Les coraux ont trouvé le moyen de survivre à l'acidification des océans

Les coraux, fortement menacés par le changement climatique, auraient trouvé un moyen de subsistance, selon une récente étude.

De Ed Yong
Des récifs presque vierges
Rarement visités, les récifs au large de l’Arabie saoudite, dans le nord de la mer rouge, sont parmi les plus intacts de la région. Le soleil plonge en profondeur dans les eaux claires, où le corail s’épanouit le long de ces côtes balayées par les vagues.
PHOTOGRAPHIE DE © Thomas P. Peschak

Le changement climatique ne concerne pas seulement le réchauffement de notre planète et la fonte des glaciers. Le dioxyde de carbone produit par l'activité humaine entre dans l'atmosphère et se dissout dans les océans, augmentant lentement leur acidité au fil du temps. Ce qui représente une véritable menace pour les coraux.

Les coraux ont beau ressembler à des roches immobiles, ces forteresses naturelles abritent des animaux au corps mou. Ces créatures - les polypes de corail - construisent leurs récifs de carbonate de calcium en utilisant des ions de carbonate qui composent l'eau environnante. Mais quand les niveaux de pH de l'eau baissent, ces ions s'épuisent et les coraux viennent à manquer de leur mortier chimique. 

Résultat, l'eau devenue acide empêche les coraux de construire de nouveaux refuges.

Si le niveau de dioxyde de carbone présent dans les océans venait à doubler, les scientifiques prévoient une baisse du nombre de récifs de près de 80 %. S'ils ne peuvent pas se reconstruire assez rapidement pour s'adapter aux processus naturels de décomposition et d'érosion, les récifs commenceront à disparaître.

Maoz Fine et Dan Tchernov, de l'Institut inter-universitaire des sciences de la mer en Israël, ont découvert une solution intermédiaire à cet état de fait. Ils ont fait pousser des fragments de deux espèces de coraux européens ; l'une dans des conditions méditerranéennes normales, et l'autre dans une eau légèrement plus acide, d'à peine 0,7 unité de pH.

Ceux qui ont passé un mois dans le réservoir acide ont été rapidement transformés. Le squelette s'est dissous et la colonie s'est désolidarisée. Les polypes exposés et isolés, semblables à de petites anémones de mer, restaient accrochés aux surfaces rocheuses. 

Même sans leurs squelettes protecteurs, ils ont survécu pendant plus d'un an et semblaient continuer à vivre quasi-normalement. Ils prospéraient, se reproduisaient normalement et conservaient les algues symbiotiques qui leur permettaient de produire de l'énergie grâce à la photosynthèse. Et quand ils ont été réintroduits dans un environnement normal, ils ont facilement abandonné leur indépendance et ont reformé à la fois les colonies et les coquilles dures.

Les découvertes de Fine et Tchernov suggèrent que les coraux pourraient être en mesure de survivre aux changements climatiques à venir en suivant l'exemple des polypes qui sont parvenus à vivre sans structures rocheuses. Et si l'on en croit les analyses de fossiles de récifs coralliens, les polypes ont déjà eu recours à cette ruse pour subsister.

Si cette découverte est source d'espoir, elle ne doit pas être tenue pour acquise. Même si les coraux eux-mêmes peuvent survivre sous un autre aspect, la grande diversité des espèces qui en dépendent sont condamnées à disparaître si les récifs déclinent.

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