le réchauffement climatique.

    La présentation du rapport de HRI s'est tenue à l'hôtel Radisson du centre-ville de Belize City. Lisa Carne, biologiste de la vie aquatique et fondatrice de l'organisation à but non lucratif Fragments of Hope spécialisée dans la restauration des coraux, comptait parmi les intervenants. Elle a tenu un discours sur le blanchissement des coraux, expliquant que le phénomène était devenu quasi annuel et que l'état des coraux n'avait jamais été aussi critique qu'en 2017. L'automne dernier, les températures anormalement élevées de l'eau ont eu des conséquences sur plus de 40 % des coraux à travers dix sites à l'étude.

    « Ne vous imaginez pas que cela se produira de façon aléatoire. Ce phénomène doit faire partie de vos prévisions annuelles », a déploré la biologiste, qui a également exhorté le groupe à s'emparer de la question plus large de la dépendance à l'égard des combustibles fossiles.

    Comme cette dernière l'a laissé entendre, la majorité des dommages infligés aux récifs risque d'être irréversible. « Si notre objectif est de retrouver le récif tel qu'il était il y a 50 ans, autant dire que c'est peine perdue », regrette Les Kaufman, un écologiste de l'université de Boston qui travaille au Belize depuis des décennies. « Il serait plus réaliste de se demander quelle apparence prendrait le récif si nous arrêtions de le battre à coup de battes de baseball. »

    Sur le chemin du retour, nous survolons à nouveau la barrière de corail qui s'étire sur des kilomètres dans chaque direction, pour s'estomper vers l'horizon. Janelle Chanona compte sur des vols comme le nôtre pour aider à ralentir les mauvais traitements infligés au récif, notamment en montrant aux responsables politiques la valeur qu'ont les mesures de sauvegarde, comme le moratoire sur le pétrole. Tandis que l'hélicoptère atterrit et que les rotors ralentissent, elle réitère son message, devenu une sorte de mantra, auprès de la ministre Barnett et de la sénatrice Woods.

    « Ce qui impacte le récif nous impacte également », affirme-t-elle. « Cela reviendrait à abattre la poule aux œufs d'or. »

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